La base de données au coeur du business des dotcoms
Sociétés fondées sur le virtuel, les dotcoms et autres web companies ont pour seules richesses leur savoir-faire et les données détenues sur les internautes. Rassemblées dans une base de données clients, ces informations peuvent devenir une source de profit. A condition de respecter les règles en vigueur sur le Net, comme le "permission marketing". Les mégabases comportementales commencent à développer des offres on line, tandis que les prestataires spécialisés dans la BDD accueillent avec prudence les demandes des dotcoms.
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La chasse aux données est ouverte sur l'Internet. Après une phase de
croissance aujourd'hui enrayée par le manque de ressources financières, les
dotcoms doivent tenter d'exploiter au mieux leurs ressources, c'est-à-dire les
informations engrangées sur les internautes. Et ce, sans réinventer la roue. En
effet, des spécialistes de la base de données existent et travaillent sur ce
matériau depuis plusieurs années. Ce sont des prestataires de services comme
e-sama, Draft Digital, High Co ou encore BDDP Interactive, ou des mégabases
comportementales comme Claritas, Consodata et iBase. Ces dernières ont
d'ailleurs fait évoluer leur offre avec l'arrivée des bases on line. Les
informations accumulées par les sites web sur les internautes intéressent de
plus en plus les annonceurs désireux de monter des opérations marketing bien
ciblées. « Cela fait des années que l'on dit que les données du Net
représentent un potentiel formidable. Mais jusqu'à présent, personne n'a réussi
à en tirer quelque chose de vraiment valable », tempère Robert Vinet, P-dg de
Draft Digital (ex-Synthèse Marketing). « Les sites web récoltent beaucoup
d'information qu'ils ne savent pas traiter. L'avenir réside donc dans le
traitement de ces données », ajoute Jack Mandard, P-dg de compuBase. Mais,
avant de manipuler cette matière sensible que sont les données nominatives, il
faut respecter quelques règles propres au Net sous peine de voir son image
détériorée. Il s'agit du fameux "permission marketing", qui autorise l'envoi de
messages publicitaires ou promotionnels uniquement à ceux qui en ont donné
l'autorisation explicite. Les dotcoms doivent donc choisir entre opt in et opt
out. L'opt in veut dire que les internautes sollicités cochent d'eux-mêmes une
case signifiant qu'ils acceptent de recevoir des offres commerciales dans leur
adresse e-mail. Yoptin (Consodata), Mediatel (France Télécom), iBase, Twinbase
Online (Claritas) ou Pointop ont opté pour l'opt in.
Des données périssables
Dans l'opt out, la ou les cases sont déjà cochées,
l'internaute doit faire l'effort de les libérer. Ce qui veut dire qu'il doit
d'abord les trouver (elles sont souvent en bas de page HTML). Est-ce
l'influence de la Cnil, qui encourage les pratiques de transparence ? En tout
cas, il semble que l'opt out soit plutôt une pratique anglo-saxonne tandis que
l'opt in séduit plus les dotcoms françaises.
Robert Vinet (Draft Digital)
: "Cela fait des années que l'on dit que
les donées du Net représente un potentiel formidable. Mais jusqu'à présent,
personne n'a réussi à en tirer quelque chose de vraiment valable".
Quelle que soit la solution choisie, créer, enrichir, gérer et éventuellement
commercialiser une base de données clients est un vrai métier et nécessite des
compétences que les sociétés du Web ne possèdent pas obligatoirement. Chez
Claritas, fort d'une base de quatre millions de foyers qualifiés via 2 500
critères, on observe l'arrivée des bases on line avec sérénité. « Nous avons
mis au point des méthodologies de collecte qui nous permettent de proposer
aujourd'hui un fichier de 300 000 adresses e-mail acquises en opt in et les
plus qualifiées possible », explique Marina Dédéyan, responsable de la
communication. Le positionnement de Claritas sur le marché de l'adresse,
physique ou cyber, privilégie la qualité. « Les données e-mail sont
périssables. Elles perdent 20 à 25 % de leur valeur chaque année », ajoute
encore Marina Dédéyan. D'autant que, contrairement au monde réel, sur Internet
il n'est pas rare de posséder trois ou quatre adresses e-mail. Laquelle est
régulièrement consultée ? Comment savoir si on envoie son message à la bonne
adresse ? Ces questions rendent plus compliquées la collecte et l'exploitation
de ces adresses. Côté off line, le mode de recrutement de Claritas est simple :
il passe par la grande enquête de deux vagues, envoyée aux foyers, et qui
contient une rubrique "e-mail". Le on line n'est pas oublié avec Twinbase
Online. Il s'agit d'un questionnaire élaboré en partenariat avec des annonceurs
comme Degriftour, lastminute.com ou Philips, qui permet de créer ou d'enrichir
une base de données clients en ligne. Claritas conçoit et met en ligne ce
questionnaire, crée la base puis partage une partie des informations avec son
client, à savoir celles qui sont propres à son activité. Le contrat est établi
sur une périodicité à déterminer. « Dans le marketing en ligne, comme dans le
monde réel, les one shot ne servent à rien », affirme Marina Dédéyan. Le coût
de mise en place de cette offre est de 20 000 F HT ; le contrat a une durée
d'un an reconductible, avec possibilité de procéder à des mises à jour et
modifications sur le questionnaire trois à quatre fois dans l'année. Le client
de Twinbase Online dispose d'un outil d'analyse des remontées en temps réel et
d'une étude des profils des internautes. Claritas propose aussi la location de
fichiers d'adresses e-mail, le routage étant effectué par Message Média.
Marina Dédéyan (Claritas)
: Les données eMail sont périssables. Elles
perdent 20 à 25% de laur valeur chaque année."
Le coût par adresse (3 F) est un peu supérieur au prix du marché, mais la
société compte sur le degré de qualification de ses données pour gagner des
contrats. « Les demandes sont fréquentes, mais nous sommes encore en phase de
démarrage », estime la responsable communication de Claritas.
Ciblage on et off line
Et, comme le Net ne connaît pas
de frontières, Claritas Europe a conclu une joint venture avec l'américain
Naviant, qui se présente comme le leader des BDD on line en "permission
marketing". Créée en 1997, cette société revendique une base de 29 millions de
foyers connectés à l'Internet aux Etats-Unis, soit 70 % du total des ménages,
on line, nord-américains. La joint venture Naviant Europe a pour objectif de
créer la plus grande base de données propriétaire de consommateurs on line
actifs en Europe, soit vingt millions de foyers en 2005. « En combinant des
données on line obtenues par des enregistrements d'achat de produits sur les
sites des fabricants et des données socio-démographiques off line, nous
offrirons à nos clients une capacité de ciblage on line et off line inégalable
», estime Peter Tordoir, CEO de Claritas. Pour autant, Consodata, l'autre
fournisseur français de mégabase comportementale, n'est pas en reste côté on
line. Consodata eBusiness, la filiale chargée de cette activité en Europe,
revendique une base de 1,4 million d'adresses e-mail en Europe et 650 000 en
France. « En tant que spécialiste des bases de données consommateurs, nous
créons une mégabase dans laquelle nous proposons la couverture maximale des
internautes en Europe », explique David Guillot de Sudiraut, directeur général.
Yoptin, nom de cette base on line, permet d'organiser des opérations de
marketing ciblées et sollicitées, en vertu du principe de l'opt in. Comme
Claritas, Consodata ne craint pas l'arrivée des bases accumulées par les sites
eux-mêmes. « Il ne suffit pas de disposer d'un potentiel, il faut savoir
l'exploiter », estime le Dg de Consodata eBusiness. Pour lui, la collecte de
données n'a de valeur que si elle emploie de multiples canaux. Le cas des sites
de loteries et de jeux qui accumulent des adresses d'internautes en vue de les
commercialiser ne l'effraie pas outre mesure. « Bien sûr, certains de ces sites
peuvent choisir de se positionner sur le marketing direct. Mais ils vont devoir
déployer des ressources importantes pour rester attractifs sur leur domaine de
compétence, à savoir le jeu. Sur le terrain de la base de données, on gardera
notre avance. Le choix de la traiter par eux-mêmes est momentané. »
Une base ciblée jeunes adultes
Consodata propose donc à
ses partenaires dotcoms de mieux renseigner leur base et de l'exploiter de
manière à en tirer des revenus. Elle travaille avec une quarantaine de sites en
France, dont eTF1, Koodpo, ChewingCom ou Clicktown. « Nous proposons de gérer
les bases de sites dont le core business est le jeu, le voyage, le e-commerce,
etc. Nous collectons la donnée avec eux, la traitons pour eux et leur vendons
des campagnes d'e-mailing à des fins de marketing direct », précise David
Guillot de Sudiraut. Le site partenaire ne paye rien, mais reçoit une partie
des revenus engendrés par ces campagnes (jusqu'à la moitié). En revanche, la
campagne d'e-mailing lui est facturée entre 1,80 et 3,50 F de l'adresse. «
Vingt-quatre heures après la fin de la campagne, le partenaire peut avoir accès
à son reporting en ligne. » S'il désire une opération en marque blanche,
Consodata eBusiness propose son service mail-avantages. A l'instar de son
concurrent principal, Consodata s'est également rapproché d'une société
américaine, en l'occurrence Netcreation, que la société a rachetée par
l'intermédiaire de son actionnaire principal. A côté de ces deux grands acteurs
des mégabases comportementales, on assiste à l'arrivée de nouveaux
intervenants. iBase s'est ainsi spécialisé sur la cible des 15/35 ans. Créée
début 1999, soutenue financièrement par une soixantaine d'actionnaires qui ont
injecté 118 MF en trois fois, cette société a identifié une niche, les 15/25
ans (elle sera ensuite élargie aux 15/35 ans), peu ou pas exploitée par
Claritas et Consodata. Après avoir recruté ses abonnés via la presse jeune et
le cobranding (avec Virgin, Scoregames, Naf Naf, Infogrames, etc.), iBase se
tourne naturellement vers l'Internet et met en place deux sites de collectes :
www.15-25ans.com et www.25 35ans.com. « Nous avons ensuite lancé deux consumers
magazines envoyés directement chez les répondants », ajoute Hakim Benhalima,
son P-dg fondateur.
Tests en access panel
Les
questionnaires servant à qualifier les informations comprennent cent cinquante
questions et mille critères en version longue, quatre-vingt dix et sept cents
pour la version courte. Aujourd'hui, iBase revendique une base de 800 000 15/25
ans et 150 000 25/35. Ces données peuvent être communiquées aux clients selon
trois modes : par la Poste, par e-mail et bientôt par SMS. L'access panel
permet d'interroger les internautes de la base en fonction des problématiques
des annonceurs. Par exemple, si L'Oréal veut lancer un parfum auprès des
jeunes, il va effectuer des pré-tests en access panel. « Sur les 60 %
d'internautes de la base, environ 40 % donnent leur adresse e-mail, soit
environ 160 000 e-mails, qualifiés à travers mille critères », détaille Hakim
Benhalima. Le problème reste qu'il faut garder ces adresses internet fiables
dans le temps. IBase compte sur les outils de fidélisation que sont les
magazines et le couponning on line (sur ecoupon.fr) pour encourager les
internautes de la base à mettre à jour régulièrement leurs données.
Hakim Benhalima (iBase)
: "Sur les 60% d'internautes de la base, environ
40% donnent leur adresse eMail, soit environ 160 000 eMails, qualifiés à
travers mille critères."
Mais l'arme secrète d'iBase vis-à-vis des données on line s'appelle la Webcard.
Le lancement de ce nouveau produit est prévu en septembre prochain. Il se
présentera sous la forme d'une carte de membre similaire à une carte bancaire.
La Webcard permettra de customiser le site en temps réel, et de faire enfin du
one-to-one réel. Ainsi, grâce aux informations qu'un internaute aura laissé,
par exemple, sur le site de Scoregames, celui-ci sera à même d'afficher à
l'écran une bannière publicitaire Siemens car celui-ci possède un téléphone
mobile. Une fenêtre affiche les adresses des revendeurs en région parisienne,
puisque notre abonné est parisien. Amateur de sports de combat, une offre pour
le jeu vidéo Tekken lui sera soumise. « Quand il se "logue", nous envoyons un
paquet d'informations demandé par le site partenaire », précise Hakim
Benhalima. Avantage pour l'internaute (outre le fait d'arriver sur une page
personnalisée pour lui) : le site partenaire paye de 20 à 80 centimes par log à
iBase (plus 1 % du chiffre d'affaires généré par la carte), qui reverse 70 % de
ces gains au visiteur sous forme de points. « Nous résolvons la problèmatique
de e-CRM des sites tout en étant copropriétaires des informations », analyse le
P-dg d'iBase.
Qualité des adresses e-mails
Les
partenaires se bousculeraient pour adhérer à ce programme de fidélisation et de
e-CRM. Médias, portails et sites d'e-commerce veulent bénéficier de cet "outil
one-to-one interactif", comme l'appelle Hakim Benhalima. Les dotcoms qui ne
peuvent se payer des extraits de mégabases peuvent se tourner vers des
prestataires de services spécialisés dans la gestion des bases de données. Tel
que e-sama, par exemple, qui conçoit et met en oeuvre des bases de données
interactives multisites. Celles-ci permettent ensuite d'effectuer des
opérations de marketing relationnel et de consulter en temps réel les résultats
des campagnes en cours. Pour Serge Gracieux, son P-dg, la constitution de bases
de données pour les dotcoms ne présente pas de grande originalité par rapport à
une base off line, si ce n'est l'adjonction des adresses e-mail : « Il y a un
vrai problème de qualité et de gestion de ces adresses e-mail. Tout le monde
cherche à revenir à des données plus classiques, car les produits de
dédoublonnage existants sont peu performants. » Pour lui, la grande tendance du
moment, à savoir des ciblages plus performants, soulève le problème du
recrutement des internautes. En effet, il faut souvent donner des informations
avant même de pouvoir accéder aux sites. Ce qui peut inciter les internautes à
laisser de faux renseignements : « L'Internet est différent du marketing direct
classique car les internautes ont souvent plusieurs adresses. Et il n'existe
pas de moyens techniques de savoir qui est qui », précise le P-dg d'e-sama.
Une ressource rare et chère
Malgré ces contraintes, ce
prestataire se propose d'héberger et de gérer les bases on line, comme il le
fait, par exemple, pour un site d'assurance non marchand. Celui-ci engrange
environ 35 000 adresses e-mail par mois, qu'il reroute chez e-sama dans une
base de données dédiée. La société de services structure cette information en
la mettant en rapport avec des bases de référence et en "nettoyant" les
adresses e-mail de leurs erreurs éventuelles (fautes d'orthographe ou de
frappe). Ensuite, e-sama peut segmenter ce fichier en fonction des profils
intéressants à commercialiser. « Gérer et vendre ces adresses n'est pas le
coeur de métier de ce site qui vend des logiciels à des compagnies d'assurance.
Externaliser leur base était donc logique », estime Serge Gracieux. Malgré ses
réticences, le prestataire accepte de gérer des bases on line mais à condition
de disposer des adresses physiques correspondant aux e-mails. Pour e-sama, si
le potentiel des fichiers on line existe bel et bien, le problème qualitatif
inhérent à ce type d'adresses e-mail oblige à les manipuler avec précaution. En
revanche, la société de services propose de gérer les bases classiques via le
Web, grâce à des systèmes de marketing opérationnel en ligne et en temps réel.
« Par exemple, Pharmaciens sans Frontières peut suivre l'enregistrement des
dons sur le Web », précise Serge Gracieux. Mais, malgré des demandes fréquentes
de la part des dotcoms, e-sama n'envisage la gestion des bases on line qu'avec
beaucoup de précautions. Autre acteur historique de la base de données
marketing : Draft Digital (ex-Synthèse Marketing) dont le métier, depuis 1988,
consiste à concevoir, enrichir et héberger des bases de données clients. Comme
son collègue d'e-sama, Robert Vinet se méfie des dotcoms qu'il qualifie de «
pas très solvables ». Pour lui, il est indispensable de disjoindre la base
marketing du canal particulier qu'est l'Internet. « L'idée est de fédérer
l'information nécessaire à la production puis d'interfacer la base de données
marketing aux différents canaux », explique-t-il. En effet, au temps du
marketing direct papier, il suffisait de gérer des adresses physiques.
Une ressource rare et chère
Aujourd'hui, il faut
ajouter le téléphone, le mail, le fax. De plus, tous ces canaux
s'interpénètrent, comme dans le cas du service Maileva de La Poste : on écrit
un e-mail qui se transforme en lettre. Draft Digital a aidé Alfa Romeo à mettre
en place des tests d'e-mailing à partir d'adresses e-mail avec retour
d'information vers la base centrale, dans le cadre d'une diffusion de
documents. Pour Robert Vinet, si le mail est bon marché, on ne sait pas encore
bien l'exploiter. « Dans deux ans, peut-être que La Poste ou France Télécom
nous donneront un numéro de téléphone avec une adresse e-mail fixe qui nous
suivra partout. Aujourd'hui, on est encore dans l'univers de l'"ultra-frais",
et ça se périme très vite. » Bref, ce spécialiste des bases de données
marketing considère que les bases on line constituent une ressource rare,
chère, et difficilement mesurables en termes d'efficacité. « Si j'ai 500 000
adresses e-mail à commercialiser, que se passera-t-il si une sur deux n'est pas
bonne ? Or, le métier des sites n'est pas de valider en permanence ces
adresses. Dans ce cadre, l'externalisation peut être une solution », avance
Robert Vinet. Confrontées au manque d'enthousiasme des prestataires
traditionnels de l'univers des bases de données, les dotcoms ont donc le choix
entre s'adresser aux mégabases pour devenir partenaires de programmes ciblés,
ou monter leur propre base on line et l'exploiter au mieux de leurs intérêts.
Certaines, comme les sites de jeux (voir plus loin), sont en train d'acquérir
un vrai savoir faire qui les positionne en futurs concurrents des mégabases
comportementales, voire des sociétés de panels comme ACNielsen ou Sécodip. Les
autres vont devoir attendre que les adresses e-mail soient aussi fiables que
leurs homologues physiques avant d'espérer développer un quelconque business
sur ce genre de données.
High Co et Consodata font cause commune autour des BDD
Syracuse, filiale de High Co spécialisée dans le couponning en ligne, et Consodata, spécialiste des mégabases comportementales, se sont alliés au sein de la joint venture High Community Data. Objectif : reconstituer des communautés dans la mégabase pour correspondre à un marché publi-promotionnel captif. « Nous proposons aux dotcoms des outils d'optimisation de leur base clients explique Olivier Phéline, président du directoire de Syracuse et président de High Community Data. Les outils utilisés sont soit un programme de couponning soit un consumer magazine. Nous nous adressons à des sites spécialisés, mais qui peuvent posséder d'assez grosses bases, afin de leur proposer le meilleur concept. Les dotcoms constituent des fichiers de plus en plus orientés sur l'utilisation de la donnée. Notre savoir faire peut les aider à développer ce genre d'activité. » Le volume minimum d'internautes contenu dans une de ces bases doit être de 50 000, selon Olivier Phéline. C'est Consodata qui gère la partie base de données tandis que High Co prend en charge la réflexion marketing. Par exemple, le président du directoire de Syracuse estime que la mutualisation des bases on line va se développer, surtout pour les sites ayant de petits volumes. « Du moment que les acteurs ne sont pas concurrents, ils ont intérêt à mutualiser leurs ressources pour réaliser des économies d'échelle et optimiser les rendements », explique-t-il. High Community Data se veut "créateur de liens" entre les dotcoms de taille moyenne désireuses de développer leur business à partir d'adresses e-mail difficiles à trouver. La joint venture estime être la première sur ce nouveau métier et compte démarrer ses activités sur trois secteurs issus de la mégabase : automobile, finance et loisirs/voyages.
Une base B to B sur les dotcoms
CompuBase a développé une base de données spécialisée dans l'univers ICT (Information Communication Technology), baptisée NetGenData, constituée des professionnels de l'informatique, des réseaux et des télécoms. Elle contient plus de 20 000 sociétés en France et 95 000 en Europe.
CompuBase a une activité de marketing opérationnel à travers la location d'adresses, l'achat de fichiers télémarketing ou encore les opérations de télémarketing. La base NetGenData concerne plus particulièrement l'Internet. Les "NetGen" regroupent les sociétés commercialisant des logiciels, les "DotComs" sont les sites web de toutes natures. Commercialisée depuis janvier dernier, cette base de données est disponible sous forme de CD-Rom et bientôt via le Web. Forte de 1 500 dotcoms en France, cette base est très difficile à gérer selon Jack Mandard, P-dg de compuBase : « Le taux de rotation des sociétés du Net est bien supérieur à celui du monde de l'informatique, car il est très difficile de récolter une information fiable. »
Net2One crée des newsletters personnalisées
Net2one a une double activité : grand public à travers son site sur lequel les internautes viennent s'enregistrer et indiquer leurs goûts afin de recevoir des newsletters personnalisées. Professionnelle avec Net2one Technologie, qui fournit les outils logiciels destinés à créer ces newsletters. La société codifie sa base de données en fonction des mots clés données par les internautes, puis propose un espace publicitaire aux annonceurs en rapport avec ces goûts. « Nous avons déjà 400 000 abonnés dont on connaît très bien les centres d'intérêt », avance Marc Sauerbrey, responsable du département Net2One Technologie. Au passage, il égratigne les sites de jeux et de loterie et leur mode de recrutement des informations : « quelle est la pertinence de mes déclarations quand je remplis un formulaire juste pour gagner à des jeux ? Il risque d'y avoir beaucoup d'agriculteurs, puisque c'est la première case à cocher sous la rubrique profession... » Ce prestataire a, par exemple, créé une newsletter pour Allôciné, paramétrable par l'abonné parmi vingt bouquets thématiques. Un système de tracking permet d'analyser le parcours de l'internaute au sein de la newsletter et donc de déterminer un profil. Il en coûte 0,50 F aux annonceurs pour un critère, de 1,50 à 2 F pour trois de ces critères. Net2One possède un système de nettoyage des adresses e-mail et revendique 2 600 éditeurs de contenus pour fabriquer ses newsletters personnalisées.
La Cnil veut durcir le ton
La Commission Nationale Informatique et Liberté (Cnil) s'intéresse de près aux bases de données marketing, off et on line. Ainsi, tout traitement de données nominatives doit faire l'objet d'une déclaration auprès de cet organisme. Pour aider les dotcoms, le site de la Cnil propose des formulaires de déclaration spécifiques pour les sociétés du Web. Néanmoins, cette volonté de mieux contrôler l'usage fait des informations recueillies sur les internautes se heurte à la réalité : manque de moyens, retard pris par la France dans la transposition de la directive européenne de 1995. « L'Internet n'est pas un domaine franco-français mais, au minimum, européen. Or, la directive aurait du être transposée en droit français depuis 1998 », dénonce Sophie Nerbonne, de la direction juridique de la Cnil. En attendant, la Commission est favorable à une transparence totale dans les conditions de collecte des données on line, et demande aux sites de mettre en place des systèmes de cases à cocher (opt in). Le rôle de la Cnil est, pour l'instant, cantonné à la partie information et conseil. En effet, le volet vérification et sanction n'est pas très développé en raison du manque de moyens. « La gamme de sanctions est assez peu développée », regrette Sophie Nerbonne. En effet, au-delà de l'avertissement, qui peut rencontrer un écho médiatique et gêner les sites, la dénonciation au Parquet pour non-respect des clauses de confidentialité ou vente de fichiers sans autorisation n'est pratiquement jamais employée. Outre des sondages aléatoires sur les sites, la Cnil recommande une procédure de labelisation des sites au plan européen. Elle espère surtout voir ses effectifs renforcés prochainement. Même si elle n'a pas encore été beaucoup saisie pour des problèmes de prospection commerciale via Internet. « Nous allons renouveler l'opération "100 sites de e-commerce" et durcir le ton », prévient Sophie Nerbonne. Cela suffira-t-il à inciter les dotcoms qui créent des bases on line à respecter scrupuleusement leurs obligations vis-à-vis des internautes ? Rendez-vous dans quelques mois pour le savoir.