Jouer sur la dimension affective pour installer la proximité
Pour séduire une nouvelle cible de marché, située hors de ses territoires historiques, American Express a adopté un langage publicitaire en rupture totale avec les codes de communication habituels, qui place le produit au coeur du dispositif publicitaire.
Je m'abonneA propos d'American Express
Depuis 150 ans, la
vocation d'American Express consiste à innover sur les moyens de paiement.
Pionnière dès 1891 du traveler chèque, la société a lancé sa première carte en
1958. C'est à cette époque que l'entreprise a jeté les fondements de sa
stratégie mondiale, prenant le parti de s'adresser à une cible haut de gamme de
voyageurs fréquents. Dès lors, elle a focalisé sa stratégie autour des
problématiques telles que la confiance et la sécurité des moyens de paiements
afin de rassurer et fidéliser sa clientèle. Depuis, l'histoire des cartes
American Express se raconte à travers une succession d'innovations et
d'améliorations constantes, des produits comme des services associés, conçus
dans le souci permanent de répondre aux attentes de ses possesseurs. « La force
de notre démarche réside dans notre longue expérience de la segmentation des
produits », indique Benoît Gruet, directeur marketing chez American Express.
Résultat de cette politique : chaque carte maison, qu'il s'agisse d'une
Corporate, d'une Gold ou d'une Platinium, constitue une réponse unique et
spécifique à un besoin précis et est destinée à une cible clairement
identifiée. Plus récemment, cette stratégie de segmentation a abouti à la
conception d'une nouvelle carte de paiement, la "Blue d'American Express".
Lancée en 1999 aux Etats-Unis, puis en mai 2001 en France, Blue constitue un
acte majeur pour la société qui, depuis 1994, n'avait plus innové sur sa gamme
de cartes dites génériques. Avec Blue, American Express satisfait une double
ambition : étoffer son portefeuille de produits traditionnels, couplé à la
conquête d'une nouvelle cible de clientèle située hors de son territoire
historique. « Jusqu'à présent, nous développions des cartes spécialement
conçues pour les besoins des voyageurs fréquents et plutôt très aisés, indique
Benoît Gruet. Or, nous avions détecté tout un pan de population qui ne se
reconnaissait pas dans notre offre traditionnelle, mais qui, par ailleurs,
exprimait une forte attirance envers notre marque. » La cible en question
correspond à une population plus jeune, plus féminine, ne voyageant pas
forcément de manière récurrente, moins aisée que la clientèle traditionnelle et
dont les tendances de consommation intègrent les nouveaux modes d'achat,
notamment le commerce électronique.
Objectif de la campagne : séduire une nouvelle cible de clientèle
Pour séduire et déclencher
l'adhésion spontanée au concept Blue, American Express a orienté sa
communication autour de trois attentes majeures : sécurité, modernité et
accessibilité, étroitement corrélées au profil de la population visée et à ses
comportements d'achat sur Internet. Adoptant un langage très dépouillé,
recentré uniquement sur le produit et ses multiples avantages, la communication
fait le tour complet des besoins de la cible, levant au passage deux freins de
taille : la phobie des paiements en ligne et la perception anxiogène que les
Français nourrissent à l'égard des produits de crédit. Pour entériner ce
dernier point, Amex a positionné sa carte comme un simple moyen de paiement,
évitant de souligner la dimension "crédit" associée au programme. Enfin, pour
soulager le titulaire de l'inquiétude liée à la sécurité des paiements en
ligne, la marque a adopté une démarche simple et absolue : le principe de la
garantie totale, soit le remboursement 100 % sous 48 heures en cas
d'utilisation frauduleuse, et ce, aussi bien pour les transactions virtuelles
que physiques, en France comme à l'étranger. L'astuce du discours publicitaire
consiste à faire l'impasse sur le "comment" pour se focaliser sur le "quoi",
sans tergiverser entre les détails techniques et les protocoles de paiement. «
Il nous a semblé important de biaiser ces aspects et de tenir un discours
différent de celui du commerçant lui-même, souvent trop technique, dans le but
de convaincre les internautes qui, jusque-là, payaient par téléphone ou par
envoi de chèque », explique Benoît Gruet. Néanmoins, deux inconvénients
majeurs découlaient de cette stratégie : « En appuyant sur le levier de la
sécurité du paiement en ligne, nous risquions de positionner Blue comme un
produit réservé aux internautes férus du Net. Ce qui menaçait également
d'éclipser les autres avantages de la carte. » Pour éluder ces questions, la
campagne de communication a été ventilée à travers un dispositif où chaque
média se faisait le porteur d'un unique message, minimaliste mais très ciblé.
La déclinaison des vertus de Blue s'est répartie entre des médias traditionnels
et tactiques, selon qu'il s'agissait d'enclencher un processus de notoriété ou
d'établir le contact avec la cible.
Plan médias
La
première vague de communication correspondant au lancement de Blue s'est
déroulée entre les mois de mars et août 2001. Amorcée sur les médias
traditionnels (télé, affichage, cinéma), elle a abouti sur des médias plus
tactiques (Internet, corners, radio...) au cours de la deuxième vague
(septembre à décembre), afin de délivrer plus d'informations sur les avantages
du produit. Objectif : assurer une présence sur tous les points de contact en
fonction des comportements de la cible. Selon ce programme, la présence télé
devait provoquer une onde de choc permettant d'enclencher le processus de
notoriété. Quatre films déclinaient l'ensemble des avantages de la carte, comme
la sécurité, la confiance, l'évolutivité ; relayés en presse, sur les supports
de type news magazine (L'Express, Le Nouvel Observateur, Challenges, Capital,
GEO...) et la presse grand public (Canal + Magazine, Sciences & Avenir, Epok,
Culture Pub, Web Magazine, Transfert, Technikart...), ainsi qu'en presse
quotidienne. Sur Internet, la campagne a été déclinée sous forme de bannières
classiques, de sponsoring et de partenariats avec des sites à fortes audience
(Journal du Net, AOL, Amazon...). Actuellement en cours de diffusion, la
campagne se poursuivra jusqu'à Noël.
Axe créatif
Historiquement diffusées sur des segments très haut de gamme avec ses cartes
Gold et Platinum, les communications d'American Express avaient jusqu'ici
évolué dans un univers de prestige, où des portraits de titulaires en affinité
avec la cible traduisaient le positionnement du produit. Pour le lancement de
Blue, la marque a enfin osé rompre avec la tradition. « Nous avons pris le
parti de casser les codes de communication habituels pour adopter un langage
clairement en accord avec les modes de communication actuels et déclencher un
effet de surprise », indique Benoît Gruet. Intentionnellement placée sous les
feux de la rampe, la Blue d'Amex devient l'héroïne achevée d'une communication
extrêmement dépouillée, dont les messages d'accompagnement sont réduits à une
simple syntaxe télégraphique : bug de l'an 2000, futur, reconnaissance,
évolutivité, etc. Il s'agit de messages thématiques, synthétisés sous forme de
concepts clés qui accompagnent la communication par touches fugaces. « Toute la
difficulté, et à la fois la richesse de ce positionnement publicitaire,
consistait à donner à la carte une dimension émotionnelle à même d'enclencher
un sentiment affectif de proximité avec la marque », précise Benoît Gruet.
Réalisée par Ogilvy, pour un budget de 25 millions de francs, la communication
a fait levier sur les aspects concrets, garanties, services... et sur le design
de la carte. Elégant et stylisé, il tient compte du geste du déten-teur
lorsqu'il utilise sa carte pour lui offrir un sentiment de fierté. « Nous ne
sommes pas loin de plagier l'expression "Montrez-moi votre carte et je vous
dirai qui vous êtes" », avoue Benoît Gruet.
Résultats
Traditionnellement, American Express ne communique aucun des résultats de ses
campagnes. Bien que la communication tactique ne soit pas encore achevée, les
résultats de la première vague sont jugés "très satisfaisants". Les post-tests
réalisés avec Ipsos ont permis de constater la bonne installation de la marque
auprès des populations visées et 25 % de notoriété en top of mind du nom de la
carte.