Gare à l'invasion des arracheurs de clients
La banque d'affaires JP Morgan a publié en juin dernier une étude sur la finance en ligne en Europe (mise à jour en août), intitulée "Invasion of the customer snatchers" (l'invasion des arracheurs de clients"), jeux de mots sur le film des années soixante "l'invasion des profanateurs de sépulture" (Invasion of the body snatchers).
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Parmi les huit pays étudiés en détail, la France figure en bonne place.
Elle est troisième en termes de pénétration de la banque en ligne (voir
tableau). JP Morgan a listé les principaux obstacles à l'adoption des services
de "e-finances". On trouve ainsi le prix des produits bancaires, fixés par
l'Etat et donc peu ouvert à la compétition du marché. Conséquence : les
fournisseurs de prestations en ligne (exceptés les brokers en ligne) se sont
concentrés sur le service (efficacité, facilité d'usage, etc.) plutôt que sur
le facteur prix. Mais cet état de fait devrait évoluer avec l'introduction de
l'euro. JP Morgan pense que de nouveaux entrants pourront alors offrir des
comptes courants bien rémunérés, ce qui devrait attirer les clients. Par
ailleurs, l'analyste croit que l'érosion des marges restera forte sur les
dépôts à vue. JP Morgan s'est également penché sur les trois principales
institutions bancaires françaises, BNP Paribas, La Société Générale et le
Crédit Lyonnais. BNP Paribas est considéré comme le leader en termes de nombre
de clients détenteurs d'un accès en ligne à leurs comptes. A la fin du premier
quadrimestre 2000, BNP Net devrait posséder 260 000 clients, avec un objectif
de 800 000 (soit 15 % des clients particulier du groupe) fin 2001. JP Morgan
s'est aussi penché sur ses deux filiales Banque Directe et eCortal. La première
est créditée d'environ 70 000 comptes et devrait en posséder 180 000 en 2003.
Pour JP Morgan, les débuts très lents de Banque Directe (fondée en 1994)
illustrent la difficulté de créer une banque en ligne ex nihilo, sans l'appui
d'un réseau d'agences. ECortal serait quant à elle le leader incontesté des
brokers on line français avec 32 % de parts de marché. Mais la filiale de BNP
Paribas aurait perdu du terrain sur ses concurrents Fimatex, ConSors et Self
Trade lors des douze derniers mois. Quant à la Société Générale, JP Morgan
estime le nombre de ses clients en ligne à 110 000, avec un objectif de 1 à 1,5
million en 2002 (la banque en revendiquait 147 000 en juin dernier). Le bras
armé en matière de courtage en ligne de la Générale, Fimatex, est bien
positionné, grâce à un business plan agressif. Quant au Crédit Lyonnais,
dernier larron à s'être manifesté, il est expédié en une ligne.