Pour être vu sur le Net, il faut désormais payer
La soumission payante est la tendance lourde du moment en matière de référencement. Annuaires et moteurs de recherche ont mis au point des offres pour accélérer la mise en ligne contre paiement ou proposer des liens sponsorisés. Et l'étape suivante, le positionnement payant, a déjà commencé.
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Ralph Nader n'est pas content. Ce défenseur des consommateurs
d'outre-Atlantique n'apprécie pas que les annuaires comme Yahoo ou les moteurs
comme Google proposent aux annonceurs de payer pour figurer en bonne position
dans les pages de résultats, ce qui remettrait en cause l'égalité des sites
devant les internautes. Ce à quoi les concepteurs d'outils de recherche
rétorquent qu'ils ne garantissent aucun positionnement, mais un délai raccourci
pour la prise en compte des soumissions de sites. Actuellement, l'attente entre
la soumission et l'indexation peut atteindre plusieurs semaines, voire
plusieurs mois. Avec les offres payantes, les sites apparaissent en quelques
jours dans les pages de résultats. C'est pourquoi chez Yahoo, Voila ou Lycos,
on préfère parler de "soumission" et non de "référencement" payant. Pionnier de
cette tendance, Yahoo US a lancé Yahoo Express en février 2000. Cette offre
payante garantit le traitement de la demande d'indexation en sept jours ouvrés.
Elle fut d'abord optionnelle, et ne touchait que la catégorie "commerce et
économie", dans laquelle on trouve la plupart des grandes sociétés. Puis elle
s'est étendue à toutes les autres. La troisième et dernière étape en date mise
en place par le portail américain, fait que seuls les sites acceptant de payer
sont indexés dans cette catégorie phare. « Cela permet d'être certain que les
entreprises qui se référencent ont une activité commerciale, argumente Clotilde
de Mersan, responsable Business Development chez Yahoo France. A contrario,
nous évitons aux petits sites non professionnels d'être noyés au milieu des
grands comptes. Et puis, il ne faut pas oublier que ce sont les professionnels
eux-mêmes qui ont réclamé ce type d'offre. Ils sont prêts à payer pour être
présents sur Yahoo. En France, les webmasters nous disent que notre annuaire
leur procure 30 % de leur trafic. » Sur le marché français, c'est Nomade qui a
dégainé le premier, avec une offre de soumission payante à 99 euros par an.
Suivi de Wanadoo avec Soumission Express (169 euros HT). Lycos va bientôt
lancer sa proposition en trois volets (Express, Premium et Premium plus à 99,
149 et 199 euros HT). Quant à la version française de Yahoo Express, elle
devrait être proposée ce mois-ci au prix de 250 euros HT (500 pour les sites
adultes), pour la seule catégorie "commerce et économie". « Les sites reçoivent
une réponse, positive ou négative, sous sept jours. Puis, la base de données
est mise à jour en quarante-huit heures. En cas de refus, on en donne la raison
et le webmaster a trente jours supplémentaires pour rectifier et refaire une
soumission, détaille Clotilde de Mersan. Nous sommes conscients que notre tarif
est plus élevé que le prix du marché. Nous ne l'avons pas fixé en fonction de
la concurrence, mais en référence aux annuaires professionnels, on et off line,
comme les Pages Jaunes. D'ailleurs, le jaune est le code couleur qui a été
retenu pour présenter les sites sponsors de la catégorie. » Chez Lycos, la
soumission payante est également à l'ordre du jour. Moteur de recherche
développé en 1994 à l'université américaine Carnegie Mellon, Lycos est
aujourd'hui un hybride d'annuaire (cinq surfeurs s'occupent des cent mille
sites de la base) et de moteur. « Nous préférons avoir moins de sites, mais
tous à jour, avec des commentaires intéressants, plutôt que soixante pages de
résultats peu adéquats. Nous mélangeons les réponses issues d'un mix entre une
technologie propriétaire qui a fait ses preuves et la pertinence de la critique
humaine », revendique Arnaud Jonglez, services manager. Le moteur HotBot est,
quant à lui, centré sur les requêtes plus pointues. En souscrivant à l'offre de
soumission payante de Lycos, le site a la garantie d'être examiné par un
surfeur dans les cinq jours et de recevoir une réponse dans les quatorze jours.
L'offre Premium permet d'avoir cent caractères au lieu de quatre-vingt. Premium
Plus offre deux cent caractères, des majuscules et un texte surligné. Ces
contrats annuels ont été préparés depuis six mois déjà au niveau européen.
Lycos dit avoir reçu des demandes de clients et de prestataires pour ce type
d'accélération de l'indexation. « Nous avons eu beaucoup de sollicitations de
clients et de prestataires spécialisés en référencement, particulièrement en ce
qui concerne les possibilités de package », confirme Arnaud Jonglez. Un second
produit, Web Index, va être lancé au tarif de 38 euros par an pour une URL,
auxquels s'ajoutent 19 euros par adresse supplémentaire. Il garantit qu'un
sniffeur (robot qui scrute les sites) sera envoyé dans les 72 heures, et qu'il
effectuera des passages quotidiens pour la mise à jour. Le groupe espère
générer 10 à 20 % de son chiffre d'affaires avec ces nouvelles offres.
Démarrer en pole position
Chez Wanadoo, dont la filiale
Wanadoo Portail regroupe les portails et annuaires Voila.fr et Wanadoo.fr (70
000 sites dans la base), l'offre payante s'appelle Soumission Express. La
demande d'indexation est prise en compte en 48 heures et une réponse arrive
sous sept jours ouvrés, pour un coût de 169 euros HT (1), payable en ligne par
carte bancaire. « Les clients nous interrogent depuis des mois sur un moyen
d'être indexés plus rapidement. Ils sont prêts à payer pour que leur demande
soit prise en compte plus vite », déclare David Couchon, responsable des
services payants. Mis en activité le 19 septembre, cette offre a déjà attiré
plusieurs marques. « Nous allons maintenir une possibilité de soumission
gratuite, mais les sites qui payent seront traités en priorité », avoue David
Couchon. Cette nouvelle donne n'est pas pour déplaire aux prestataires
spécialisés dans le référencement. D'après David Couchon, ils auraient
d'ailleurs poussé dans ce sens : « Auparavant, ils vendaient une prestation à
leurs clients sans pouvoir en garantir le résultat. De notre côté, nous
préparons une offre spéciale à leur intention, avec une remise suivant la
quantité de sites proposés », détaille-t-il. S'il n'évoque aucun objectif
précis pour ce service, David Couchon estime néanmoins qu'en 2002, tous les
annuaires offriront ce genre de prestation. Mais Wanadoo est déjà passé à
l'étape suivante, le positionnement payant, avec son offre Pole Positions. La
régie de Wanadoo propose aux annonceurs d'acheter la première ou la deuxième
place dans les listes de réponses du moteur Voila (qui alimente Wanadoo.fr et
Voila.fr). Les sociétés intéressées doivent fournir le titre du site, un
descriptif de deux cents caractères maximum et l'URL. Les tarifs varient entre
275 et 610 euros HT par mois en fonction du volume de requêtes, ou entre 91 et
107 euros selon la place, si on opte pour la formule CPM (coût pour mille,
au-dessus de 5 500 requêtes par mois). « Nous essayons de respecter la
déontologie, mais nous devons rentabiliser nos outils. Ces résultats sont bien
identifiés comme des publicités, avec un fond jaune et la mention "sponsor" »,
argumente François-Xavier Hussherr, directeur adjoint du pôle business chez
Wanadoo. Pole Positions a été lancé fin septembre et reçoit déjà un accueil
favorable selon Wanadoo. Le taux de transformation multiplié par trois n'y est
sans doute pas étranger. Une offre destinée aux professionnels est aussi à
l'étude. François-Xavier Hussherr est persuadé que « tout le monde va suivre »
et attend plusieurs millions de francs de revenus de cette offre de
positionnement payant. « Internet est passé d'une économie gratuite à un modèle
payant. C'est celui qui est utilisé par les annuaires du off line, et personne
ne le trouve aberrant », conclut-il. (1) tarif de lancement jusqu'au 31
décembre 2001
Pour tout savoir sur le référencement : un site, un livre et une association
Pour s'initier au référencement, il existe plusieurs moyens on et off line. Sur le Web, on peut consulter le site www.promo-web.org. Pédagogique, il est constitué de fiches bien documentées qui passent en revue les principales problématiques de cette technique : sites dynamiques, soumission payante, prestataires, etc. L'ergonomie est simple et les explications accessibles au profane. Pour ceux qui voudraient approfondir encore plus le sujet, le livre de Jean-Pierre Eskenazi, fondateur de NetBooster et pionnier du secteur en France, est un must. Référencement ou comment se rendre visible sur Internet (44 euros, chez Webedition). Enfin, certains prestataires ont fondé l'IPEA (Internet Positioning European Association), association de loi 1901 destinée à mettre en oeuvre une éthique professionnelle, impliquant à la fois les sites web et les outils de recherche. Sur le site www.ipea.com, on trouve une charte de déontologie et diverses informations, dont les coordonnées des membres.