Pas morte, l'innovation
"La rentabilité ou la mort", "Cette année ou jamais", "Seuls les sites
rentables survivront"... Comme elle semble déjà loin la douce euphorie dans
laquelle baignait, il y a peu encore, la Net Economie. Les discours réalistes,
sinon alarmistes, ont pris le pas sur l'enthousiasme débridé des débuts. Le ton
s'est durci. Les fonds sont plus difficiles à trouver. La notion de retour sur
investissement a pris la place de celle d'investissements, quand il ne
s'agissait pas purement de dépenses. Douloureuse sans doute, l'année 2000 aura
eu le grand mérite de montrer que, dans ses fondamentaux, la "nouvelle"
économie n'avait finalement pas grand chose de différent de l'"ancienne", si ce
n'est la nature de ses supports et la génération d'un nouveau type de relation
avec le client-consommateur. Et peut-être que 2001 verra la disparition de
"nouvelle", cet adjectif si galvaudé et parfois vide de sens. Pour retrouver,
tout simplement, "économie". Mais ne rêvons pas trop. Ou pas trop vite. En tout
cas, si les discours et les actes, qu'ils émanent des créateurs de sites, des
patrons d'incubateurs..., se font plus rationnels, on constatera que, même
freinée, l'innovation, autre que technologique, est encore loin d'être absente
de l'actualité. Et heureusement. Ce numéro, une fois de plus, fourmille
d'exemples de nouveaux concepts, de nouveaux services... Qu'ils soient destinés
à des cibles grand public, aussi larges que peuvent l'être celles des femmes,
des sportifs, des salariés de PME..., ou bien plus circonscrites, aux fans de
jeux vidéo, par exemple. Ou encore au secteur du business to business, sur
lequel on n'a pas fini de voir naître des initiatives de toutes tailles. Ou
même encore mixtes, s'adressant à la fois aux particuliers et aux entreprises.
Statistiquement et "naturellement", un nombre certains de ces initiatives
n'iront pas jusqu'au bout des ambitions de leurs créateurs. Rien d'étonnant,
même si on peut, comme toujours, regretter la disparition d'innovations
apparemment pertinentes. On sait que, en moyenne, entre cinq et sept lancements
de nouveaux produits sur dix en grande consommation seront des échecs. Que les
nouvelles entreprises traditionnelles connaissent elles aussi un taux de
mortalité élevé. Des lois avec lesquelles la Net Economie devra apprendre à
vivre. Avec cependant, pour les sites marchands, un atout dans leur manche : le
développement d'outils marketing et technologiques propres, encore nettement
sous-utilisés, mais dont la capacité à conquérir ou fidéliser est réelle. Et
qui se mettront au service de l'innovation conceptuelle.