Ou comment associer une marque émergente à une valeur sûre
En exploitant le capital sympathie éprouvé du scoutisme, l'annuaire professionnel Scoot a certes frôlé le cliché, mais a gagné son premier pari : s'attirer la sympathie du grand public... Hormis naturellement celle de l'association des Scouts de France qui n'a toujours pas digéré l'appropriation arbitraire de son image.
Je m'abonneA PROPOS DE SCOOT
Filiale de Vivendi Universal
Net, Scoot est un annuaire électronique international et intelligent dont la
particularité consiste à référencer les professionnels non pas sur la base de
critères nominatifs, mais selon une approche calquée sur les réflexes de
consommation les plus usités. Multiaccès (téléphone, Wap, Web, Palm et
prochainement télé interactive) et consultable gratuitement 7 jours sur 7 et 24
heures sur 24, le service de mise en relation directe entre consommateurs et
professionnels repose sur deux plates-formes d'aiguillage : un site web conçu
comme un moteur de recherche multicritère, et un call center de cent
télé-opérateurs, joignable via le 32 00, à partir de tous les réseaux de
téléphonie mo-bile. Lancé en Grande-Bretagne dès 1995, la société s'est
rapidement déployée aux Pays-Bas puis en Belgique et en Hollande. L'année
dernière, Scoot a investi le marché français, soutenue par trois partenaires
majeurs. En s'appuyant sur les réseaux commerciaux et les points de vente de
SFR et Comareg, Scoot a obtenu un soutien d'envergure pour la rapide
démocratisation de son offre auprès des professionnels alors que Cegetel lui
apporte le savoir-faire nécessaire pour assurer la montée en charge des appels
entrants. Pour se démarquer des annuaires traditionnels, tels que le 12 ou les
Pages Jaunes, Scoot a misé sur deux axes stratégiques prioritaires : un modèle
d'annuaire "futé", capable de répondre à tous les types de demandes
personnalisées, de la plus simple à la plus complexe, et dont les options de
recherche correspondent aux réflexes habituels des consommateurs. Et, côté
professionnels, un principe de référencement indexé sur les caractéristiques du
commerçant, une visibilité sur tous les supports d'accès, et, sur le site
Scoot.com, une page "vitrine" associée à un service de géolocalisation. Pour
se rémunérer, Scoot exploite trois sources de revenus réparties entre
professionnels et consommateurs. Les cotisations annuelles versées par les
commerçants référencés (entre 1 990 et 3 990 F), les paiements à la mise en
relation réalisée via Scoot (entre 5 et 25 F) et la rémunération sur les appels
entrants des consommateurs. En ce sens, la société se définit, selon les
cibles, à la fois comme un apporteur d'affaires et comme un fournisseurs de
services grand public. Pour s'imposer en leader sur le marché européen, Scoot
vise deux principaux objectifs : assurer l'exhaustivité et la pertinence de son
offre en poursuivant sans relâche l'enrichissement et la qualification de sa
base d'abonnés en vue d'atteindre 50 000 professionnels qualifiés à l'horizon
2002 et 125 000 d'ici 2003. En parallèle, la société procède au clonage de son
modèle économique sur l'ensemble des pays européens. Les prochaines
implantations annoncées devraient toucher l'Italie, l'Espagne et l'Allemagne,
puis la Suisse, la Suède, la Norvège et le Portugal.
PLAN MÉDIAS
La première vague de communication de Scoot s'est déroulée
entre le mois de mars et le mois d'avril dernier et a été déclinée sur
l'ensemble des supports médias à forte visibilité (presse, TV, affichage).
L'apogée de cette première vague a été atteinte, le 21 mars, dans le quotidien
Libération. Entièrement teinté de mauve, la référence chromatique de la marque
Scoot, le journal s'illustrait de nombreux encarts publicitaires sur les pages
à plus forte visibilité dont un "rez-de-chaussée" à la Une, une double page
centrale, une quatrième de couverture, une pleine page, plus trois encarts
représentant une surface de 1/6e de page chacun pour un budget avoisinant 1,50
MF. Parallèlement, entre le 20 et le 30 mars, une campagne d'affichage
nationale paradait à la fois sur les panneaux externes, les réseaux de métro et
les faces arrière de bus. Relayée par une vague de spots télé de trente
secondes, la croisade de notoriété s'est poursuivie, du 30 mars au 15 avril,
sur l'ensemble des chaînes hertziennes et sur dix chaînes câblées. Dans le but
d'atteindre, en huit mois, un taux de notoriété assistée de 50 %, le pilonnage
publicitaire devrait se poursuivre, par vagues régulières, jusqu'à la fin de
l'année 2001.
OBJECTIF DE LA CAMPAGNE : CRÉER UNE MARQUE RÉFLEXE
En se positionnant sur le secteur des annuaires de
référencement des professionnels, champ historiquement occupé par le dinosaure
national Pages Jaunes, Scoot devait installer sa marque mais aussi trouver les
moyens d'expliquer clairement ses avantages concurrentiels. Le but recherché,
faire de Scoot un service populaire au vrai sens du terme, contraignait la
campagne à remplir trois principaux objectifs : asseoir fortement la notoriété
de la marque au niveau national, éduquer les consommateurs et les
professionnels aux spécificités de son service, et imprimer le numéro d'accès
32 00 dans la mémoire des consommateurs. Pour remporter ce challenge, la
campagne a emprunté les voies du matraquage multimédia intensif en se
concentrant principalement sur les supports off line à forte visibilité. « Les
deux o de notre marque faisant naturellement référence à la dimension Internet,
nous avons volontairement omis l'adresse internet de notre site sur tous les
supports de la campagne et avons recentré les messages publicitaires autour de
notre mode d'accès par téléphone », indique Jean Laurent Poitevin, directeur
marketing et communication de scoot.com. Hiérarchisée en fonction des
spécificités de chacun des supports publicitaires, la saga a misé sur
l'affichage pour l'émergence de la marque, et le spot télé pour l'aspect
pédagogique de la campagne.
AXE CRÉATIF
Réalisée par
l'agence FCB Net Brand, la campagne Scoot a été cadrée sur le plan de l'humour,
registre très exploité par les marques émergentes en quête de notoriété.
L'accroche publicitaire a délibérément fait levier sur la sympathie notoire des
Scouts, toujours prêts à rendre service, rituellement impliqués dans des
actions d'intérêt public et avec qui Scoot déclare partager les mêmes valeurs.
Message à faire passer : la compétence de Scoot commence là où s'arrête celle
des Scouts, clairement exprimé au fil des cinq spots publicitaires où les
Scouts eux mêmes, face à des requêtes trop pointues, finissent toujours par
s'en remettre à Scoot en justifiant leur incapacité par le fatidique message
conclusif : "Nous ne sommes pas Scoot". Le choix de cette option a permis à la
marque de faire d'une pierre deux coups : en reprenant la devise du scoutisme
pour en faire son propre slogan publicitaire, "Scoot toujours prêt", elle a non
seulement véhiculé les notions de sympathie, de proximité et de disponibilité à
tout instant, mais elle a également eu l'occasion de communiquer, dès son
lancement, sur la correcte prononciation de son nom de marque.
RÉSULTATS
Actuellement le site web et le centre
d'appels connaissent une montée en charge des connexions et appels entrants
estimée à 10 % supplémentaires par jour. Ceci malgré la plainte, pour
"captation de leur patrimoine associatif à des fins purement commerciales",
déposée par les Scouts de France contre le groupe Vivendi, et dont le
dénouement en référé n'a finalement pas affecté le déploiement du plan médias
pour l'année en cours. Les résultats de cette opération de notoriété
s'annoncent même supérieurs aux attentes, et ce, encore une fois, grâce à
l'utilité historique des Scouts de France. En entamant une procédure
judiciaire, l'association a non seulement contribué à surmédiatiser
l'événement, mais a provoqué, par défaut, des colossales retombées dans la
presse, couronnées par un sketch des Guignols de l'Info, diffusé en clair sur
Canal Plus. D'après les résultats de la Sofres, à dix jours de la fin de la
campagne, un Français sur deux connaissait la marque Scoot ainsi que son
activité. Seul bémol : le numéro de téléphone n'a été mémorisé que par un
Français sur cinq, mais la vague radio, relayant la campagne TV à partir de la
mi-avril, plus la campagne cinéma (début mai) devraient améliorer ce score.
Après le bilan tiré de cette première vague, Scoot compte relancer la saga, à
intervalles réguliers, jusqu'à la fin 2001, mais en recentrant progressivement
ses actions en direction de son coeur de cible, les CSP + urbains, d'âge
compris entre 15 et 35 ans.