Le papier, support vertueux d’une consommation raisonnée

En 2025 à nouveau, le papier subit les idées reçues et la désinformation qui entourent son impact environnemental. Alors que fin 2024, dans son rapport d'évaluation de l'expérimentation Oui Pub, l’ADEME n’a pas pu démontrer que la digitalisation des prospectus diminue l’impact environnemental des campagnes, c’est au tour de Carrefour de décider en février de stopper la diffusion d’imprimés publicitaires en évoquant la lutte contre ce qu’il nomme du “gaspillage” alors même que le papier n’est pas un déchet mais un produit.

Plus que jamais le Cercle d’Alliés, rassemblement informel des acteurs des différentes filières impliquées dans la production de papier et la diffusion d’imprimés publicitaires, se voit conforté dans sa raison d’être. Sa mission étant de faire valoir l'intérêt environnemental et sociétal de ce support au service du consommateur et du commerce physique. En témoigne, la projection ce 3 février du documentaire “Une fibre vous parle”, qui réunissait l’ensemble des parties prenantes de cette industrie, notamment des annonceurs avec les enseignes CENTRAKOR et COOPERATIVE U qui utilisent le prospectus, des papetiers, sans oublier des imprimeurs et des recycleurs.

Au-delà d'être une source de revenus pour la filière forestière qui entretien et développe le couvert forestier en France - qui n’a jamais été aussi important depuis près de 150 ans, avec également une hausse du volume de bois vivant de plus de 50% depuis 1985 -, le papier est l’un des matériaux qui se recycle le mieux, jusqu’à 7 fois, et le plus, avec 76% de taux de recyclage. Il est à ce titre clé pour assurer le modèle économique de la filière recyclage et pour garantir en papier recyclé la production de tracts politiques, journaux et autres livres qui participent au pluralisme des idées et à la vitalité de notre démocratie.

Or, on observe une diminution de l’ordre de 30 à 40% du “gisement” de papier disponible pour le recyclage, du fait notamment d’une diminution de 60% de l’utilisation du papier graphique ces 20 dernières années, et également du nombre d’imprimés publicitaires depuis la crise de COVID

Ainsi, non seulement la digitalisation à outrance n'entraîne pas nécessairement une diminution de l’impact environnemental, compte tenu des ressources nécessaires (terres rares..) pour produire les infrastructures et les terminaux. Mais elle fragilise également tout un pan de l’économie nationale, source d’emplois et de ressources fiscales (TVA), en privant les enseignes d’un levier de communication local efficace, comme ont pu en témoigner les commerçants présents le 3 février. Ces mêmes retaillers qui doivent faire face en ligne à la concurrence accrue des géants chinois que sont Shein ou Temu. Des acteurs dont l’activité devrait être plus régulée (Loi fast fashion reportée au Sénat). En matière de diminution de l’impact environnemental, il y a mieux !

Pire, le tout numérique est délétère pour le développement cognitif des nouvelles générations. Dès 2018, l'Education Nationale dressait ce constat amer : la moitié des élèves de CP ont du mal à comprendre plus de la moitié d’un corpus de 20 mots aussi simples que “rire”, “clou”, “coudre” ou “orage”. 70% des collégiens ne comprennent pas les textes complexes et ne maîtrisent que les formulations les plus explicites. Quant aux lycées, ils ne sont capables de lire en moyenne que 190 mots par minutes, contre 240 dans les années 1960… Un processus que les spécialistes attribuent en partie à la prolifération des écrans et au développement d’une économie de l’attention et de l’impulsion d’achat.

Dans ce contexte, et comme les participants aux tables rondes qui ont accompagné la projection de “Une fibre vous parle”, on ne peut qu’être séduit par les vertus du papier. Un média plus que jamais écologique, instrument de culture et de consommation raisonnée.

Retrouvez ici le best-of de l’évènement « Une fibre vous parle » et l’ensemble des tables rondes