L'évidente appropriation du Web
Idéalement positionnée sur le marché de l'e-banking, la banque à distance mise sur des partenariats stratégiques avec les sites portails pour accentuer sa visibilité sur Internet.
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Selon "L'Observatoire des canaux de distribution bancaire" réalisé par la
Sofres, en novembre 1999, 53 % des Français utilisent au moins un canal à
distance pour la gestion de leurs opérations courantes. Si 60 % d'entre eux
prétendent connaître les services bancaires accessibles par Internet, ils ne
sont toutefois que 2 % à y avoir recours. Enfin, parmi la population des
internautes, 10 % affirment être prêts à utiliser un service bancaire via
Internet. Dans ce contexte mi-figue mi-raisin, Banque Directe fait son petit
bonhomme de chemin sur le Web depuis maintenant près de trois ans, progressant
discrètement mais sûrement sur la voie du e-banking. La filiale de
BNP-Paribas, créée en 1994, était, de par son positionnement, évidemment
prédisposée à l'utilisation d'Internet. Dès 1996, elle a mené une réflexion
approfondie sur la stratégie de développement multicanaux à adopter pour
pallier le déficit d'ouverture de comptes enregistré à ses débuts, malgré un
succès de notoriété certain. « Nous avons, à cette époque, privilégié deux
supports pour favoriser ce déploiement, confie Marc Lanvin, son directeur
Internet et multimédia. Internet d'une part, et les bornes interactives, de
l'autre, qui se sont finalement avérés inadaptées aux attentes des clients. »
La première version du site transactionnel de Banque Directe date de juin 1997,
mais souffrant d'un trop gros déficit technologique, elle fut rapidement
remplacée, début 1998, par une deuxième version plus aboutie et surtout
soutenue par un système d'information digne de ce nom, auquel l'établissement
financier a consacré un investissement de 100 millions de francs. Tout en
revendiquant le statut d'unique banque à distance française, Banque Directe
n'en demeure pas moins réaliste. Une voix, seule, aussi sympathique soit-elle,
prive le client de toute action personnelle sur son compte. Grâce à Internet,
celui-ci redevient maître des opérations, en agissant en temps réel sur ses
comptes. En définitive, le Web réduit la distance qui sépare le client de son
argent.
Internet est le premier canal de connexion à la banque à distance
Comme pour bon nombre d'entreprises françaises, le
véritable déclic s'est produit pour Banque Directe durant l'année 1999. En
février, le nombre de connexions réalisées sur Internet dépasse pour la
première fois celles enregistrées sur le Minitel. En juillet, le Web devient le
premier canal de contacts, devant le téléphone. Et, en novembre, 50 % des
connexions à la banque se font via Internet. Comment expliquer un tel
plébiscite ? « Le profil de notre clientèle est un premier élément de réponse,
indique Marc Lanvin, car il correspond en tous points au profil de l'internaute
français moyen : un homme de 25-35 ans, CSP+, urbain, très actif, et mieux
équipé que la moyenne en matériel informatique. Nos clients sont, par ailleurs,
des personnes plutôt ouvertes d'esprit et animés d'une réelle curiosité à
l'égard des nouveaux services. » La seconde raison qui peut être avancée est la
simplicité d'utilisation du service. Sur www.banqueweb.com, les internautes
peuvent ouvrir un compte directement en ligne, sans avoir à payer un quelconque
abonnement. Ce principe du "client instantané" est un argument de poids sur un
marché où la plupart des intervenants se montrent encore très procéduriers
lorsqu'il s'agit d'ouvrir un compte. « Une fois inscrit, le client est
immédiatement doté d'un mot de passe et d'un code confidentiel qui lui
permettent, par la suite, d'accéder à des pages personnelles, sur lesquelles il
peut consulter son compte, visualiser son portefeuille boursier ou passer des
ordres de virement », ajoute Marc Lanvin.
Un nouveau partenariat avec Spray
Soucieux d'ouvrir ses services au plus grand nombre,
Banque Directe a conclu en décembre 1999 un partenariat avec Yahoo ! France,
grâce auquel ses clients peuvent consulter leur compte depuis leur page
personnelle sur "Mon Yahoo !". Les données qui transitent sur le portail sont
l'exclusivité de Banque Directe, Yahoo ! n'ayant accès à aucune information
personnelle sur les individus inscrits. « A travers ce service, nous souhaitons
créer une frustration chez les non-clients de Banque Directe, pour qu'ils
sentent combien la gestion de leurs finances serait facilitée s'ils nous
rejoignaient », explique Marc Lanvin. Cette politique de partenariat se
poursuit ce mois-ci avec Spray, qui va fournir aux clients de Banque Directe
une connexion à Internet gratuite. Autovalley.com est également le partenaire
de Banque Directe en matière de crédit automobile ; le site se chargeant de
dénicher au meilleur prix la voiture souhaitée par le client. Les options
stratégiques de Banque Directe lui ont permis de recruter jusqu'à ce jour une
moyenne de 10 000 nouveaux clients par an ; un rythme qui, depuis le début de
l'année, est passé à 2 000 par mois, 25 à 30 % ouvrant un compte via Internet.
Pour assurer une disponibilité de ses conseillers 24 h/24 h, Banque Directe a
étoffé son effectif et s'est doté de deux plateaux dédiés au crédit bancaire et
au crédit à la consommation, ainsi que d'une équipe chargée de répondre aux
e-mails des clients. Un réajustement indispensable si l'on en juge par
l'activité des clients de la banque sur leurs comptes. Un internaute client de
Banque Directe se connecte en moyenne huit fois par mois sur le site et réalise
entre trois et six virements mensuels. Quant aux relances et aux offres
produits que réalise la banque à destination de sa clientèle à travers le
courrier électronique, elles sont pour le moment assez limitées. « Bien que 80
% de nos clients internautes nous laissent leur adresse e-mail, nous nous
efforçons de restreindre les sollicitations à trois par an », confirme Marc
Lanvin.
Banque Directe en 6 clics
Création : septembre 1994 En ligne depuis 1997 65 000 clients 16 000 clients actifs (au moins une connexion par mois) sur Internet en janvier 2000 2 milliards d'encours gérés en 1999 Effectif : 190 personnes (Conception et hébergement du site : FranceNet.)