Made in Design se développe tous azimuts
Depuis dix ans, Made in Design propose des objets de créateurs. Grâce à une prochaine levée de fonds, le site prévoit de nouvelles implantations à l'étranger et le développement d'une branche pour les professionnels.
Je m'abonnePour changer du style suédois vendu en zone industrielle, Made in Design propose sur le Net, depuis 1999, des objets de créateurs. Catherine Colin, sa fondatrice, affiche une démarche aux accents militants. «A cette époque, dans le sillage de Philippe Starck, des créateurs concevaient des objets plus démocratiques, se souvient-t-elle. Mais il était difficile de les trouver dans le circuit traditionnel des boutiques de décoration.» Elle pense alors à un mode de distribution alternatif, lui aussi émergent à l'époque: le Web. «J'ai eu la chance de parier sur deux domaines qui ont explosé, poursuit-elle. En outre, le fait de me trouver à Grenoble, qui est une ville technophile, m'a permis d'être bien entourée pour monter mon site.»
Refonte du portail
Le concept est resté le même jusqu'à aujourd'hui: proposer à la fois des objets de designers connus et d'autres encore confidentiels, à prix accessibles. On y trouve aussi bien le mythique tabouret Tam Tam que les stickers Domestic. Et la formule fonctionne, puisque deux ans après son lancement, en 2001, le site atteignait la rentabilité. L'année dernière, il a réalisé un chiffre d'affaires de 8 millions d'euros. Et pour 2009, Catherine Colin table sur 11 millions d'euros.
Afin de poursuivre sa croissance, Made in Design continue à proposer de 50 à 100 nouvelles références chaque semaine, et surtout, multiplie les projets. Des ventes privées, qui se tiennent désormais tous les quinze jours, ont ainsi été lancées en septembre dernier. «L'accueil a été très bon, affirme Catherine Colin. Elles permettent d'animer le portail.» Celui-ci va, d'ailleurs, subir une refonte en profondeur au cours de l'année. «Je pense que nous allons présenter les produits par ambiance et par pièce», précise-t-elle. L'engouement des Français pour la décoration ne semblant pas près de se démentir, le site souhaite aussi développer le communautaire. «Nous allons peut-être créer un site dédié à cet aspect, déclare Catherine Colin. Notre blog est très consulté et nous comptons 300 000 abonnés à la newsletter, ce qui témoigne d'un réel intérêt pour le sujet.» En plus de cette refonte, Made in Design affiche d'autres ambitions, comme la conquête de nouveaux marchés. Après le lancement d'une version anglaise, le portail ne veut pas en effet s'arrêter en si bon chemin. «Nous allons créer des sites en Espagne, en Italie et en Allemagne, explique Catherine Colin. 20% de notre chiffre d'affaires provient déjà de ventes à l'étranger et je pense que, dans un futur proche, il s'élèvera à 50%.»
Une levée de fonds de 4 millions d'euros
Made in Design étend également ses services à un nouveau type de clientèle, les professionnels. En avril 2008, une branche destinée aux entreprises, MadeinDesignPro.com, a ainsi été développée. «Il s'agit pour l'instant d'un site plaquette, précise Catherine Colin. Nous allons sortir une version plus évoluée cette année.» Canal +, Galeries Lafayette ou encore Sheraton ont confié à l'équipe de Made in Design l'aménagement de leurs locaux. «Cette activité représente déjà 20% de notre chiffre d'affaires, affirme-t-elle. Le potentiel est énorme, nous cherchons d'ailleurs à recruter.»
Afin de financer ses nombreux projets, le site compte sur une levée de fonds de 4 millions d'euros. «Le tour de table devrait être bouclé au premier semestre, estime la fondatrice. Jusque-là, nous fonctionnions en autofinancement mais cet apport de capital va permettre de passer à la vitesse supérieure.» Un moyen de se protéger contre la concurrence grandissante? «Les concurrents prouvent que le marché est en bonne forme, assure Catherine Colin. Et nous disposons de belles références qui vont encore se diversifier grâce à nos implantations en Europe, et nous servir à découvrir des créateurs locaux.» Le site poursuit donc sa mission: abolir toutes les frontières du design.