Resident of the world, le réseau social politique
Inaugurée en juin 2011, cette plateforme communautaire consacrée à la politique poursuit un but ambitieux: ouvrir des débats et élire un président du monde.
Je m'abonneÀ en croire bon nombre d'analystes, les Français n'auraient plus foi en la politique et en ses représentants. Aristote assurait pourtant il y a plus de deux mille ans: «L'homme est par nature un animal politique. » Philippe Darwiche, s'est emparé de ce créneau en créant Resident of the world, le premier réseau social entièrement consacré à ce domaine. L'idée lui vient de Jacques Attali, qui plaide pour la création d'un gouvernement mondial. «Il manquait un réseau social consacré à la politique. Avec Resident of the world, l'idée est d'élire un président pour le monde», explique Philippe Darwiche.
Le site est un lieu de rencontre où les internautes peuvent échanger leurs idées, débattre et poser leur candidature. Resident of the World a sa propre constitution, établie progressivement par les utilisateurs du site. Pour y participer, il suffit d'être inscrit dans un club et de proposer des lois au leader du club. Celui-ci les valide ou non, puis les soumet au vote des autres résidents. Séduisante, l'idée peut néanmoins paraître utopiste. En effet, comment créer le débat sans risquer les dérives idéologiques? La réponse est simple: en ayant recours à des administrateurs. «La modération est le coeur de nos préoccupations, insiste Philippe Darwiche. Les administrateurs sont chargés de faire respecter une charte de bonne conduite.» Ainsi, les propos dégradants, racistes, diffamants ou à caractère pornographique sont évidemment bannis du site. Tout comme leurs instigateurs. Mais pour que le fonctionnement demeure démocratique, les propos tendancieux sont d'abord soumis à un vote des modérateurs. Si 67 % d'entre eux votent contre, les propos sont alors retirés. A terme, l'objectif est que Resident of the world s'autogère, sans l'intervention de modérateurs. C'est le pari fait par le fondateur du site.
@ Fotolia /Ilolab
Président du monde: une fonction rémunérée
Afin de pouvoir présenter sa candidature au poste de président, il convient de respecter un certain nombre de règles. Ouverte à tous, cette fonction est soumise à des restrictions, la première étant une réélection tous les deux mois. Pour tenter d'être élu, le candidat doit s'inscrire sur une liste prévue à cet effet, puis ce sont les membres du réseau qui votent en sa faveur ou en sa défaveur.
Par ailleurs, le candidat doit soutenir une ONG de son choix. S'il est choisi, il reçoit 100 dollars par mois en guise de salaire et l'équivalent est versé à l'ONG qu'il aura sélectionnée. Si la somme peut paraître dérisoire pour un occidental, il en va tout autrement pour un internaute domicilié en Inde, par exemple. «En outre, il touche un tiers de la recette générée par l'encart publicitaire intégré à chaque page du site», précise Philippe Darwiche. Autant dire que sur le réseau, le montant du salaire du président du monde peut rapidement devenir important.
Mais ce n'est pas le seul ressort financier du site. Un système de sondages a été créé. Ainsi, une fois le site bien établi, des sociétés d'études pourront avoir recours au vivier de sondés qualifiés que constituent les membres du site. Pour l'heure, Resident of the world compte 3 700 membres, mais son fondateur espère en réunir 50 000 d'ici à la fin de l'année. Il compte ainsi donner toujours plus de moyens financiers au président du monde. Pour un jour, peut-être, organiser une conférence mondiale et lui permettre de s'adresser publiquement, dans le monde réel, à ses cyberélecteurs.