L'e-mail marketing est-il mort-né ?
Né de l'essor de l'Internet dans les foyers, l'e-mail marketing est peut-être un nouveau média majeur sur lequel il faudra désormais compter. Ses atouts sont réels : rapidité, réactivité, efficacité, personnalisation du message, possibilités créatives du multimédia, et le tout à des coûts de traitements et d'analyse qui n'ont rien à voir avec le marketing direct postal par exemple. Néanmoins, l'e-mail marketing ne semble pas partir aujourd'hui sur des bases qui peuvent en assurer sa pérennité.
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Ce marché émergent me rappelle celui des "radios libres" il y a quelques
années. A leur début, elles avaient interdiction légale de diffuser quelque
message publicitaire que ce soit. Une fois l'interdiction tombée, l'attrait de
la manne financière générée par la publicité a conduit, dans un premier temps,
à une désorganisation totale du marché. Les radios libres s'engageaient certes
à diffuser le message publicitaire de l'annonceur, mais sans pour autant
pouvoir en garantir l'efficacité : nombre de messages effectivement diffusés
sur les ondes, horaires de diffusion, part d'audience de chaque radio, etc.
Commercialement, ces jeunes radios tendaient aussi à brader leur espace pour
profiter des maigres budgets des annonceurs. Rapidement, ce marché des radios
FM s'est organisé, structuré, concentré et professionnalisé en mettant en place
les outils nécessaires à son accession aux grands médias : mesure d'audience
fiable, politique tarifaire cohérente, contrôle de la diffusion des messages.
De même aujourd'hui, et suite à l'explosion de la bulle internet, les start-up
du marché de l'e-mail marketing, doivent maintenant commercialiser leurs bases
de données et remplacer les fonds apportés par les investisseurs par du
véritable chiffre d'affaires. La précarité financière de certaines de ces
sociétés les pousse à accepter la commercialisation de leurs bases de données à
des coûts de plus en plus faibles avec des comptabilisations souvent opaques.
Les annonceurs, de leur côté, sur l'avis de leurs intermédiaires, profitent de
cette situation et tirent de plus en plus les prix vers le bas. Ils ne veulent
plus d'un coût à l'adresse, mais demandent aux propriétaires des bases de
données, de se rémunérer sur le chiffre d'affaires effectivement généré par la
campagne d'e-mailing.
L'annonceur n'est pas le roi
Ce
faisant, ils ne prennent plus leur risque d'annonceur, puisque c'est le média
qui doit accepter lui-même de n'être rémunéré que sur le chiffre d'affaires
généré. De média, ces sociétés internet se transforment en succursales de vente
des produits de l'annonceur. Les grands annonceurs demandent-ils à TF1 ou à
Elle de se rémunérer sur les ventes effectivement issues de la campagne
publicitaire ? Evidemment non ! Lorsqu'un annonceur rémunère une campagne
d'e-mailing au chiffre d'affaires généré par le support, il le pousse
implicitement à "arroser" sur le maximum d'adresses de sa base, sans tenir
compte de critères de segmentation. Les internautes ainsi sollicités pour des
offres qui ne les intéressent pas directement au mieux ne répondront pas, au
pire se désinscriront de la base de données et se détourneront de ce type de
communication électronique. L'e-mail marketing n'est donc pas mort-né, ses
atouts paraissent lui assurer un avenir radieux, mais il est très certainement
mal né ! Les sociétés d'e-mailing doivent inévitablement se professionnaliser
pour s'assurer la crédibilité garante de leur avenir. Elles doivent s'engager
sur des mesures de contrôle précises et sûres : le nombre de messages diffusés,
de messages reçus puis lus par leurs destinataires, la fiabilité des critères
de sélection, la "fraîcheur" des données de la base...
Une charte de déontologie pour assainir le marché
Les annonceurs et leurs
conseils doivent aussi s'interroger sur la provenance et le mode de recrutement
des internautes de bases qu'ils sollicitent. Il est évident que des internautes
issus d'un site de loterie en ligne ne présentent pas les mêmes critères
qualitatifs que les clients d'un site marchand. Pour contribuer à une évolution
pérenne du marché, le Syndicat National de la Communication Directe (SNCD), qui
regroupe un certain nombre d'acteurs de l'e-mail marketing, s'engage en
émettant une charte de déontologie. Les annonceurs pourront désormais, via
leurs intermédiaires, choisir en connaissance de cause les acteurs fiables du
marché et profiter ainsi à plein de toutes les richesses de ce nouveau média.
Dans une conjoncture incertaine où les dépenses marketing doivent être évaluées
à leur juste efficacité, l'e-mailing constitue une opportunité unique de
toucher efficacement, et à un coût compétitif, leur coeur de clientèle.
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