Mesure et démesure de l'audience sur Internet
Loin d'être normée et reconnue par l'ensemble des sites internet, la mesure de l'audience suscite bien des controverses. Pour permettre de mieux discerner les différentes méthodes et outils existants, Yahoo ! dresse un panorama des principales formules actuellement utilisées au niveau mondial.
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Enjeu capital pour les annonceurs, la mesure de l'audience des sites
internet est un marché très porteur. Evalué à 1 milliard de dollars en 1999, le
secteur foisonne d'instituts, de méthodologies et de technologies. Seul point
commun entre ces multiples acteurs, la volonté d'imposer leur solution comme
modèle standard au niveau mondial. Un vaste chantier où les fréquents écarts de
chiffres rendus en fonction des différentes méthodes appliquées appellent à
plus de rigueur dans le choix et la manipulation de ces solutions. Entre les
panels, les techniques de marquage, les enquêtes on et off line..., la
nécessité de disposer aujourd'hui d'indicateurs les plus précis possibles reste
une priorité capitale pour les annonceurs et les régies, dont la politique de
prix des espaces publicitaires est établie sur la base des statistiques de
l'audience des sites web. Au carrefour des différentes méthodes, Yahoo ! a opté
pour la complémentarité des approches : statistiques internes pour l'analyse de
la performance de ses services et produits, mais aussi recours aux enquêtes et
panels pour mieux appréhender le marché. Un audit annuel est également réalisé
par un cabinet extérieur dans le but de certifier mensuellement le trafic du
portail vis-à-vis de ses annonceurs. Car, en matière de fiabilité des données,
l'enjeu consiste à bien cerner la valeur des méthodologies propres à chaque
institut.
Deux modes de recueil de l'information
Deux
grandes catégories plus complémentaires que contradictoires ont été identifiées
: la première, dite "site centric", mesure le trafic à partir du site même par
le biais des fameux fichiers "logs" ou encore en utilisant des marqueurs de
pages. Installés sur le serveur de l'entreprise, les fichiers logs rendent
compte de toutes les activités réalisées sur un site et permettent le recueil
d'informations très détaillées, comme le nombre de clics, de pages vues,
l'origine géographique et l'équipement du visiteur. Les techniques de marquage,
elles, mesurent le trafic d'un site grâce à un signal (tag) placé sur ses
pages, qui renvoie les informations obtenues vers le serveur d'un institut
désigné par l'entreprise. Mais l'audience peut également être mesurée à partir
du comportement des internautes. Dite "user centric", cette deuxième approche
s'appuie elle-même sur deux méthodes distinctes : les panels d'internautes,
d'une part, et les enquêtes off line, d'autre part. Toutes deux basent leur
analyse sur la constitution préalable d'un échantillon représentatif de la
population des internautes. Les panels classifient leurs renseignements d'après
les informations rendues par les logiciels mouchards placés sur le poste de
connexion du panéliste, alors que les enquêtes off line procèdent à des
entretiens téléphoniques et en face à face avec les sondés. Bien que les
informations obtenues soient similaires, le débat sur l'adoption d'une approche
par rapport à une autre reste très animé. Et pour cause. Les informations
fournies par les différents acteurs ont souvent surpris par l'écart entre les
chiffres obtenus. En témoignent les résultats issus de l'enquête sur le taux
d'internautes au domicile du mois de décembre 2000. MMXI annonçait 6,8 millions
d'internautes de plus de 2 ans, contre 4,7 millions d'internautes pour
Nielsen/Netratings. De quoi laisser perplexe... Les raisons de ces écarts ?
Tout d'abord, la taille du marché pris en compte diffère d'un institut à
l'autre au même titre que les applications retenues pour le calcul des parts
d'audience. Au-delà des applications web, MMXI prend en compte les mails, le
chat, l'audit..., alors que l'institut Nielsen s'en tient uniquement au surf
sur le site. Autre facteur déterminant, la définition des indices de comptage
des pages vues n'est pas la même selon que l'on considère les pages vues par
mois (MMXI) ou les pages totales vues par mois (Nielsen-Netratings). A cela
s'ajoutent les règles d'agrégation de l'audience pouvant intégrer ou pas le
trafic généré par d'autres sites, et le choix entre la mesure de l'audience de
tous les lieux de connexion (domicile, bureau, établissements publics...) et la
mesure de l'audience du panel qui surfe principalement au domicile. Autant
d'options qui compliquent l'approbation des outils et des besoins des acteurs
en termes de mesure pure et simple de l'audience, mais aussi de qualification
de celle-ci. En tout état de cause, le recours à plusieurs outils s'impose pour
les sites souhaitant garantir aux annonceurs la valeur de leurs surfaces
publicitaires en ligne dans l'attente qu'une mesure de l'audience universelle
soit enfin mise au point.