Le Web à l'assaut du luxe B to B
Dans la lignée des communautés professionnelles, très en vogue sur la toile, plusieurs sites dédiés au secteur du luxe ont vu le jour ces derniers mois, alors que cette niche est encore largement sous-représentée sur Internet malgré un potentiel non négligeable.
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En dépit d'une certaine frilosité vis-à-vis du média internet, la plupart
des grandes marques de luxe se sont déjà familiarisées avec le Web en créant
leur site, plutôt institutionnel, et 95 % d'entre elles sont attentives à son
évolution (selon une estimation Abc-luxe). Le tout est maintenant de convaincre
les services marketing et achat, voire la direction générale, de venir chercher
l'information sur Internet et d'en faire à terme « un véritable outil de
travail », comme le souhaite Catherine O'Meny, co-fondatrice du site
abc-luxe.com. L'objectif étant de pouvoir valoriser à terme cette audience très
"select" au travers de publicité, d'actions de communication ciblées ou de la
vente de services à valeur ajoutée. Abc-luxe, lancé au mois de mars dernier, se
veut, à l'instar de son concurrent direct Webdeluxe, un espace d'information,
de conseil et d'expertise. Les deux concurrents misent donc avant tout sur un
éditorial fort, agrémenté d'une palette de services plus spécialisés. Ambition
affichée : « devenir Le Journal du Net du luxe », ainsi que le résume Thierry
Laborde, fondateur de Webdeluxe. Avec au programme : revue de presse, enquêtes
de fond, articles d'expert (juridique, ressources humaines...) qui constituent
souvent les produits d'appels des deux sites. Un parti pris différencie
légèrement les deux infomédiaires : Abc-luxe privilégiant un axe plus sectoriel
(joaillerie, automobile...) tandis que Webdeluxe préfère rester « global avec
une approche assez corporate du milieu (mouvements humains, fusions
acquisitions...) », comme l'indique Thierry Laborde. « Sur un secteur assez
cloisonné et secret, les attentes étaient très fortes sur ce type
d'informations transversales. En particulier à l'heure où les marques font de
plus en plus jouer les synergies entre elles et où la clientèle est souvent
commune, quel que soit le produit », estime-t-il.
Des services à valeur ajoutée pour se financer
Côté services, la rubrique emploi
constitue le fer de lance de la stratégie des deux sociétés qui comptent bien
en tirer quelques recettes d'ici la fin de l'année. De même, chacune propose
son annuaire des prestataires appelé à devenir payant d'ici quelques mois
(abonnement annuel de 1 000 euros pour Webdeluxe). « Un service qui intéressera
de nombreux sous-traitants, compte tenu de la difficulté de prospection du
secteur », espère Thierry Laborde. Enfin, un pôle études viendra compléter
l'ensemble avec un partenariat de poids, d'ores et déjà signé pour Abc , avec
l'institut Ipsos. « L'idée est de créer une dynamique interactive dans la
réalisation d'études (essentiellement consommateurs) susceptibles d'aider ces
professionnels et de mutualiser les coûts de réalisation », explique Catherine
O'Meny. Abc propose, en outre, une rubrique agenda recensant salons et
événements du secteur, appelée à s'enrichir avec la mise en place d'une Web TV
dès septembre (en partenariat avec Progress Image). Abc-luxe s'inscrit en
réalité dans une perspective plus large avec un important rôle de support pour
les autres activités que sont le studio de Web design (Web'O) et l'agence de
communication audiovisuelle. « La rentabilité n'est pas notre objectif premier.
Nous pouvons nous permettre de tester et rôder le site pendant un certain temps
grâce aux revenus dégagés par les autres pôles », estime Catherine O'Meny. Du
côté de Webdeluxe, on pense d'ores et déjà à gagner de l'argent sans autre
assise financière... Il faut enfin noter l'initiative d'Osmoz, un peu en marge
puisque se concentrant exclusivement sur le marché du parfum. Ce site se
propose de fédérer une communauté d'afficionados des parfums dans un esprit
"réunion de consommateurs en ligne". De nombreuses ressources mêlant
information et publi-rédactionnels sont à disposition : encyclopédie des
familles olfactives, dictionnaire des marques, magazine des nouveautés et
reportages... Des rubriques plus interactives invitent le visiteur à s'abonner
(club), à s'exprimer (forum), à jouer (questionnaires). L'idée est de créer un
véritable laboratoire d'étude des comportements et attentes des consommateurs.
Et, de disposer dans le même temps d'un support de communication très ciblé
pour les marques cosmétiques. Parmi les premiers annonceurs, Thierry Mugler ou
encore Eau de Rochas. Cette initiative s'oriente vers le filon des sites
d'e-opinions (opinions consuméristes en ligne) à l'instar des sites Toluna ou
Dooyoo. Des modèles qui doivent encore faire leurs preuves au regard des
déboires financiers qui les ont affectés récemment...