Zendis : l'e-distributeur de proximité
Hachette Distribution Services inaugure ce mois-ci un nouveau service de livraison de proximité basé sur le principe du ramassage de colis dans des points de livraison régulièrement visités par les consommateurs.
Je m'abonne
Alors que les acteurs de la vente à distance, qu'ils soient vépécistes ou
cybermarchands, cherchent toujours à améliorer leurs prestations et à étendre
leur couverture géographique, les opérateurs logistiques en place n'ont su
développer ni les compétences B to C indispensables, ni les solutions
appropriées pour gérer "le dernier mètre", dont le rapport qualité / coût est
encore mal maîtrisé. Alors, face à ce constat, Hachette Distribution Services a
annoncé début février, le lancement officiel de son projet de e-distribution,
baptisé Zendis, contraction de "zen" et de "distribution". L'objectif de cette
nouvelle structure est de fédérer autour d'une marque l'ensemble des acteurs de
la chaîne de commercialisation des produits vendus à distance, et de trouver
une solution potentiellement commune à tous les sites marchands pour la
problématique de la logistique de livraison. « Nous souhaitons créer un
standard de qualité de service pour le grand public destiné à la livraison à
distance qui soit adapté aux besoins du consommateur », déclare Frédéric Van
Heems, directeur général de Zendis. « Ce n'est pas un projet anodin pour le
groupe car Hachette Distribution Services a pris des risques financiers pour
créer Zendis, déclare Arnaud Lagardère, qui a parrainé son lancement. C'est un
projet industriel qui s'inscrit dans les valeurs du groupe Lagardère Active
Broadband et qui se situe à la frontière de la nouvelle et de l'ancienne
économie. » Avec ce projet, HDS concrétise également sa volonté de diversifier
son activité de distributeur de presse en Europe. Zendis est pour le moment
détenu à 80 % par Hachette Distribution Services et à 20 % par le management de
la société. Mais cette filiale est en fait une structure spin-off, son capital
restant ouvert à l'arrivée de nouveaux actionnaires. HDS a jusqu'ici investi 20
millions de francs, mais un second tour de table, prévu pour avril, devrait
permettre de réunir entre 70 et 100 millions de francs. De son côté, Frédéric
Van Heems estime qu'il faudra un peu moins de 200 millions de francs
d'investissement sur deux ans pour que le service soit profitable, c'est-à-dire
pas avant 2003.
3 100 points de retrait prévus
Pour
parvenir à ses fins, Zendis mise avant tout sur les PUPs (pick-up-points), afin
d'acheminer la commande des internautes sur leur trajet quotidien. « Avec notre
offre, c'est la livraison qui s'adapte au consommateur et non l'inverse,
insiste Frédéric Van Heems. Zendis est le chaînon physique qui manquait jusqu'à
maintenant à la vente à distance. » Le dispositif mis en place par HDS intègre
une partie des Relay du groupe Hachette, ainsi que d'autres partenaires, tels
que les NMPP pour la France, Naville pour la Suisse, AMP pour la Belgique et
SGEL pour l'Espagne. A chaque fois, le groupe Hachette détient une part
majoritaire de ces services de messagerie. « Nous sommes également en
discussion avec des partenaires autres que les messageries, mais rien n'est
signé pour le moment », confie Frédéric Van Heems. Sur les 3 100 points de
retrait de colis prévus dans l'Hexagone, 80 % devraient être des points presse,
les 20 % restants étant encore à définir. En Belgique, 360 appartenant au
réseau AMP seront utilisés et 100 lieux de retrait sont prévus en Suisse.
L'organisation imaginée par Zendis laisse néanmoins entrevoir un certain nombre
de complications, car il faut bien reconnaître qu'elle est quelque peu
complexe. Les points de retrait retenus doivent, par exemple, disposer d'un
espace de stockage minimum nécessaire de un mètre carré pouvant accueillir une
vingtaine de colis, et être ouverts sur des tranches de 10 à 12 heures. Quand
on voit la faible surface aujourd'hui disponible dans ces points de vente, on
est en droit de se montrer sceptique sur le soin que certains d'entre eux
apporteront à l'entreposage des colis... Les commandes passeront par des
centres d'éclatement pour être ensuite acheminées soit par les camions de
livraison de la presse, soit par des véhicules d'un partenaire transporteur. La
rémunération des points de retrait se fera au nombre de colis traités : 3
francs HT par colis en flux aller et 1 franc HT en flux retour. HDS insiste sur
le fait que cette activité sera tout bénéfice pour le point de vente,
puisqu'elle devrait générer plus de trafic et donc un chiffre d'affaires
supplémentaire, tout en soignant son image de commerce de proximité vis-à-vis
de sa clientèle. Début février, date de la présentation de Zendis, aucun
contrat n'avait encore été signé avec des sites marchands, mais Frédéric Van
Heems déclarait être en discussion avancée avec une trentaine. Pour profiter de
ce service, le consommateur devra payer 39 francs par colis, un prix qui sera
néanmoins négocié avec chaque site en fonction du volume de commandes
enregistré. Zendis table sur le traitement de 10 000 colis par jour début 2002,
et 40 000 en 2003.