Mode d'emploi pour traduire votre site marchand
Avant de se lancer dans la traduction d'un site marchand, il faut distinguer trois volets, qui doivent faire l'objet de traductions spécifiques: le contenu commercial, les éléments destinés à la relation client et les applications techniques permettant de le faire fonctionner.
Je m'abonneLES POINTS-CLES
1 Distinguer le «contenu» des «applications»
Partie immergée de l'iceberg, le contenu commercial du site - catalogue, fiche produit, rubrique actualité - doit faire l'objet d'une traduction qui tient compte de la dimension culturelle propre à chaque pays. Par exemple, et en grossissant le trait, en France un argumentaire commercial dédié à des produits cosmétiques joue sur l'intime, le luxe, le bien-être ou la séduction alors qu'aux Etats-Unis il porte davantage sur le prix. Ce qui exclut toute traduction littérale. Au contraire, « la traduction d'un site marchand impose une refonte de l'expérience client », indique Laurent Quatrefages, directeur général d'eCommera France. Pour traduire les pages commerciales de manière efficace, le traducteur doit connaître le marché cible. La traduction doit s'adapter au marché et non l'inverse. Autre exemple, s'il s'agit de lancer une activité commerciale en Belgique, il est important de traduire le site en français, en néerlandais et en allemand. Selon le secteur d'activité et la nature des produits distribués, il est recommandé de faire appel à des traducteurs spécialisés qui maîtrisent le vocabulaire adéquat. Enfin, privilégiez la création de plusieurs sites, car selon votre positionnement commercial, les prix pratiqués pour un produit identique ne sont peut-être pas équivalents, les délais de livraison non plus, etc.
2 Les pages d'interaction avec le client
Devises (Euros, $), modes de paiement (carte bancaire, virement, compte PayPal), formats des dates (31 décembre ou december 31), unités de mesure (litre ou gallon): tous les éléments nécessaires à l'interaction et à la transaction doivent être «pensés» dans la langue du pays cible. Car le rôle d'un site marchand est de rassurer le consommateur. Il faut donc lui communiquer les informations pour qu'elles lui soient compréhensibles. Evidemment, toutes les étapes du tunnel de conversion sont traduites, y compris les conditions générales de vente et les mentions légales. Les boutons sont dans la langue du pays: «Contact», «Qui sommes-nous?», «Rechercher», «Panier», «Validation de commande», etc. Rien ne doit être laissé au hasard.
3 La traduction des applications techniques
Le nom de domaine et l'extension du site sont à choisir en fonction du pays cible. Les internautes raisonnent en «local»: ils recherchent des sites sur les pages locales des moteurs de recherche.
Techniquement, le fichier source d'un site contient des codes HTML qu'il ne faut pas modifier et des chaînes de caractères et des balises à traduire. Seul un spécialiste peut s'y retrouver! L'architecture du site et son organisation doivent être familières au traducteur, qui doit prévoir la place nécessaire aux termes génériques (qui diffèrent d'une langue à une autre) et qui servent de points de repère ou de portes d'entrée aux internautes: URL bien sûr, mais aussi titres, sous-titres, boutons de navigation et liens cliquables.
4 Faire appel à des professionnels
Pas question de recourir au système D pour assurer la traduction d'un site marchand. L'ami ou le parent qui maîtrise la langue ne sera pas tous les jours à vos côtés pour gérer la relation client. Pas question non plus de traduire les pages via des outils automatiques disponibles sur Internet: les résultats sont peu fiables, les erreurs nombreuses. Au contraire, vous devez vous adresser à des professionnels. La traduction est un métier, qui nécessite des connaissances et des compétences. Mais ce n'est pas tout. L'univers du Web étant un univers technique, le plus efficace est d'externaliser la traduction et de la confier à une agence. Une collaboration régulière est nécessaire pour assurer les mises à jour. N'hésitez pas à contacter plusieurs acteurs du marché, présentez-leur votre cahier des charges (objectif, contraintes), puis faites jouer la concurrence!
ETUDE DE CAS
Rondbleu.com se lance en trois langues
Le réseau social de proximité Rondbleu.com, mis en ligne en mai dernier, permet de suivre les événements qui se déroulent près de chez soi. Commerçants, restaurateurs, salles de spectacle sont invités à y publier leurs annonces. Les particuliers y échangent leurs avis. L'activité démarre dans trois pays: la France, le Royaume-Uni et le Brésil, pays dans lequel le Web est en forte croissance. Du coup, son dirigeant et gérant, Samuel Paccoud, a fait appel à une agence de traduction nommée VOVF. Pour la choisir, il a effectué des recherches sur Internet: sur cinq agences listées dans une short-list, il en a rencontré deux. « J'ai choisi une agence de proximité, à taille humaine, car nos échanges sont quotidiens », confie-t-il. Pour le gérant de Rondbleu, il était important de travailler avec un partenaire qui maîtrise aussi bien l'aspect linguistique que technique. Samuel Paccoud recherchait également une agence utilisant la même technologie open source «Gettext» (bibliothèque GNU d'internationalisation) que son entreprise, ce qui facilite les échanges d'éléments à traduire entre le site et l'agence. La traduction ne s'effectue pas en temps réel. Le site existe en deux versions: l'une est en ligne, pendant que l'agence de traduction intervient sur l'autre, mise en production dès que les textes sont prêts.
CONSEILS D'EXPERTS
Laurent Quatrefages, directeur général d'eCommera France
«La traduction d'un site doit être envisagée sur l'ensemble de l'expérience client. Il ne suffit pas de traduire le contenu éditorial et les fiches produits, il faut aussi couvrir l'ensemble du processus de commandes (e-mails, sms de confirmation et de suivi de commande). Pour mieux contextualiser son site, il est utile de faire appel aux services d'une agence localisée dans le pays ciblé, tant pour le référencement naturel que pour l'achat des mots-clés. »
Stéphane Escoffier, directeur général de Powerboutique
«Les e-commerçants tentés par l'aventure à l'international doivent penser au suivi quotidien de la commercialisation de leurs produits. Il ne suffit pas de faire traduire le site une fois pour toutes. Il faut le mettre à jour au fil de l'eau et être capable de gérer les commandes et les interactions avec les clients étrangers. Il est donc indispensable qu'une personne en interne maîtrise la langue pour répondre aux e-mails. »
Philippe Bonnet, président de Wunderman Groupe France
«Certaines marques développent un site d'un point de vue international avec des textes déjà traduits dont nous faisons une correction syntaxique et culturelle. Dans d'autres cas, l'annonceur nous communique la philosophie du message à transcrire suivant la culture locale. Le contenu diffère si la marque est leader ou challenger sur le marché cible, si elle a conclu ou non des partenariats de distribution dans le pays.»
ETUDE DE CAS
Micrologiciel.com face à une double problématique linguistique
L'éditeur de solutions logicielles de création de sites e-commerce doit traduire ses propres pages mais aussi permettre la traduction des sites de ses clients. Le site Micrologiciel, gestionnaire de sites internet et de boutique en ligne, est accessible aux étrangers: il a été traduit en néerlandais pour être consulté par nos voisins belges, en espagnol pour nos voisins espagnols notamment. Dans son offre commerciale, il propose la gestion de sites multilingue pour le compte de ses clients. « Nous travaillons avec l'agence Technicis car elle dispose des compétences techniques dont nous avons besoin », explique Gaetan Mouti, responsable marketing de Micrologiciel. L'outil de Micrologiciel permet de gérer des sites, mais à l'intérieur des interfaces il existe plusieurs modules. Or lorsque les e-commerçants se lancent à l'international, tout doit être prêt. « Nous avons des problématiques très spécifiques, notamment au niveau des éléments du front office (page de saisie des coordonnées, page de paiement), les mises à jour sont récurrentes », ajoute-t-il. C'est pourquoi il se félicite d'entretenir un véritable «partenariat» avec son prestataire.
@ Maximo Sanz / Fotolia
TARIFICATION
La prestation de traduction, un coût variable selon la langue
La prestation de traduction est facturée au mot. Ainsi, un traducteur free-lance contacté directement facture entre environ 0,08 et 0,12 e par mot traduit dans une langue européenne standard (anglais, allemand, espagnol, italien). La moyenne du marché est au-dessus. Car pour bénéficier des services d'une agence, il faut accepter de dépenser plus: comptez entre 0,12 et 0,16 e par mot. Le tarif dépend du volume du texte à traduire, de la technicité et de la langue du pays ciblé. Moins la langue est courante, plus la traduction est onéreuse. Un projet simple sera forcément meilleur marché qu'un projet multilingue faisant appel à une vingtaine de spécialistes. Autre élément entrant en ligne de compte: la technicité des produits distribués par le site internet. Là encore, plus le secteur est pointu, plus la prestation est chère car elle exige des ressources à forte valeur ajoutée. S'ajoutent les frais de gestion de projet qui représentent environ 10 % du budget. A ce prix, vous bénéficiez de traducteurs spécialisés, d'un chef de projet qui suit votre dossier et d'un accompagnement.
CONSEILS D'EXPERTS
Guillaume Patry, cogérant de Technicis Technology
«Nous disposons d'outils de mémoire permettant d'enregistrer les traductions effectuées et validées par le client afin de les réutiliser notamment lors de mises à jour. La qualité du contenu est garantie et nous pouvons être plus réactifs. Nous avons également des outils de gestion de contenu permettant de mettre automatiquement en ligne les contenus traduits. »
Veng Lo, directeur commercial de VOVF
« Notre agence de traduction travaille avec deux types de traducteurs: des collaborateurs internes et un réseau de traducteurs free-lance spécialisés. Cette organisation nous permet d'allouer les ressources adaptées aux différents projets de nos clients. VOVF recommande aussi de traduire les éléments nécessaires à un bon référencement (titre, description, mots-clés, etc.). Pour traduire la page dédiée aux conditions générales de vente, mieux vaut s'adresser à un traducteur juridique VOVF qui maîtrise le domaine. »
Benjamin du Fraysseix, président de My Translation
«En faisant appel à une agence plutôt qu'à un traducteur free-lance, l'e-commerçant a la garantie que les pages traduites sont relues intégralement. L'agence gère le dossier de A à Z, manage les traducteurs qu'elle choisit en fonction de leurs compétences. Pour les petits budgets, comme les TPE, il existe des solutions intermédiaires. Avec la plateforme My Translation, nous proposons une offre peu onéreuse car nos prix démarrent à 0,07 Eurospar mot, mais sans garantie. »