Jobline et le cyber-recrutement : pas cyber s'abstenir !
Bien qu'ils semblent prendre le pas sur les méthodes traditionnelles, les sites de recrutement en ligne ne s'adressent pour le moment qu'à une part restreinte et très homogène de la population des demandeurs d'emploi.
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Faute de souplesse, de rapidité et d'avantages tarifaires, les systèmes de
recrutement traditionnels répondent de moins en moins aux exigences des
employeurs et des candidats, et ce au profit des nouveaux dénicheurs de talents
qui gagnent du terrain sur le secteur très dynamique du recrutement en ligne.
Ces intermédiaires qui se situent entre les employeurs et les postulants
permettent de réduire de manière significative les délais et les coûts de
recherche d'emploi, au point qu'ils sont aujourd'hui plus de dix à se partager
le seul marché français. Cette tendance à s'imposer comme moyen de recrutement
universel donne vie à de nouvelles ambitions chez les dirigeants de ces sites
qui aspirent désormais à en faire de véritables outils de gestion de carrière
et de recrutement actif. Mais qui sont aujourd'hui les perles rares drainées
vers les employeurs, et quels sont les secteurs les plus prisés ? Pour répondre
à cette question, une étude a été menée par l'un des sites les plus réputés en
matière de recrutement en ligne, le scandinave Jobline, dont la version
française a récemment été lancée. Effectuée à partir de la base de données
candidats du site, cette étude a porté sur l'analyse de 76 000 curriculum vitae
postés entre 1999 et 2000 sur le site jobline.fr. Les résultats obtenus
révèlent que le candidat type est âgé de 25 à 34 ans (54,5 % des candidatures),
diplômé de niveau bac + 2 et + (90 % des candidatures) et privilégiant les
secteurs d'activité de la gestion, du marketing et de la vente, de
l'informatique et des nouvelles technologies, pour ses recherches d'emploi. De
quoi se demander si les sites de recrutement ne seraient pas frileux ou
réfractaires aux autres corps de métier.
Peu de représentation des "marginaux" d'Internet
D'après Laurent Le Diagon, Directeur
marketing de Jobline France, la première cause de cette discrimination serait à
rechercher dans la répartition du taux d'équipement informatique, nettement
plus élevé auprès des catégories à vocations professionnelles techniques que
parmi les autres catégories de la population. Toutefois, des facteurs culturels
et sociologiques seraient également à prendre en compte dans l'analyse de ces
résultats. En effet, il semblerait que les professions les moins représentées
sur la plupart des sites de recrutement soient précisément celles où
l'engagement des candidats se fait traditionnellement sur le principe de la
cooptation interne ou du bouche à oreille, comme c'est souvent le cas pour les
métiers de la pub, les professions artistiques ou pour certaines professions
libérales. « Actuellement, nous représentons peu ces corps de métier tout
simplement parce qu'ils sont souvent des "marginaux" de la culture Internet »,
précise Laurent Le Diagon. Au faible taux d'équipement informatique en France
s'ajoute donc une autre dimension, sociologique, propre aux bonnes moeurs du
recrutement de proximité. « Alors que les jeunes étudiants disposent de salles
dédiés à l'informatique au sein de leurs universités, les peintres, les
médecins ou encore les juristes ne sont que rarement des férus des nouvelles
technologies et n'ont pas encore acquis le réflexe d'utiliser Internet pour
gérer l'évolution de leur carrière », ajoute Laurent Le Diagon. Ces écarts
semblent toutefois destinés à s'harmoniser, compte tenu de l'impact d'Internet
sur l'ensemble de la population, comme le révèle la forte hausse de postulants
(hors secteur informatique et nouvelles technologies) recensées au cours des 6
derniers mois. Le recrutement en ligne signe-t-il la disparition des méthodes
traditionnelles ? « Absolument pas, répond Laurent Le Diagon, Internet est, et
restera, un média supplémentaire permettant de démultiplier les actions vers un
même objectif. »