Le retour d'un pionnier
Pionnier de l'Internet, Patrick Robin, fondateur du FAI Imaginet, s'est retiré en famille dans le Sud de la France en 2001. Avant de revenir, en 2006, sur le secteur des ventes privées avec 24h00.
Je m'abonneBarbe de trois jours soigneusement entretenue, vêtements décontractés mais élégants, Patrick Robin, fondateur et président de 24h00, ne dépareille pas dans le milieu de la mode. Dans ses beaux locaux situés près du quartier du Sentier, des vêtements attendent sagement d'être photographiés pour donner envie aux internautes de les acheter. Pourtant, malgré les apparences, Patrick Robin évolue dans cet univers depuis quelques mois seulement.
Celui qui dit monter des entreprises depuis ses 22 ans a commencé par exercer ses talents dans l'édition. Dans les années quatre-vingt, cet autodidacte relance Photo-Revue avec Daniel Filipacchi et édite de nombreux livres. C'est le hasard qui le mène vers ce qui constituera une autre grande passion: Internet. «En 1994, des amis me parlent du premier salon du multimédia à Cannes, le Milia, raconte-t-il. J'ai eu un choc en découvrant les CD-Roms. J'ai pensé que ça allait changer notre façon de nous divertir et de nous cultiver. En trois mois, j'ai décidé de lancer un magazine.» Malgré le scepticisme ambiant, il réussit à monter son projet.
«En mai 1994, alors que nous préparions un numéro, l'un des journalistes me parle d'Internet. Je ne savais absolument pas de quoi il s'agissait, se souvient-il. Il a bidouillé une connexion et nous sommes arrivés sur la bibliothèque du Vatican. J'ai eu une intuition très forte: le CD-Rom était dépassé et ce nouveau média qu'était Internet allait révolutionner nos vies.»
Le miracle n'est pas pour tout de suite. Patrick Robin lance un nouveau magazine, Internet Reporter, qui périclite vite, faute de lecteurs. «Si parfois l'offre crée la demande, cela n'a pas été le cas pour ce magazine, plaisante-t-il. A cette époque, l'heure de connexion coûtait entre 40 et 80 francs. Mon idée était de démocratiser l'accès d'Internet en créant un nouveau fournisseur d'accès.» C'est ainsi que naît Imaginet, en 1995, qui se révèle cette fois être un succès. «Celui-ci est dû en partie au fait que je ne suis pas technophile, affirme-t-il. Je suis un homme de communication:j'ai su expliquer aux gens quel était l'intérêt pour eux de ce nouveau média. Et j'ai complété l'activité initiale avec une web agency, un site d'hébergement et une régie en ligne.»
- 52 ans, en couple, un enfant.
1983 - Association avec Daniel Filipacchi pour relancer Photo-Revue.
1986 - Fondation de Suite 1024 (centre serveur télématique/jeux et sites médias).
1994 - Lancement de CD-Media et d'Internet Reporter.
1995 - Création d'imagiNet (fournisseur d'accès, hosting et web agency) et ROL (Régie On Une).
1998 - Vente d'imagiNet -dont il garde la présidence jusqu'en 2001 - à Colt Telecom. Création de Patrick Robin Editions.
2006 - Fondation de 24h00.fr
En plein âge d'or d'Internet, en 1998, il revend son entreprise au groupe Colt Telecom dont il garde la présidence d'honneur. «J'ai assuré le SAV», dit-il en souriant. Un rôle de conseil qui ne convient pas à son caractère dynamique et moteur. Patrick Robin avoue ne pas avoir aimé cette période-là, où il a tout de même investi dans des start-up comme Leguide.com. «Je me suis dit, ça y est, les temps changent, les costumes gris arrivent, se souvient-il. Au début des années quatre-vingt-dix, nous étions une poignée en France à nous lancer dans cette aventure. L'effervescence était intense, nous sentions tous que nous vivions une période unique.»
L'ennui est tel qu'il décide de changer radicalement de vie. En 2001, il part avec sa compagne s'installer dans le Sud de la France, à Ramatuelle. Leur retraite est loin d'être inactive, puisqu'ils ouvrent une maison d'hôtes et ont une petite fille. S'il dit avoir apprécié cette existence, au bout de quatre ans, l'appel de la capitale se fait entendre. «A un moment, on se lasse de voir l'herbe pousser», assure-t-il. Repris par le virus d'Internet, il cherche un moment quel type de site créer, avant de se décider pour les ventes privées. A 50 ans, en 2006, il lance 24h00.
«Cette période a été encore plus dure que prévue, 24h00 est né dans la sueur et les larmes, assure-t-il. Heureusement, j'ai recruté des gens qui avaient déjà travaillé avec moi et qui m'ont soutenu.» A l'entendre parler de levée de fonds et de développements pour son portail, qu'il veut aujourd'hui référence du «e-shopping au féminin», on sent que l'heure de la nostalgie est passée.