Le porte bannière de la pub on line
Le fondateur de la régie pub Numeriland se verrait bien endosser les habits du porte drapeau de sa profession pour lui attirer la reconnaissance qu'elle mérite. En attendant ce destin flatteur, il tient fièrement la barre de son navire.
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Il paraît qu'il y a de la vie autour des bannières. C'est en tout cas ce
qu'affirme Alexandre Stopnicki. Ou plutôt, c'est la promesse qu'il tient à ses
clients lorsqu'il bâtit pour eux un plan média. Il fait bien de l'affirmer, car
il est vrai qu'a priori, pour un créatif, un bandeau de 20 cm2 n'est pas le
support idéal pour laisser libre court à son inspiration et à son imagination.
C'est même un support carrément contraignant. Dès lors, persuader un annonceur
que l'on va réaliser des prodiges et faire exploser la notoriété de sa marque
ou le trafic de son site avec un support si limité, relève d'une véritable
gageure. Mais cette ambition habite pourtant en permanence Alexandre Stopnicki.
Parti à l'assaut du multimédia bien avant que ce dernier ne devienne
incontournable, notre homme s'est construit un univers régit par les règles de
l'interactivité. Numeriland a réellement décollé avec la développement du site
"Le Deuxième Monde" créé par Canal +. « Nous vendions des emplacements
publicitaires sous la forme de boutiques en 3D, chose qui, à l'époque, était
totalement nouveau », raconte l'intéressé. Numeriland a par la suite récupéré
le site en régie, le premier d'une longue liste qui en compte aujourd'hui 50. «
Ce qui me plaît, c'est d'assurer la double compétence de régie publicitaire et
de création de bannières et de sites web. » C'est en ce sens qu'il définit
aujourd'hui Numeriland comme la première régie créative. Définition qui doit
forcément faire sourire quelques uns de ses concurrents, mais qui, au regard
des réalisations de la société, n'a pourtant rien d'une imposture. Heureux mais
pas rassasié, le patron de Numeriland estime pourtant qu'il reste encore
beaucoup de choses à découvrir et surtout à réaliser en termes de publicité en
ligne. « L'unique contrainte actuelle, c'est le débit, constate-t-il. Plus il
augmentera, plus nous serons à même de réaliser des créations réellement
originales. » Qu'on se le dise, le Reach Media n'en est qu'à ses débuts ! Et,
comme la plupart de ses petits camarades du Net, il est prié de patienter en
attendant que cette histoire de plomberie soit réglée. Avoir la passion des
outils interactifs, c'est bien, mais la faire partager à ses clients, c'est
mieux. Y parvient-il ? « Je l'espère. Mais ce qui me rassure, c'est de
constater qu'à chaque fois que l'on explique la problématique comme il faut, il
se passe quelque chose derrière. La publicité en ligne ne laisse pas
indifférent. » Alexandre Stopnicki ne se contente pas d'être un patron parmi
les patrons. Ce qu'il veut avant tout, c'est faire évoluer les mentalités et
défendre sa profession. « J'ai depuis longtemps l'ambition de créer le syndicat
des régies publicitaires pour promouvoir et défendre notre métier, créer des
formations et mettre en place les rouages qui nous permettrons de discuter à
armes égales avec les différents organismes professionnels qui gravitent autour
de l'Internet. » Pour cela, il compte sur son influence au sein du CESP et de
l'IAB, dont il est membre fondateur. Un rôle qui lui tient visiblement à coeur,
lui qui fait partie de « la minorité des personnes qui ont participé à
l'élaboration des règles qui forgent aujourd'hui l'Internet français », comme
il le dit si modestement. Lui qui, à 36 ans, fait déjà figure d'anciens parmi
"ceux qui comptent" dans le paysage de l'Internet français se verrait néanmoins
bien prendre sa retraite rapidement. « A priori, nous le serons tous assez tôt.
» Qui ça tous ? « Les patrons des start-up qui ont connu le succès. L'idéal
serait d'être en retraite au moins virtuellement », confie-t-il. Mais de
retraite, il n'est point question pour le moment. S'il reconnaît qu'il ne se
voit pas forcément à la tête de Numeriland dans cinq ans, il estime qu'il lui
reste encore de belles années devant lui. Il n'hésite d'ailleurs pas à comparer
sa situation à celle des acteurs, qui ont, eux aussi, « la chance de pouvoir
exercer une profession qu'ils adorent, en travaillant uniquement pour le
plaisir et en gagnant beaucoup d'argent ». Bien sû... Encore un peu et on
croirait entendre Alain Delon un dimanche soir chez Drucker... Concrètement, où
se voit-il dans les années à venir ? « Peut être prendrai-je plus de recul avec
l'entreprise elle même, pour davantage me consacrer au conseil. Je me vois bien
développer un projet dans l'esprit des business angels, en apportant mes
compétences et non pas mon argent, car de toute façon je n'en ai plus »,
ironise-t-il. C'est bizarre, on a du mal à le croire...
Repères
36 ans 1989 : Diplômé de l'EDC. 1990 : Consultant commercial chez Commercia. 1994 : Création de Numeriland.