Lastminute.com rachète Dégriftour et affirme ses ambitions
Le site de vente de produits de dernière minute s'est payé le leader français Dégriftour aspirant ainsi à devenir le leader européen du secteur.
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L'annonce, mi-août, du rachat de Dégriftour par lastminute.com a fait grand
bruit dans la vaste famille des dotcoms. D'une part, parce que le numéro un
français du voyage en ligne n'avait jusque-là jamais laissé entrevoir la
possibilité de se faire racheter, et d'autre part, parce que Lastminute, pure
player du Web, s'offre l'un des fleurons de l'Internet français. Présent sur le
réseau depuis dix ans, d'abord avec le Minitel puis l'Internet, la société
fondée par Fabrice Reversé et dirigée par Pierre Alzon, a établi sa marque dans
le paysage français du voyage. Fort d'un chiffre d'affaires de 83,7 millions
d'euros (environ 544 MF), c'est l'un des principaux sites marchands français.
Avec ce rachat conclu pour 98 millions d'euros (642 MF), lastminute.com pointe
désormais à la troisième place des sites de commerce électronique en Europe,
tous secteurs confondus, derrière Amazon et eBay, et au premier rang des sites
d'origine européenne. Créé en 1998 en Grande-Bretagne sur le concept de l'achat
de dernière minute via le Net, Lastminute a convaincu très vite les
investisseurs du bien fondé de sa démarche. Première levée de fonds d'un
million de dollars en avril 1998, suivie d'une deuxième de 10 autres millions
un an plus tard, puis d'une troisième de 7,5 millions de dollars et d'une
quatrième en janvier dernier de 41 millions (287 MF). La récente introduction
en Bourse du site a permis d'ajouter à ces sommes déjà conséquentes la
bagatelle d'1,4 milliard de francs. Grâce à ce trésor de guerre, Lastminute n'a
pas eu de mal à acquérir Degriftour, qui, de son côté, cherchait depuis un
certain temps à s'internationaliser, et donc à trouver les fonds nécessaires à
cette expansion. Pierre Alzon a bien pensé à une introduction en Bourse, mais a
abandonné l'idée devant les déboires de ses petits camarades. D'autant plus que
cette solution ne résolvait pas le problème de la création d'une marque
internationale, susceptible de dépasser les frontières hexagonales. Pour
Lastminute, ce rachat présente à l'évidence des atouts dont le premier est la
complémentarité. « Notre ambition est de créer une marque mondiale. En France,
Dégriftour était un concurrent de taille, installé depuis dix ans en ligne. La
complémentarité entre nos sociétés était donc évidente », explique Ana
Nowak-Rivière, responsable du marketing off line chez Lastminute. Dégriftour,
spécialiste du voyage de dernière minute mais franco-français, et Lastminute,
plus diversifié et plus ouvert à l'international avec des filiales en France et
en Allemagne - en attendant l'Espagne et les Pays-Bas et d'autres projets plus
lointains (Afrique du Sud, Australie) - devraient former un groupe cohérent
prêt à affronter la venue en Europe des concurrents américains comme
Travelocity.