Question de confiance
Il fut un temps, actualité du moment oblige, où l'on évoquait les
"euro-sceptiques", compte tenu de l'attitude des Français vis-à-vis de la
monnaie unique. Peut-être, aujourd'hui, pourrait-on inventer un néologisme de
plus avec les "e-sceptiques". Car, malgré tous les chiffres sur la progression
attendue du commerce électronique, qui devraient logiquement entraîner un
sentiment d'optimisme général, un vaste malaise persiste. Que tout lecteur aura
immédiatement deviné, à savoir celui lié au paiement en ligne. Pour confirmer
ce qui pourrait, après tout, n'être qu'un sentiment, qu'une impression, deux
études viennent de révéler non seulement la gravité du problème, mais aussi son
étendue. Tout d'abord celle de Cofremca Sociovision, deuxième du nom sur les
Français et l'achat à distance, réalisée à l'occasion des 4e Rendez-vous de la
VAD et du MD de Lille de septembre dernier. Où l'on voit que le frein majeur
lié au paiement par carte touche, de manière consensuelle, tous les types de
Français, quels que soient leur sexe, âge, revenu ou pratique de la VAD. Une
quasi-"question de société", estime même l'institut. La seconde est celle menée
récemment par Dia-Mart et joliment intitulée "Paiement en ligne : fantasmes et
réponses marketing" (voir p. 18). Qui montre que pour 64 % des internautes, le
premier frein à l'achat est le paiement en ligne. Alors que faire ? On le sait,
et l'on peut encore en trouver de nouveaux exemples dans ce numéro, des
solutions technologiques, toujours plus affûtées et "sécurisantes", ne cessent
de se développer. Mais pour l'internaute, et surtout pour le Français en
général, en appréhender le mécanisme et le bien-fondé relève de l'exploit
intellectuel. Et si la technologie est nécessaire, elle est bien loin d'être
suffisante. Car le mal est surtout "dans les têtes", comme le confirment les
deux études. Aux sites marchands, essentiellement B to C, de déployer désormais
des politiques marketing et communication prenant en compte ce phénomène. Et
son ampleur. Gagner la confiance des Français doit désormais faire partie de
leurs priorités. C'est peut-être même la première d'entre elles, si l'on veut
que les prévisions se transforment réalités.