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Les sites de petites annonces dans la course au succès

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Gratuits ou payants, les sites de petites annonces ne cessent de se multiplier. De l'immobilier à la fête de quartier, le Web offre aux professionnels comme aux particuliers des possibilités infinies de mise en relation qui rendent caduc le système d'annonces papier. Et modifient durablement les comportements d'achat des internautes. Décryptage d'un secteur obligé de s'adapter à la tendance 2.0…

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Autour de nous, les exemples abondent. L'un y a découvert l'appartement de ses rêves, l'autre sa tenue de Saint-Valentin voire l'âme soeur avec qui la fêter et emménager… On trouve de tout sur Internet. Selon l'étude sur “La place et le rôle d'Internet dans les habitudes de consommation et la vie quotidienne des internautes” de Fevad Médiamétrie/NetRating, 48 % des internautes déclarent avoir utilisé des sites de C to C en 2006. Et 45,1 % d'entre eux, soit 12,9 millions, ont l'intention d'effectuer un achat en ligne au cours des six prochains mois. « On assiste à une forte banalisation de l'outil Internet qui agit comme un facteur dynamisant du commerce en général, confirme Marc Lolivier, délégué général de la Fevad. L'e-commerce est un réservoir de croissance. Il est lié à l'équipement en technologies et notamment au Web, encore inférieur à 60 % en France. On peut donc penser que sa croissance va encore se poursuivre. »

Parmi les biens les plus achetés et vendus sur le Web, on retrouve les produits culturels, techniques, l'habillement, puis les voitures, les motos, et enfin les biens immobiliers. Au commencement étaient les petites annonces classiques dont le modèle économique repose sur le paiement d'un forfait pour la publication d'une annonce pendant une durée limitée. Avec des acteurs aussi divers que La Centrale, spécialiste de l'automobile d'occasion, Particulier à Particulier (PAP), centré sur l'immobilier, ou encore Paru- Vendu, qui appartient au groupe Comareg, plus généraliste ou “multispécialiste”, comme se plaît à le préciser Ludovic Poli-Carrière, son directeur. Tous trois ont pour point commun leur ancienneté sur le marché des petites annonces. « Le journal PAP existe depuis 30 ans, rappelle Jean-Michel Guérin, président du groupe. Nous étions connus avant Internet et bénéficions d'une légitimité historique. »

Même fierté à La Centrale dont l'hebdomadaire fêtera bientôt ses 40 ans. « Nous sommes nés du journal qui s'est transformé en site et aujourd'hui, le site alimente notre publication à la fois en annonces mais aussi en contenu éditorial », se félicite Jérôme Ponsin, directeur Internet. Chez ParuVendu, « la stratégie repose sur la synergie entre les deux médias, commente Ludovic Poli-Carrière. D'ailleurs, 90 % de nos clients demandent à être présents sur les deux. »

Multiplication des services

« Ces grands groupes jouent sur le côté multisupport, analyse Vincent Bonneau, consultant à l'Idate. Leur journal leur apporte une visibilité non négligeable dans les zones moins équipées en ADSL, en province notamment. » Issus de la petite annonce papier, tous ont dû s'adapter à la nouvelle donne. « Au début, Internet apparaissait juste comme un nouveau support, une vitrine supplémentaire comme le Minitel, se souvient le directeur de ParuVendu.

Mais, dès 2001, nous avons dû prendre en compte la montée en puissance du Web. » Inévitablement, la diffusion a pâti du succès du Web. « En cinq ans, nous avons perdu 25 % de diffusion, reconnaît Jean- Michel Guérin. Nous sommes passés de 90 000 – 100 000 exemplaires à 60 000. Aujourd'hui, 65 % de nos annonces arrivent par le canal Internet. » Tous s'accordent sur le saut qualitatif qu'a permis ce média par rapport au papier. Photos, vidéos, services en ligne…, autant d'attributs qui rendent l'offre plus attractive. « En la matière, le rôle des pure players a été notable, assure Marc Lolivier. Ils ont été les premiers à utiliser Internet comme canal de vente unique et ont su, par leur excellente maîtrise technique, redynamiser certains secteurs. »

C'est notamment le cas de l'un des plus redoutables concurrents de ParuVendu et de PAP : Seloger.com. Pure player de référence dans l'immobilier, le groupe a su tirer parti de son avance. Premier sur le Web, il n'a pas chômé. Introduit en Bourse en décembre 2006, il n'a de cesse d'innover en matière d'ergonomie et de services. Il a ainsi été l'un des premiers à lancer un “mash up” particulièrement apprécié des internautes : la géolocalisation. « La cartographie permet la localisation d'un bien immobilier et des parcs, écoles ou arrêts de bus avoisinants, ce qui constitue une valeur ajoutée indéniable pour les futurs acheteurs », souligne Cyrille Kittel, consultant au sein de l'agence Intuiti.

Paru- Vendu devrait d'ailleurs prochainement mettre en oeuvre un service similaire. Seloger. com a, en outre, signé un partenariat pour être présent sur Vista, le nouveau logiciel de Microsoft. L'internaute qui en sera pourvu pourra ainsi, dès le démarrage de son ordinateur, être informé en temps réel de la présence des biens immobiliers répondant à ses critères disponibles sur le site de Seloger. com. Enfin, dernière avancée de plus en plus plébiscitée même si elle demeure encore marginale en France : l'offre mobile qui permet aux usagers d'être tenus informés sur leur téléphone portable des annonces répondant à leurs critères.

Autant de services qui vont pousser les internautes à privilégier un site plutôt qu'un autre. « La plupart des sites d'annonces sont à la pointe de l'innovation, car l'amélioration du service est non seulement un élément de rivalité entre eux, mais surtout un facteur de différenciation par rapport aux internautes », confirme Marc Lolivier. Un principe bien compris par un autre acteur historique, fraîchement venu sur le marché de la petite annonce en ligne : Annoncesjaunes. fr. Lancé en début d'année, le tout nouveau site, encore en version bêta, « s'inscrit dans la continuité de l'offre de services de PagesJaunes et espère bien bénéficier de son audience, annonce Isabelle Moins, sa directrice générale. Il répond à une très forte demande des internautes. Notre marque rassure les professionnels, elle est légitime sur ce créneau. »

Quant au choix des secteurs, Annoncesjaunes.fr mise sur la sécurité : « L'immobilier et l'automobile connaissent une forte croissance sur Internet. Les audiences des sites automobiles ont augmenté de 40 % en un an et celles des sites immobiliers de 19 %. C'est pourquoi nous nous positionnons, dans un premier temps, sur ces deux secteurs, même si nous avons pour vocation, à long terme, de devenir un généraliste de la petite annonce. » Basé sur un modèle économique d'abonnement illimité à tarif unique, le site teste actuellement un certain nombre de services. « Nous envisageons plus tard de situer les boulangeries et autres commerces de proximité dans les grandes villes via un système de cartographie en accord avec Mappy, comme cela existe déjà actuellement sur PagesJaunes », promet Isabelle Moins.

« Le système de mapping, comme sur le site américain Housingmaps, arrive en France. Il est promis à de beaux jours, mais, pour les vues satellite en 3D et les vues à 45°, il faudra sans doute attendre encore un peu », déplore Vincent Bonneau. Autre avancée : la vidéo. « Grâce à ce format, nous espérons pouvoir développer les visites virtuelles de biens immobiliers, comme cela se fait déjà sur certains sites américains », assure Isabelle Moins. Comme sur eBay bien évidemment. Le site de référence des échanges de biens en ligne, qui se rémunère en prélevant une commission sur les vendeurs, fait figure de modèle pour la plupart des sites de petites annonces.

La course à la taille critique

« L'objectif de la plupart des sites de petites annonces est clairement de concurrencer eBay », analyse Vincent Bonneau. Dédié, à la base, aux collectionneurs, le site américain a littéralement explosé en France. « La force d'eBay repose sur sa communauté, atteste Esther Ohayon, porte-parole du site français. Rien que dans l'Hexagone, nous avons eu, en janvier dernier, 9 millions de visiteurs uniques pour 1,9 milliard de pages vues. Pas étonnant, quand on sait que les internautes français passent sur le site en moyenne une heure et demie par mois. » Ce qui fait d'eBay le site sur lequel les internautes passent le plus de temps. Une aubaine pour les annonceurs. eBay peut ainsi compter sur d'importants revenus publicitaires. « Notre business model est unique », s'enorgueillit Esther Ohayon. Outre les revenus générés par la vente d'espaces, assez discrets, eBay a su le premier mettre en place un système de commissions et le banaliser auprès des internautes.

Son modèle a d'ailleurs été repris par de nombreux sites. Idem pour les notations, les fameux “tags” qui caractérisent le site d'enchères américain. « Tant mieux si nous sommes copiés, plaisante sa porte-parole. De notre côté, nous évoluons aussi. »

Aujourd'hui, 170 000 Européens vivent totalement ou en partie des revenus engendrés par des ventes réalisées sur eBay. Parmi eux, 15 000 Français sont devenus des acteurs “professionnels” de la vente à distance agissant ainsi aux côtés d'entreprises ou d'artisans. En outre, eBay a introduit, l'été dernier, l'application Skype qui permet aux internautes de communiquer entre eux d'un bout à l'autre du globe. Au Royaume-Uni, grâce au partenariat signé avec Vodafone, les utilisateurs peuvent suivre, à partir de leur mobile, leurs transactions et enchères en cours. Preuve une fois encore de la capacité innovante des pure players.

L'exemple d'eBay a fait école en France où des sites tels que Priceminister ou 2xmoinscher s'en sont clairement inspirés. Partis du principe que le commerce C to C devait être encadré, tous deux oeuvrent à harmoniser les transactions entre particuliers ou de professionnels à particuliers. Ils ont d'ailleurs signé, en juin et en même temps qu'eBay pour Priceminister, en octobre pour 2xmoinscher, la Charte de confiance des plateformes de ventes entre internautes, “destinée à accompagner le développement de l'activité des plateformes de ventes sur Internet, dans la transparence et le respect du cadre légal.”

Contrairement au site d'enchères américain, Priceminister se définit comme un faciliteur de transactions. « Nous jouons le rôle de tiers de confiance, explique Pierre Kosciusko-Morizet, p-dg du site. Nous garantissons aux vendeurs qu'ils seront payés et aux acheteurs qu'ils recevront bien ce qu'ils ont commandé. » La logique est simple : l'argent de la transaction passe par Priceminister, qui prélève sur cette somme une commission dégressive comprise entre 10 et 15 % de la valeur du bien. « Mais elle ne sera déduite que si la vente a bien eu lieu », précise Pierre Kosciusko- Morizet. En outre, depuis début février, le site a lancé une vaste opération de lutte contre la contrefaçon. Autant de services qui justifient le succès du site. « Notre modèle séduit. Nous étions seuls sur ce créneau quand nous avons démarré. Aujourd'hui, c'est la course à la taille critique : il n'y a de place que pour un seul site de garantie dans le monde. C'est la dure loi d'Internet », martèle le p-dg de Priceminister.

Des propos en partie destinés à 2xmoinscher, son concurrent direct ? Positionné sur les bonnes affaires exclusivement, ce site propose la même garantie de bon déroulement de la transaction que le n° 1 français. Son va-tout : son rachat par Mondial Relay, en octobre 2006, lui permet de bénéficier d'un réseau de 3 500 points-relais déployés dans toute la France et d'un coût d'expédition, de fait, deux moins cher que La Poste. « Nous proposons ainsi à nos internautes une parfaite traçabilité de leurs biens ; ce qui constitue une innovation majeure dans l'e-commerce », soutient Aymeric Chotard, son directeur général et cofondateur. Malgré tout, « les gens ont besoin d'avoir un site de référence auquel ils font confiance », renchérit Cyrille Kittel.

« Il n'y a de place que pour un seul acteur par spécialité, lance Pascal Viguié, directeur général du réseau Mixad, présent aussi bien sur le secteur de la petite annonce gratuite (ludopa et evannonce) que sur le payant (321auto.fr, 321moto.fr, autoevasion.com, 123immo, annoncenet.fr). Dans un marché aussi monopolistique, pour maintenir sa notoriété et son trafic, il faut investir ses bénéfices dans la publicité parce que les gens choisiront toujours le site le plus connu. » Un sage enseignement dont le p-dg de Priceminister a fait sa philosophie depuis longtemps.

Le site est en effet l'un des plus gros annonceurs français sur Internet au même titre qu'eBay dans le monde. « Même si nous investissons davantage en techniques et dans l'amélioration de la qualité de service qu'en marketing, notre budget communication est à la hauteur de nos ambitions », commente Pierre Kosciusko-Morizet dont les ambitions sont clairement affichées puisqu'il lorgne vers une introduction en Bourse pour se développer à l'étranger. Autre appétence : après l'automobile, l'immobilier sera la prochaine cible. Et, pour faciliter l'adhésion de ses utilisateurs à cette nouvelle rubrique, le site propose un service gratuit aux particuliers, sans commission, la monétisation s'effectuant uniquement sur les professionnels. « Nous partons du principe que, si une rubrique n'existe pas chez nous, les gens iront voir ailleurs et nous risquons de les perdre, énonce Pierre Kosciusko-Morizet. Autant les fidéliser en leur proposant tout ce dont ils ont besoin. »

Gratuits à tout prix ?

Car, même si Pierre Kosciusko-Morizet dément redouter la concurrence des sites gratuits de petites annonces, « qui ne font pas le même métier que Priceminister », il est conscient de leur développement et de l'attrait croissant qu'ils représentent pour des internautes de plus en plus enclins à échanger en ligne. Pour finir de s'en persuader, il suffit de se remémorer le succès qu'ont connu, au lendemain des fêtes de fin d'année, tous les sites de vente en ligne. Des sites, dont Priceminister et eBay, qui ont largement contribué à déculpabiliser les internautes avec leurs campagnes publicitaires sur la Toile les incitant à revendre les cadeaux “déplaisants”.

En 2006, 15 % des internautes français auraient ainsi revendu l'un de leurs cadeaux de Noël, soit deux fois plus qu'un an auparavant (selon une enquête menée par eBay avec TNS Sofres). « Il y a un côté aussi bien pratique que ludique à acheter ou à vendre en ligne, analyse Marc Lolivier. Le pouvoir d'achat des consommateurs n'évoluant pas, revendre leurs produits leur permet de les renouveler sans complexe. En outre, avec le raccourcissement des cycles de production, aussi bien dans l'habillement que dans les nouvelles technologies, les envies sont plus récurrentes. » Et, pour les satisfaire, les internautes n'hésitent plus à multiplier leur nombre d'annonces.

« En général, chaque acteur va dédoubler son offre en la proposant sur quatre à six sites différents : un payant et les autres gratuits », explique Cyril Janin, p-dg du groupe Adenclassified (Keljob, Explorimmo, Cadremploi). Comme dans le secteur des sites payants, un leader tire son épingle du jeu du côté des petites annonces gratuites : Vivastreet. Autour de lui, une constellation de sites tentent de lui ravir la vedette, laborieusement. « Nous avons d'abord été présents sur la colocation avec Appartager.fr et aujourd'hui, tout le monde s'y est mis, se félicite Virginie Pons, directrice de Vivastreet. Mais nous étions aussi les premiers sur les petites annonces locales communautaires. »

Généraliste, le site propose de tout : de l'automobile, de l'emploi, du baby-sitting, de participer à une chorale, etc. Mais il est également connu pour sa rubrique rencontres qui frise parfois l'indécence. « Il faut avoir des défauts pour s'améliorer, plaide Virginie Pons. Contrairement à Meetic qui emploie 80 modérateurs, nous sommes gratuits. Forcément, nous ne pouvons pas vérifier toutes les annonces, nous faisons au mieux. »

Pour éviter cet écueil, Marche.fr a décidé de faire l'impasse sur la rubrique rencontres. Le site, qui revendique une croissance de 177 % en six mois, mise sur d'autres atouts. « Nous proposons aux internautes un site simple d'utilisation, épuré, sans bannières qui clignotent », explique Stéphane Raljevic, son directeur. Comme tous les sites d'annonces gratuites, Marche.fr se rémunère sur la publicité, grâce aux fameux Google Adsense. « Leur modèle économique repose exclusivement sur le trafic généré, affirme Marc Lolivier Or, ils bénéficient de scores d'audience phénoménaux ! » Le site de référence dans ce secteur est lui aussi américain, il s'agit de Craigslist.

Alors que certains sites gratuits se laissent peu à peu tenter par les services payants (pour remonter les annonces en tête de liste notamment), la réussite du site fondé par Craig Newmark est d'autant plus étonnante qu'il s'est toujours fait le chantre de la gratuité. « Mais il a fallu une dizaine d'années pour qu'il atteigne une taille critique. Créé en 1995, il n'a véritablement explosé que depuis deux ou trois ans », rappelle Fabrice Grinda, fondateur d'Olx.com, site de petites annonces locales collaboratives disponible dans 25 pays.

Ce dernier espère bien reproduire le succès de Craigslist en France. Et croit aux vertus du 2.0 : « Contrairement aux sites verticaux, Olx, comme Vivastreet ou Kijiji, doit son contenu aux seuls internautes. Chez nous, ce sont eux qui font la police en éliminant les spams et en notant les annonces. » Même credo chez Kijiji. « Le nom de notre site signifie “village” en Swahili. La notion de proximité, d'horizontalité prédomine chez nous, le but étant de pouvoir trouver aussi facilement un appartement à acheter qu'un partenaire pour son jogging dominical, affirme Benjamin Glaenzer, directeur de Kijiji. fr. Notre axe de développement repose sur le principe de communauté. Il se traduit par l'existence de sites dédiés à chaque grande ville. La France en compte déjà 32. » Kijiji bénéficie en outre d'un allié de taille, puisque le site est une filiale d'eBay.

Vers des petites annonces 2.0 ?

Tout comme Spir communication avec Leboncoin. fr (également à l'origine de Topannonces. fr ou encore de Caradisiac.com), PagesJaunes, ou plus récemment encore Rueducommerce, eBay a investi le secteur des petites annonces, conscient des intérêts en jeu. Il s'agit d'être présent partout, y compris sur le secteur difficile et déjà bien occupé des petites annonces gratuites. « Si le secteur décolle, nous serons déjà présents », insiste Pascal Viguié (Fevad). Mais la bataille s'annonce âpre. Autant Annoncesjaunes.fr repose sur un modèle payant, autant ses concurrents sont gratuits.

« Il est difficile de gagner de l'argent dans ce contexte », concède Virginie Pons, pourtant dirigeante du leader des sites de petites annonces gratuites. Pas facile en effet de s'imposer, d'autant que les concurrents ne manquent pas. « Chez Rueducommerce, nous avions la volonté de nous développer sur de nouveaux territoires et d'accroître notre audience en offrant de nouveaux services, défend Gaël De Vos, responsable de la rubrique petites annonces lancée en décembre. Nous souhaitons renforcer la complémentarité en proposant, comme Amazon, une occasion pour chaque produit neuf. »

Quant au business model de l'entreprise, il repose sur une meilleure monétisation de l'audience via la publicité. « Il faut reconnaître que, pour le moment, nous perdons de l'argent, admet Gaël De Vos. Mais nous avons l'intention de travailler sur une contextualisation de plus en plus locale pour mieux cibler nos internautes. » Pour augmenter leur audience et ainsi devenir rentables, les sites de petites annonces n'ont pas fini de rivaliser d'inventivité pour séduire les internautes. Et surtout les sites gratuits, puisque leur survie même en dépend. L'objectif à terme étant de ressembler le plus possible à l'offre existante outre-Atlantique. «

Aujourd'hui, nous faisons assez peu appel aux internautes, constate Isabelle Moins. A terme, nous espérons enrichir les pages avec leurs commentaires ou leurs avis sur tel ou tel quartier, restaurant, indiquant le prix d'achat de leur logement, etc., comme le pratique déjà le site américain Zillow, notamment. » Et on se prend, comme Christian Radmilovitch, directeur de clientèle chez Sqli Agency, à rêver aux applications futures : « Imaginez la recette suivante : une pincée de Google Maps – ou autre Microsoft Virtual Earth – et une once de PagesJaunes, auxquelles vous ajoutez quelques grammes de participatif. Vous mélangez le tout et vous obtenez Yelp.com. En clair, tous les services, activités, infos, événements locaux reposant sur une carte avec, en plus, le feedback du “voisin” sur son expérience off ou on line. » Encore un peu de patience, les petites annonces 2.0 sont en marche

Commerceo, développer et accompagner le B to C en ligne

« La majorité des industriels sont mis en concurrence par la distribution. Pour survivre, ils sont obligés de sacrifier leurs marges, constate Emmanuel Sevray, directeur général et cofondateur de Commerceo. Nous leur proposons d'utiliser la puissance d'Internet pour accroître tant leurs ventes que leurs marges, en s'adressant directement aux acheteurs finaux. » Partie d'un constat simple, la société de services, créée en février 2006, dispose d'un concept de commercialisation unique dédié aux entreprises de toutes tailles. « Nous nous appuyons sur les leaders mondiaux du commerce en ligne que sont eBay et Priceminister et jouons sur leur complémentarité », explique Emmanuel Sevray. Commerceo se vante de pouvoir commercialiser efficacement tout nouveau produit ou article déstocké.

« Le commerce en ligne constitue un formidable accélérateur pour développer les ventes additionnelles d'une entreprise quelles que soient sa taille et son offre », analyse-t-il. La société, dispose pour cela d'une panoplie d'outils d'aide à la vente en ligne. « Nous prenons en charge l'ensemble des étapes liées à la commercialisation des produits, de la création de l'annonce jusqu'au recouvrement, car la mise en forme de l'annonce est déterminante dans la vente, soutient Emmanuel Sevray. Grâce à des sites comme eBay ou à Priceminister, les entreprises ont la possibilité de vendre dans un pays sans avoir de réseau de distribution en place. Quant aux sites de vente en ligne, l'avantage pour eux est d'avoir des types de professionnels qu'ils n'ont pas l'habitude d'avoir et qui génèrent de l'audience. » La société, qui compte déjà 25 partenaires (parmi lesquels on trouve aussi bien des constructeurs informatiques, des professionnels de la vente de voitures d'occasion que des importateurs de literie) ne compte pas en rester là. Et espère pouvoir s'adresser très prochainement à des structures de plus en plus grosses.

Pour les sites de petites annonces, tous les ingrédients d'une introduction en Bourse réussie sont réunis » Ronan Le Moal, président du directoire de Fortuneo

Comment expliquer le nombre croissant de sites de petites annonces introduits en Bourse (Seloger.com, prochainement Priceminister, Adenclassifieds, etc.) ? Deux éléments assez basiques expliquent ce phénomène. Tout d'abord, il faut garder à l'esprit ce qui est nécessaire pour s'introduire en Bourse : un climat porteur et un modèle économique qui génère du cash flow. Il se trouve qu'en ce moment, le marché boursier est très bien orienté et porteur pour tous les intervenants en général. Particuliers et institutionnels ont des liquidités à investir. En outre, le modèle économique des sites de petites annonces a tendance à créer beaucoup de trafic. Ils génèrent donc du revenu et offrent beaucoup de visibilité aux annonceurs potentiels. Tous les ingrédients d'une introduction en Bourse réussie sont réunis !

La particularité de ces sociétés réside dans l'originalité de leur business model à fort effet de levier qui permet une création de valeur très rapide. Quelles opportunités représente une entrée en Bourse ? Cette introduction génère une importante communication (analystes financiers, dossier AMF…) qui offre une médiatisation intéressante, et ce particulièrement pour les sites en quête de publicité. Pour le métier des petites annonces sur Internet, la valeur repose sur l'organisation du trafic sur le site. Le modèle possède donc un fort effet de levier lié à la vente d'espaces publicitaires et à l'exploitation (location, revente) des fichiers clients. Cet effet, grâce à la valorisation qu'il implique, crée les conditions adéquates pour une introduction en Bourse. La levée de fonds qu'elle suppose permet de poursuivre la dynamique de développement de l'entité. Les sociétés désireuses de réinvestir bénéficient ainsi de fonds propres supplémentaires pour assurer leur croissance et développer leur activité. Une entrée en Bourse leur permet aussi de vendre une partie de leurs titres et ainsi de rendre liquide une part de leur investissement initial. Dans la sphère classique, le ou les fondateurs d'une société peuvent espérer récupérer entre 10 et 15 fois leurs bénéfices.

Avec Internet et le e-commerce, ils peuvent espérer les multiplier par 30. En outre, la forte croissance attendue est anticipée dans le prix de l'action. Par conséquent, le marché donne plus de valeur à ces sociétés. Y a-t-il un inconvénient inhérent à l'introduction en Bourse ? Chaque médaille a son revers. Pour entrer en Bourse, les sociétés doivent rédiger un document de base qu'elles déposent à l'AMF (Autorité des marchés financiers) dans lequel elles révèlent leurs éléments de stratégie, leurs comptes de résultats. Ainsi, avant même d'être autorisée à être mise en Bourse, une société a donné accès à ses concurrents directs à sa stratégie financière. Or, dans un marché aussi concurrentiel que celui des petites annonces, on préfère être discret sur ce sujet. Une fois cotée, la société est en outre soumise à une transparence de fait. Elle doit rendre des comptes au travers de communiqués de presse réguliers sur son activité financière.

Enfin, en cas d'échec du site et d'absence d'un nombre d'internautes probants, le titre peut très rapidement se dévaloriser. Mais, au-delà de ces contraintes, on peut penser que, si ces sociétés ont fait ce choix, c'est que les avantages que représente l'entrée en Bourse supplantent ses inconvénients

 
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Charlotte Collonge

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