Elargir sa cible pour mieux rebondir
Créé dans le but de devenir un partenaire incontournable pour les acheteurs et les fournisseurs en matière d'e-procurement, Answork a vu ses ambitions corrigées à la baisse, faute d'un volume d'affaires suffisant. Outre les grands comptes, ce sont désormais les PME qui devraient lui permettre d'amorcer une seconde vie.
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Il y a un an, les trois premières banques françaises (BNP Paribas, la
Société Générale et le Crédit Agricole), associées à Cap Gemini Ernst & Young,
s'alliaient pour créer Answork, une place de marché qui, à l'instar de ses
nombreux concurrents (Seliance, Hubwoo, Avisium...), devait révolutionner les
transactions commerciales entre acheteurs et fournisseurs. Il y a un an, les
places de marché étaient considérées comme les "killer applications" de
l'Internet. Celles grâce à qui la notion de nouvelle économie allait prendre
tout son sens, parce qu'elles concernaient le secteur du B to B et non pas
celui "oh ! combien plus hasardeux" du grand public... Il y a un an, les
analystes ne faisaient qu'évoquer la récession économique qui couve
aujourd'hui. Il y a un an, les Twin Towers étaient encore debout... Dire que
les fondateurs d'Answork, comme la plupart des places de marché françaises
d'ailleurs, sont revenus à des préoccupations plus réalistes est un doux
euphémisme. Pour avoir sous-estimé la réticence des acheteurs à bouleverser
leurs habitudes de travail et surestimé le marché des PME, tout comme leur
potentiel de création de valeur ajoutée, les places de marché sont aujourd'hui
dans l'obligation de consolider leur business plan avec des clients de prestige
sous peine de voir leur activité purement et simplement disparaître. Answork a
ainsi dû revoir ses plans. « Les résultats que nous avons enregistrés ne sont
effectivement pas conformes aux ambitions que nous affichions lors de notre
lancement, mais nous avons eu la clairvoyance de réajuster nos objectifs
suffisamment tôt », déclare François Millot, directeur marketing d'Answork. Ce
dernier attribue la déconvenue qu'a connue Answork à deux phénomènes : « La
montée en charge a clairement été sous-estimée, et le rythme de croissance du
marché est beaucoup plus lent que prévu. »
65 catalogues et plus de 300 000 références disponibles sur le site
Lors de son lancement,
Answork a bâti son offre autour des grands comptes en espérant en signer une
vingtaine. Or, en septembre 2001, la place de marché ne comptait, côté
acheteurs, que 10 clients actifs parmi lesquels Air Liquide, Elyo, Apsara ou la
Coface... A travers son offre "Private Exchanges", Answork leur propose de
réaliser leurs achats de biens et services de fonctionnement à partir d'un
catalogue privé, c'est-à-dire reflétant les conditions prénégociées avec les
fournisseurs. Une offre qui diffère de celle de certains concurrents, comme
Hubwoo, qui fonctionnent en mode ASP, même si François Millot ne l'exclut pas :
« Pour les grands comptes, les offres ASP ne sont pas forcément une bonne
solution car ils possèdent souvent déjà une offre de e-procurement développée
par certains ERP comme Oracle par exemple. » Aujourd'hui, Answork ne compte pas
loin de 65 catalogues, 30 supplémentaires étant en cours de négociation, ce qui
porte le nombre de produits référencés à 300 000. Pour la plupart, il s'agit de
fournitures industrielles. La rémunération d'Answork sur les transactions
réalisées se calcule, côté acheteur, en fonction du nombre de connectés, avec
un prix plafonné. Les fournisseurs, de leur côté, doivent compter avec des
frais d'installation puis, s'il s'agit d'un catalogue public, d'une commission
prise sur le pourcentage du chiffre d'affaires réalisé, ou s'il s'agit d'un
catalogue privé, d'une commission par transaction, même si un pourcentage du
chiffre d'affaires (de l'ordre de 1 %) peut être là aussi envisagé. Answork a
enregistré depuis le mois de janvier 2001 un volume d'affaires de 53 millions
d'euros, ce qui correspond à peu de choses près à 4 000 transactions. Des
résultats loin d'être catastrophiques et que François Millot qualifie même
d'encourageants, « sachant que le marché est encore loin d'être couvert. La
situation n'est pas aussi noire qu'on veut bien le dire. Les grands comptes
souhaitent aujourd'hui véritablement externaliser le processus d'achat. Mais,
si les solutions techniques sont prêtes, leur implémentation ne se fait pas
très vite. Mais nous sommes en progression constante. Les places de marché ne
connaîtront leur rythme de croisière que d'ici un ou deux ans ». D'ici là, et
contrairement au plan de développement initial, c'est donc le secteur des PME
qui risque de tirer le marché. « Pour la bonne et simple raison qu'il est plus
facile de mettre en place et d'organiser le fonctionnement d'une place de
marché dans une structure réduite que dans un grand groupe de 1 500 personnes
», explique François Millot. Depuis juillet 2001, Answork développe une offre
réservée aux PME. Il s'agit d'un catalogue multiacheteur et multifournisseur
dans lequel le client possède un espace réservé. Cette offre est commercialisée
par le réseau d'agences des partenaires historiques d'Answork, plus à même de
toucher le plus grand nombre de clients potentiels. L'objectif étant
d'atteindre fin février 2002 le nombre de 1 000 clients PME qui devraient
représenter quelques centaines de commandes.