La SNCF veut faire préférer le e-commerce
Suite à la montée en charge de ses activités e-commerce, la compagnie ferroviaire capitalise sur les partenariats stratégiques avec des acteurs de l'Internet. Objectif affiché : passer du statut de billetterie en ligne à celui d'opérateur touristique.
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Si les refrains de la pub estampillée SNCF promettent, depuis 1995, de nous
faire préférer le train, les successives évolutions de sa billetterie en ligne
nous permettent déjà de préférer l'Internet. Préférence qui a d'ailleurs amené
la compagnie de transports à pousser encore plus loin ses activités sur le Web,
pour lesquelles 100 MF ont été investis en 2000. Et pour cause ! Classé parmi
les meilleurs sites de e-commerce à l'unanimité des sondages, le portail
sncf.com se taille la part du lion sur les grilles d'audience, à la fois en
termes de pages vues (50 millions pour le 1er semestre 2000), de nombre de
visiteurs (2 millions de visiteurs uniques en 2000) et de chiffre d'affaires.
Les ventes en ligne (600 MF sur l'année 2000) ont carrément supplanté, pour la
première fois, les ventes sur Minitel (400 MF). A tel point que, depuis le mois
d'août dernier, l'entreprise consacre une stratégie à part entière à ses
activités e-commerce. Après avoir lancé, en juin dernier, sa filiale consacrée
aux voyages, voyages-sncf.com, la SNCF se dote d'une holding Internet, G.L.
e-commerce, dont le but principal est d'asseoir le leadership du groupe dans le
secteur du tourisme en ligne. La première manifestation concrète de cette
nouvelle entité s'est traduite par un partenariat marketing de 5 ans avec le
programme de fidélisation en ligne Maximiles. La compagnie a d'ailleurs pris 20
% du capital de cette société, retenue pour la multitude de sites associés à
son programme. Objectif de la manoeuvre : booster les activités e-commerce,
élargir la clientèle en ligne et développer de nouveaux services pour les
voyageurs. Premier volet de cet ambitieux projet, l'accord avec Maximiles
s'inscrit dans une stratégie de fidélisation des internautes. « Notre objectif
est d'accélérer le développement de l'e-commerce SNCF mais aussi de procurer
des gains à nos clients. Les Miles offerts sur notre site vont motiver les
visites et permettre aux internautes de découvrir les nouveaux services
proposés », explique Mireille Faugère, présidente de G.L. e-commerce. Déjà
concrétisée par les accords avec les sites Maporama, pour la fourniture de
plans détaillés, MeteoConsult pour les prévisions climatiques et le Guide Vert
Michelin pour les contenus rédactionnels, la démarche de G.L. e-commerce
consiste à étudier toutes les synergies les plus profitables à la vie du site
et à nouer des partenariats avec les acteurs les plus pertinents. En soutien de
ce programme, la société envisage actuellement des accords de collaboration
avec CityGuide et des sites communautaires, accords qui devraient être
finalisés dans le courant de l'année 2001. Enjeux primordiaux pour le
développement du commerce en ligne, les services destinés aux voyageurs seront
la clé de voûte de l'offre sncf.com. La stratégie consiste à proposer des
formules packagées englobant l'ensemble de ce qui a trait à la notion de voyage
: hébergement, location de véhicules, prestations de services, accès aux
loisirs et aux spectacles sur les zones de destination.
Passer de la notion de transport à la notion de voyage
L'idée de fond est de
poursuivre la rénovation de l'identité encore quelque peu poussiéreuse de la
compagnie de transports ferroviaires en la revalorisant sous l'étiquette, plus
dynamique et moderne, de société de services. L'ambition première est
d'ailleurs de positionner la SNCF comme l'acteur de référence sur le créneau,
très porteur, des voyagistes en ligne. « Dans une logique de développement
intensif de notre activité Internet, nous comptons mettre en place une
structure qui nous permette d'élargir notre clientèle en ligne », explique
Mireille Faugère. A titre d'exemple, pour capter le créneau des seniors dont le
pouvoir d'achat est supérieur à celui des juniors mais dont la présence sur
Internet est minoritaire, des rapprochements avec des sites e-commerce
communautaires ciblant cette population sont à l'étude. Et, sur le plan
technologique, des synergies avec des prestataires de services accessibles sur
les canaux Wap et télévision interactive figurent en tête sur la liste des
priorités de G.L. e-commerce. D'après l'analyse de Mireille Faugère, l'ensemble
des services proposés par sncf.com devrait représenter, à terme, de 15 à 20 %
de chiffre d'affaires additionnel. Bien qu'il soit cohérent avec la croissance
enregistrée depuis 2 ans, l'objectif de l'activité Internet est plutôt
ambitieux : 3,5 milliards de francs de chiffre d'affaires en 2003. Sachant
qu'un chiffre de 1,2 milliard de francs est annoncé pour l'exercice 2001, soit
100 % de plus par rapport à l'année 2000. Quant à la rentabilité, elle devrait
être atteinte durant l'année 2002.