Vous avez dit transparence ?
Une étude portant sur 100 sites de commerce électronique français révèle que 55 % d'entre eux ne sont même pas déclarés à la Cnil, qui ne semble pas s'en émouvoir outre mesure.
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Les acteurs du e-commerce en France ont bon dos de pester contre la
frilosité des internautes français dès qu'il s'agit de passer commande en
ligne. Car, au regard des résultats de l'étude qu'a menée la Cnil, au mois
d'avril, sur 100 sites français, sélectionnés en fonction de l'importance du
trafic généré ou de la notoriété de la marque, la première réflexion qui vient
à l'esprit, c'est de se dire que tout ce petit monde baigne dans une ambiance
joyeusement hypocrite. Comment voulez-vous instaurer la confiance dans l'esprit
des consommateurs quand plus de la moitié des sites de commerce électronique
(55 %) avouent ne pas s'être déclarés à la Cnil, au mépris de la loi du 6
janvier 1978, qui stipule que cette déclaration est obligatoire pour tous ceux
qui constituent des fichiers de données nominatives, c'est-à-dire à peu près
tout le monde, sous peine de trois ans d'emprisonnement ? Le plus regrettable
dans l'histoire, c'est que la Cnil ne semble pas s'alarmer plus que cela de
l'énormité de ce chiffre, et se contente, selon ses propres dires, « d'envoyer
une bonne vieille lettre invitant officiellement les mauvais élèves à se plier
à la loi ». Parmi les autres manquements les plus significatifs, notons que 40
% des sites interrogés n'indiquent pas clairement l'adresse du responsable du
site, privant ainsi l'internaute d'un recours rapide en cas de problème, et que
81 % d'entre eux ne dispensent aucune information sur l'usage qu'il peut être
fait des cookies. Au rayon des bonnes nouvelles, puisqu'il y en a malgré tout,
on apprend que 96 % des sites audités sécurisent la transmission des
coordonnées bancaires, et que 70 % donnent des informations sur le procédé de
sécurisation utilisé. 97 % indiquent d'autre part céder les informations
collectées à des tiers (partenaires commerciaux ou filiales) tout en informant
les internautes de leur droit de s'y opposer. Dans un cas sur deux, ce droit
s'exerce en ligne grâce à une case à cocher. Enfin, et c'est bien là que se
situe le paradoxe, 69 % des sites comportent une information sur la loi
Informatique et libertés. Quoi qu'il en soit, cette étude révèle que la
transparence est loin d'être la première vertu des sites français, et qu'il
serait temps de mettre en place des mesures coercitives pour rappeler à l'ordre
les plus laxistes. Aux Etats-Unis, où les instances se montrent beaucoup moins
conciliantes, les sites sont mis à rude épreuve. Parlez-en aux gens de
Doubleclic...