Un précurseur original devenu poids lourd national
Bien que les prévisions d'accroissement des ventes via Internet tablent sur des recettes marginales, l'e-commerce reste un axe incontournable pour Le Printemps. En témoigne le récent lancement de sa filiale dédiée, dont la vocation est de développer les activités en ligne de l'enseigne.
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«L'e-commerce n'est pas la panacée des grands groupes de distribution,
toutefois, les ventes générées par ce nouveau canal représenteront près de 5 %
du CA global d'ici 2005 », lance Bruno Teboul, directeur du pôle Internet du
Printemps. Le ton n'est pas enthousiaste, mais la filiale de PPR aborde
l'Internet avec une bonne dose de pragmatisme. Lorsqu'une prise de position sur
le Web s'est imposée, Le Printemps n'a pas tergiversé pour afficher ses
ambitions et, bien que l'axe e-commerce ne soit pas considéré comme vecteur de
développement additionnel de l'activité du groupe, il reste néanmoins un canal
de distribution non négligeable. Dès juin 1998, Le Printemps s'est positionné
en ligne par le biais d'un premier site vitrine : printemps.fr. La démarche
s'est poursuivie, six mois plus tard, avec le lancement de la première boutique
marchande pour Noël, puis avec l'ouverture, en janvier 1999, d'un site marchand
dédié aux futurs mariés et baptisé laboutiqueblanche.fr. Mais Le Printemps
mise également sur le Net pour véhiculer à travers le monde une image moderne,
voire innovante. Selon cette logique, le projet Web Camers, initié en mars 1999
et consistant à faire découvrir en temps réel les articles de mode du magasin
grâce à des conseillers équipés de webcams qui circulent dans les rayons en
rollers, lui a permis d'accentuer son image auprès d'une nouvelle cible, celle
des internautes, plus jeune et féminine. Le shopping interactif contribue au
développement de la stratégie "click & mortar" de l'enseigne en France et à
l'étranger. Aujourd'hui, 1,5 million de références sont disponibles à l'achat
en temps réel via la ligne de chat de webcamer.com, site très apprécié de la
clientèle asiatique et nord-américaine. En termes de fréquentation, ce canal
représente une centaine de contacts par jour pour un taux de transformation de
10 % et un panier moyen situé entre 700 et 1 000 francs. « Rien d'astronomique,
mais ce projet nous permet surtout de véhiculer l'image du Printemps », indique
Bruno Teboul.
Une filiale e-commerce dédiée
Bien
qu'innovantes, ces premières initiatives en ligne relevaient d'une démarche
plutôt artisanale. En accord avec la stratégie internet du groupe PPR, France
Printemps passe à la vitesse industrielle et lance, en décembre 2000, sa
filiale e-commerce dont l'objectif est d'exploiter, de gérer et de développer
l'ensemble des sites du Printemps. Le cahier des charges prévoit plusieurs
étapes clés, la première visant la refonte intégrale des trois sites existants
et celle des systèmes d'information afin d'aboutir, d'ici à novembre 2001, à
une véritable plate-forme de commerce électronique. Printemps.fr, muté en
printemps.com, devrait assumer l'ouverture à l'international et proposer
prochainement sa version anglaise. Tel un portail vertical, il fédèrera
plusieurs univers, dont un site institutionnel, consacré à l'événementiel et à
l'actualité du magasin, et un site transactionnel. Reflet du magasin parisien,
ce dernier devrait s'étoffer de plusieurs catégories de produits, dont les
"Best" et les produits dits "d'image". Bref, la boutique en ligne s'inscrira
dans le respect de la politique du magasin physique avec, en plus, un axe de
développement d'outils de CRM destinés à soutenir les activités en ligne (web
call center, outils de personnalisation, e-mailing...). Bien que l'offre du
Printemps ne puisse être recréée intégralement, le magasin physique devrait
être une caisse de résonance pour l'offre en ligne. Les arts de la table, les
bijoux, les produits de décoration et les idées cadeaux trouveront leur place à
côté d'objets n'ayant pas encore une représentation légitime sur le Web
hexagonal. « Nous intégrerons les univers où nous sommes déjà leader, comme
c'est le cas pour la liste de mariage, le marché de la beauté ou de la
parfumerie », explique Bruno Teboul. Afin de s'assurer la capture de ce créneau
inoccupé, printemps.com capitalise sur son appartenance au groupe PPR,
détenteur d'un pôle luxe, et sur une stratégie spécifique visant à obtenir, de
la part des marques, des accords contractuels de vente sur Internet.
France Printemps
30 magasins dont 17 en propre, 9 affiliés et 4 à l'international (Asie et Moyen-Orient). Lancement du 1er site internet, printemps.fr : juin 1998. Première boutique e-commerce Noël : décembre 1998. Lancement du site boutiqueblanche.com : janvier 1999. Lancement du site webcamers.com : mars 1999. Lancement de la filiale Printemps.com SA et du site éponyme : décembre 2000. Prévisionnel de vente en pourcentage du CA global du groupe : 3 à 5 % d'ici 2004/2005.