DossierLes nouveaux enjeux de la logistique
3 - Les expressistes affûtent leurs armes
Les prestataires investissent, augmentent leur capacité de tri et se dotent d'outils pour affiner leurs offres. Avec, en ligne de mire, la bataille des délais et celle des tarifs.
Avec plus d'un milliard d'envois selon une étude menée par Xerfi(1), le marché du colis en France, porté par l'e-commerce, continue d'exploser. Cet institut prévoit une croissance annuelle de +5% des revenus du colis hors express et de +6% des revenus du colis express léger d'ici 2022, à la faveur de la création du marché unique numérique en Europe. Mais, pour profiter de cette manne, les expressistes doivent concilier réduction des délais de livraison et services innovants à des tarifs toujours plus bas, afin de faire face à la concurrence de nouveaux entrants comme Amazon Logistics. Outre ses cinq centres de distribution (bientôt six avec l'ouverture annoncée de celui de Bretigny-sur-Orge), le meneur de l'e-commerce compte huit agences de livraison dans notre pays, destinées au dernier kilomètre et opérées par Amazon Logistics avec des partenaires du transport.
Objectif J+1
Aussi les investissements vont bon train. Xerfi cite le hub européen de FedEx -qui poursuit l'intégration de TNT Express- à Paris-CDG, qui devrait devenir l'un des plus avancés au monde. UPS a inauguré, en juin 2018, son premier hub routier européen à Evry. "Nous avions besoin d'un outil nouveau pour supporter la croissance de l'activité, commente Gilles Depoutot, responsable communication UPS France. Le bâtiment de plus de 30000 m2 (sur un terrain de 135000m2) est l'un des plus gros hubs routiers d'Europe, avec une capacité de tri de l'ordre de 37000 colis/heure."
"Nous avions besoin d'un outil nouveau pour supporter la croissance de l'activité", Gilles Depoutot, UPS France
La Poste a décidé d'investir 450 millions d'euros dans un programme de modernisation dédié à Colissimo pour passer à la livraison à J+1. Elle ouvre de nouvelles plateformes colis, proches des lieux de production, et adapte son outil industriel au transport de colis en vrac. Et, entre 2016 et 2020, DHL injecte 150 millions d'euros dans son réseau français, pour ses sites parisiens, lyonnais et marseillais notamment. Revers de la médaille, "les opérateurs augmenteront leur prix pour financer en partie ces investissements coûteux", prédit Nicolas Le Corre, chargé d'études senior Xerfi.
Outils innovants
Les expressistes peaufinent donc leurs outils et innovent. UPS France poursuit le développement d'Access Point (ex-Relais Kiala), qui totalise environ 4000 entités en France et fait évoluer son appli My Choice pour la rendre plus pratique. GLS, qui livre par transport routier, mise sur la formation des chauffeurs-livreurs de ses partenaires de transport et sur les outils -comme l'application web GLSNavigo dont ils sont équipés- pour améliorer la qualité de service, et gagner en précision et en rapidité. "900 chauffeurs-livreurs en sont pourvus. L'objectif, en 2019, est d'en équiper au moins 2000 supplémentaires, soit 80% de la flotte en France", précise Klaus Schädle, Group Area managing director GLS.
DPD cherche à répondre aux demandes intra-européennes via son offre Predict Export, un service de livraison à domicile avec possibilité de choisir le jour et le créneau horaire. "Nous nous connectons au réseau Pickup (36000 relais en Europe) pour proposer la livraison en point relais en Europe à nos e-commerçants français", indique Raoult Courtois, chef de marché e-commerce chez DPD France. Chez Chronopost, Géraldine Devillers, chef de marché e-commerce, distribution et retail, évoque "de nouvelles préoccupations en termes de flexibilité, de personnalisation des créneaux et de respect de l'environnement, avec des créneaux de livraison d'une heure, la reprogrammation et le lancement de la livraison sur rendez-vous". Des services premium... en attendant l'arrivée des robots et des drones, qui promettent de révolutionner le secteur, mais qui restent encore, pour l'heure, à l'état de projets.
(1) "Le marché du colis à l'horizon 2022 - Généralisation du J + 1, pressions sur les prix, nouveaux entrants, investissements capacitaires : quelles perspectives pour les acteurs?", Groupe Xerfi, décembre 2018.