To Luna donne la parole aux consommateurs
Le site propose aux cyber-acheteurs une tribune pour donner leur avis sur les produits et services de leur vie quotidienne.
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A l'heure où la nouvelle économie en général et le commerce électronique en
particulier tendent à redonner le pouvoir aux consommateurs, les initiatives
qui leur offrent l'opportunité de s'unir pour former une puissante force de
persuasion face aux fabricants ne cessent de fleurir sur le Net. Parmi les
dernières en date, To Luna, une jeune société créée par une non moins jeune
femme de 28 ans, Thuyly Lê, qui veut fédérer une nouvelle communauté de
consommateurs. « L'idée part du principe que les consommateurs ne se retrouvent
plus seuls dans leur problématique d'achat, détaille la fondatrice et
dirigeante du site. Toluna.com a pour vocation de conseiller les internautes et
de leur permettre d'échanger des informations sur leur mode de consommation. »
Pour cela, le site compte, d'une part, un espace "infos" composé des fiches
produits régulièrement mises à jour et, d'autre part, un espace forum sur
lequel chacun peut poser des questions et émettre des idées sur des sujets
aussi divers que l'automobile, l'habitation, l'informatique, l'alimentation,
etc. Enfin, un troisième espace propose des produits et des services à
tester.
Une neutralité revendiquée
Face à ce modèle
de site de consommation, on ne peut s'empêcher de s'interroger sur la
neutralité du site vis-à-vis des fabricants. « Nous nous voulons résolument
indépendants, insiste Thuyly Lê. D'ailleurs, nous allons privilégier les liens
vers les sites de distributeurs et les sites comparatifs davantage que vers les
sites des grandes marques. » Est-ce à dire que tous les commentaires, aussi
objectifs soient-ils seront autorisés sur le site ? « Pour peu qu'un avis soit
pertinent et motivé, il demeurera en ligne, déclare la fondatrice du site.
J'irais même jusqu'à dire que si le fabricant prend peur, nous aurons gagné
notre pari. A l'inverse, il apparaît évident que certains avis ne manqueront
pas d'en servir quelques-uns. » Afin d'éviter toute polémique stérile,
l'équipe de To Luna se réserve le droit de sélectionner les avis les plus
pertinents, car le site ne doit pas servir de défouloir pour les provocateurs.
« Il n'est pas question de dire du mal d'une marque sans parler de l'un de ses
produits », insiste Thuyly Lê. A cette première sélection s'ajoutent les
traditionnels filtres automatiques définis par mot clés ou par un vote de la
communauté. Chacun vote pour la pertinence des autres avis, lesquels reçoivent
1, 2, 3, 4 ou 5 étoiles. A chaque gain d'une étoile, le consommateur se voit
créditer de "lunies", qui ne sont rien d'autre que des points de fidélité
donnant accès à des cadeaux allant du simple tee-shirt au week-end de détente.
Néanmoins, le caractère philanthropique de la communauté a évidemment un revers
mercantile. A terme, To Luna entend bien se tourner vers les marques et les
distributeurs pour leur vendre des études comportementales analysant les
habitudes de consommation de ses membres. Reste à savoir si la société en aura
l'autorisation légale. Hébergé par l'Incubateur, créé par Défi Start-up, To
Luna finalise une première levée de fonds d'environ 6 millions de francs auprès
d'investisseurs français et étrangers, qui devrait lui permettre de décliner
son concept au Benelux, en Espagne et en Italie dans le courant de l'année. Un
développement qui le mettra en concurrence directe avec ciao.com, un site
d'origine allemande, créé en août 99 sur le même modèle, et qui compte déjà une
base de données de 250 000 avis de consommateurs outre-Rhin. La version
française du site (www.ciao.fr) a été lancée en février dernier, et le site
vient de bouclé un second tour de table à 20 millions d'euros avec Index
Venture et Apax Europe IV.
Aux Etats-Unis, GoRefer.com veut transformer les consommateurs en délateurs
La start-up new-yorkaise GoRefer.com développe un concept encore relativement peu exploité : le Consumer to Business. Le site propose en effet aux internautes de les rémunérer (entre 2 et 25 dollars) à chaque fois que ceux-ci révèlent des informations sur les intentions d'achat de leurs proches ou collègues de bureau. Le site revend ensuite les informations à des entreprises partenaires qui ont en outre payé leur référencement. La proposition est d'autant plus alléchante que le prescripteur profite du développement du réseau, puisqu'il continue d'être rémunéré chaque fois que ses "filleuls" recommandent à leur tour d'autres prospects. La version définitive du site devrait être dévoilée d'ici quelques semaines. (En collaboration avec TrendSpotting)