Blue Line ou la chronique d'une revanche annoncée
L'épisode Kleline digéré, Abdallah Hitti revient aux affaires à la tête de Blue Line International, qui développe une nouvelle plate-forme de paiement sécurisé virtuel, avec pour objectif de fédérer en une seule offre l'ensemble des solutions existantes sur le marché. Un pari audacieux à l'image de son instigateur.
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Nous avions laissé Abdallah Hitti amer car trahi, en janvier dernier,
lorsque BNP Paribas avait décidé de saborder Kleline, dont il était le
fondateur, pour promouvoir la solution de paiement sécurisé Cyber-Comm. Et
voilà qu'il nous revient gonflé à bloc à la tête de Blue Line International,
société qu'il a créée en février 2000 et qu'il définit comme « une plate-forme
d'intermédiation financière ouverte qui permet l'interconnexion entre les
différentes plates-formes existantes, les réseaux de cartes de paiement et les
banques ». Notre homme ne manque pas d'ambition et compte bien imposer son
nouveau porte-monnaie virtuel sécurisé, baptisé Odysseo, comme standard du
marché. Téléchargeable gratuitement pour les consommateurs depuis les sites
des cyber-marchands, Odysseo offre un label de sécurité et de confiance aux
consommateurs comme aux marchands, grâce au déploiement d'une infrastructure de
clés privés (PKI) qui rendent les transactions irrévocables. Les données
sensibles (code confidentiel, login ou mot de passe) qui sont stockées sur la
plate-forme une fois pour toutes ne circulent à aucun moment sur le réseau au
moment de la transaction, garantissant ainsi la confidentialité et la
non-répudiation de l'achat entre les acteurs. En clair, un consommateur ne
pourra pas nier avoir passé commande une fois qu'il aura saisi son code secret.
Avec Odysseo, l'internaute dispose d'un porte-monnaie électronique baptisé
B-Wallet lui permettant d'effectuer des achats d'un montant de 4 à 80 euros (25
à 500 francs). Blue Line, qui joue le rôle d'intermédiaire entre le client et
le commerçant, récupérant une commission de 1,5 % du montant de la transaction.
L'objectif d'Abdallah Hitti est de permet- tre à la majorité des systèmes de
paiement développés dans le monde de dialoguer ensemble par l'intermédiaire de
ses plates-formes de paiement sécurisé. Il prévoit l'implantation de 40 d'entre
elles d'ici 2003. En s'appuyant sur un réseau de partenaires commerciaux,
chargés de distribuer le contrat de services directement auprès de leurs
clients, Blue Line opte pour un modèle de vente indirecte qui a au moins
l'avantage de lui permettre de se focaliser sur son expansion internationale.
Pour pénétrer des nouveaux marchés, la société compte tisser son propre réseau
de distributeurs en amont des quatre principaux secteurs impliqués dans
l'adoption de solutions de paiement sécurisé : les ISP, les FAI, les agences
web et les banques. Odysseo est à l'heure actuelle testée par une cinquantaine
de sites marchands dont l'identité n'a pas été dévoilée, mais qui seraient
d'anciens clients de Kleline.
Un objectif commercial ambitieux
Ce nombre devrait augmenter très rapidement, Abdallah
Hitti ne cachant pas que ses objectifs commerciaux sont ambitieux : « Nous
comptons équiper 4 000 marchands d'ici 2001, avec une moyenne de 64 000 euros
de chiffre d'affaires en moyenne par compte, plus de 29 000 en 2002 et 87 000
en 2003, avec une moyenne de chiffre d'affaires de 168 000 euros par compte ».
En vue de son expansion à l'international et dans la perspective d'intégration
du maximum de solutions de paiement sécurisé, Blue Line a d'ores et déjà signé
des partenariats avec les plates-formes Bibit, Datacash, Planet Paiement et
même Bradesco, au Brésil. D'autre part, des implantations en Inde, au Japon et
en Australie sont en cours de préparation. Grâce à Blue Line, l'embrouillamini
des différentes technologies propriétaires trouve enfin une solution capable de
les interconnecter entre elles, malgré leur incompatibilité originelle.
Totalement ouvert à toutes les banques, le modèle développé par Blue Line joue
un rôle d'interface avec les principaux réseaux de cartes bancaires français et
étrangers. Multidevise, multicarte et évolutive, la plate-forme est déjà
capable d'intégrer les nouvelles technologies transactionnelles, telles que le
GSM, le PDA, le Wap et le GPRS. Question rémunération, Blue Line compte sur le
routage des transactions entre des plates-formes partenaires quelle que soit la
nature des cartes de paiement employées ; le reroutage de ses clients, quand
cela s'avère nécessaire, vers des plates-formes affiliées leur permettant
d'améliorer l'offre "multiprotocole" ; la gestion des fonds, le change et la
gestion de la réserve tournante ; ses licences ; et la vente de plates-formes
affiliées avec une participation capitalistique minimum de 20 %. Reste à savoir
quel accueil les banques vont réserver à ce nouvel arrivant. Car, au-delà de la
sécurisation des paiements et des transactions, Blue line offre des services
financiers complémentaires : l'acceptation de la plupart des cartes de crédit,
débit et privatives existantes sur le marché, l'acceptation des programmes de
fidélisation (l'entreprise travaille déjà avec Beenz.com), la gestion des
micro-paiements quels que soient la devise, les transferts de fonds de compte à
compte, et les mécanismes de multipaiement (paiement différé, crédit en ligne,
acompte, etc.). Abdallah Hitti assure qu'il n'a nullement l'intention de les
doubler. « Nous serons les intermédiaires des commerçants et des consommateurs
auprès d'elles », déclare-t-il. Reste que Blue Line n'est pas seul sur le
marché très courtisé du paiement sécurisé (voir ci-dessous), et que l'optimisme
affiché par son fondateur ne doit pas faire oublier que bien des solutions se
sont cassé les dents en cherchant la formule idéale à appliquer. Alors, comme
on dit dans ces cas-là : Inch Allah.
Blue Line en chiffres
Après un premier tour de table de 20 millions de francs, souscrit auprès d'un groupe d'investisseurs présenté sous le nom de "family & business" et de différents business angels, Blue Line, dont le statut est celui d'une société de participation financière, a créé cinq structures : le siège social, au Luxembourg, et des filiales en France, au Liban, aux Etats-Unis et au Brésil. La société a, d'autre part, mandaté MGT pour réaliser sa première levée de fonds institutionnelle de 230 millions de francs qui lui permettra notamment d'assurer le déploiement de ses plates-formes de paiements sécurisés interconnectés et son développement commercial à l'international avec des partenaires locaux. Abdallah Hitti en contrôle 35 %.