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Banques et fournisseurs de solutions de paiement courtisent les e-commerçants

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Intérêts de tous ordres en ligne de mire, les gros et petits sites de e-commerce attisent les appétits des banques et des fournisseurs de solutions de paiement. Derrière les enjeux sécuritaires se cachent de véritables enjeux technologiques et financiers.

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Le bilan annuel de la Fevad en atteste. Le marché du e-commerce en France, s'il affiche une santé de fer, est hautement disparate. Sur les 10 900 sites marchands à fin 2005, quoi de commun entre un site réalisant moins de dix transactions par mois (56 % du marché) et un site en faisant plus de dix mille (moins d'1 % du secteur). Cependant, tous intéressent les banquiers. Car, depuis l'avènement de l'Internet, le marché des paiements se structure, s'industrialise, à l'image des acteurs du e-commerce. Ainsi, rares sont les banques n'ayant pas saisi l'opportunité de se positionner sur ce marché générateur de croissance par excellence. Si toutes disposent de leur solution de paiement, déployée en marque blanche ou en propre, les solutions indépendantes ne font pas défaut. Même si une sélection naturelle s'est opérée en même temps que l'éclatement de la bulle, des sociétés comme Atos Origin, Paybox, Ogone, Experian, Bibit, pour les principales d'entre elles, sont solidement installées. Au-delà de la solution, les enjeux ne manquent pas. Et, à chaque franchissement d'un palier, l'e-commerçant s'interroge aussi sur l'évolution de sa solution de paiement…

Nouveaux enjeux

« Les attentes ont évolué. Quand on parle de paiement, on parle de gestion de la fraude, d'interfaçage avec des systèmes d'information du type ERP, de paiements locaux », explique Patrick Flamant, responsable commercial d'Ogone. Si la fonction monétique date de la fin des années 90 dans les banques, elle répondait à l'attente du marché face à l'évolution du nombre de transactions en ligne. Aujourd'hui, les problématiques ont changé. Dès lors, où se situent les véritables enjeux liés aux solutions ? « Nous pensons que le marché va aller vers une demande de fonctionnalités de plus en plus importante en termes de reporting et de facilité de gestion », estime Didier Darmouni, directeur adjoint du développement et du marketing chez Natexis Paiements. Parmi les fonctionnalités plébiscitées par les sites de e-commerce, le rapprochement bancaire arrive en bonne position. « Le journal de rapprochement bancaire proposé dans notre solution permet à l'entreprise de réconcilier les transactions réalisées via Cyberplus Paiement avec les paiements apparaissant sur le relevé bancaire. Il s'agit là d'une vraie problématique pour les entreprises qui réalisent plus de 30 000 opérations par mois », explique Mickael Mouque, responsable de l'offre Cyberplus Paiement à la Banque Populaire. Avec, à la clé, d'importantes économies de frais de personnel pour le site marchand…

Gestion du cash

Autre cheval de bataille, très en vogue, le multicanal. Capter le commerce en ligne pour capter le commerce de proximité, tel est l'objectif de nombreuses banques. La Banque Populaire, par exemple, l'a bien compris en lançant, en début d'année, une nouvelle offre de paiement en ligne, axée sur l'approche multicanal. Une façon de ne pas se couper de la majorité des sites marchands qui restent de petites structures, voire de promouvoir le commerce en ligne pour les commerçants traditionnels. Si la demande de fonctionnalités se fait toujours plus précise et exigeante, le cœur même de la problématique des solutions de paiement reste la gestion du cash engrangé par le secteur du e-commerce. Avec des chiffres qui progressent de 50 % en un an pour atteindre, selon l'Acsel, 10 MdE en 2005, le secteur, encore loin du poids économique du commerce traditionnel, n'en est pas moins désormais incontournable. Démonstration avec le premier site français de commerce en ligne, Voyages-Sncf. Avec environ 60 000 réservations finalisées et payées par jour, soit un volume d'affaires finalisé de 3,5 ME par jour, Voyages-Sncf amène un volume de cash qui lui permet d'avoir un énorme poids de négociation. « Voyages-Sncf, en tant que filiale du groupe SNCF, est intégré aux stratégies de cash management du groupe au sein duquel jouent des effets de levier », souligne Mathias Emmerich, Dg de Voyages-sncf.com. L'heureuse banque destinataire de cette manne ? La Banque Postale qui travaille pour le site avec une solution de paiement développée par Atos Origin. « Pour les très grands comptes, la solution de paiement est souvent un prétexte. Il s'agit d'un produit d'appel, quasiment gratuit, qui permet ensuite à la banque de capter le cash du site marchand », souligne un observateur. « Ce qui nous intéresse est de pouvoir gérer les flux et développer le e-commerce », confirme pour sa part Brunon Tahon, chargé d'études moyens de paiement et e-commerce du Crédit Mutuel Nord Europe. Si l'intérêt pour les banquiers est clair, les sites de e-commerce ont aussi tout intérêt à faire jouer la concurrence. Les négociations peuvent porter sur les frais d'entrée dans les plates-formes de paiement, sur le montant des commissions prélevées sur les moyens de paiement, sur le coût des options... Par exemple, le groupe Expedia, renégocie directement, chaque année, avec les banques les conditions octroyées par ces dernières. En fonction de la volumétrie d'affaires et des parts de marché de chacune des cartes utilisées pour le paiement en ligne. « Le groupe Expedia a pour stratégie de construire une relation avec un nombre limité de partenaires bancaires », souligne Guillaume Cussac, directeur financier d'Expedia. Les marges réelles de négociations, quant à elles, restent tenues secrètes par les banques et les grands sites.

Marchés locaux et indépendance

Si les banques sont toujours in fine intégrées au processus de paiement, les solutions techniques indépendantes revendiquent des atouts spécifiques. « Notre solution est une alternative technique ne rendant pas le commerçant dépendant de sa banque. Nous lui permettons également d'accéder à un plus large panel de cartes de paiement permettant de toucher une plus large audience, souligne Frédéric Loos, directeur commercial de Pay Box. Les banques répondent aux besoins exclusifs du e-commerce. Quand les problématiques deviennent plus complexes, il y a souvent un lien direct entre l'opérateur de paiement et le commerçant. » De fait, les solutions multibancaires intéressent souvent les acteurs de taille importante pour les options qu'elles fournissent. « Nous proposons plus de vingt-cinq méthodes de paiement et une centaine de connexions vers les banques un peu partout en Europe, ce qui permet au commerçant de choisir son partenaire bancaire », explique également Xavier Thiran, directeur associé d'Ogone. Outre le discours partisan, l'atout majeur mis en avant par les fournisseurs de solutions indépendantes est leur plus grande capacité à gérer des devises multiples. Mais là aussi les banques se positionnent. « L'activité est en très forte augmentation et certains grands e-commerçants envisagent le déploiement de leur activité en Europe. Via notre plate-forme, nous avons des liens techniques avec des partenaires qui nous permettent d'accompagner les e-commerçants à l'étranger », explique Eric Flour, responsable du e-commerce et de la monétique commerçante de la Société Générale. Car la problématique des sites marchands dépasse aujourd'hui les frontières hexagonales. D'où la nécessité de déployer en parallèle des solutions de paiement adéquates. En effet, si la France a une très forte culture de la carte de paiement, il ne s'agit pas du moyen de paiement universel. « En Angleterre, si vous n'acceptez pas les cartes Switch et Solo, vous vous coupez de 60 % du marché. En Allemagne, les autorisations de prélèvement électronique représentent près de 60 % des paiements », explique Xavier Thiran. Aussi, les sites à vocation internationale sont obligés de s'équiper de solutions de paiement évolutives, adaptables aux différents pays.

La fraude, éternel combat

En 2005, selon le bilan annuel de l'Acsel, 43 % des 26 millions d'internautes français craignaient encore le manque de sécurité des transactions. Si la confiance monte et gagne 9,3 points en un an, la fraude n'en reste pas moins un sujet sensible. Pour autant, en VAD sur Internet, la demande d'autorisation bancaire intervient au premier euro, ce qui n'est pas le cas en magasin, la moyenne interbancaire se situant aux environs de 100 euros. Par cette demande, la banque est en mesure de savoir si la carte est en opposition. Or, cela ne résout pas tous les problèmes. Mais les parades s'organisent. La demande du cryptogramme de la carte bancaire, devenue obligatoire depuis octobre 2004 pour prouver que l'acheteur est en possession physique de sa carte, en est un des exemples. « La fraude sur Internet reste toujours un combat. Les cryptogrammes visuels demandés aux internautes lors de leur paiement ont nettement amélioré la situation depuis deux ans. Cela a permis de rapprocher le taux de fraude du canal internet des taux de fraudes des autres canaux », note Mathias Emmerich. Actuellement, la fraude représente pour Voyages-Sncf, selon son Dg, seulement 0,2 % des paiements. Une belle performance comparée au chiffre publié par Cybersource qui estime qu'en 2005, 1,6 % des revenus des sites de e-commerce nord-américains s'évapore avec la fraude. Cette étude, menée auprès de 404 sites américains, évalue le montant global de la perte liée à la fraude à 2,8 Md$ aux Etats-Unis et au Canada. Aussi, ce sujet amène son lot de protections. Le dilemme : trouver le bon équilibre entre outils de contrôle automatique ou manuel et rapidité du traitement du paiement. Pour se prémunir de la fraude, les sites disposent également du système d'assurance Fia-Net qui annonçait sécuriser 20 % des ventes en ligne en 2004. « Avec la nouvelle carte à puce au standard international EMV, déployée depuis deux ans, on s'attend à ce qu'il y ait une baisse de la fraude en commerce de proximité et une augmentation en vente à distance, analyse Eric Flour. Les fraudeurs vont chercher de nouvelles sources de revenus. A nous d'anticiper pour pouvoir les contrer. »

Rassurer l'internaute

Le fait que les nouvelles cartes rendent plus difficile la fraude se répercutera-t-il en ligne ? « Il ne faut pas dramatiser le problème de la fraude en ligne. Elle est aussi faible que pour le commerce de proximité », estime Alain Carillon, directeur de la monétique du Crédit du Nord. Des avis partagés mais tempérés sur l'importance du phénomène. Parallèlement, les sites se doivent de rassurer les internautes. L'objectif étant d'éviter de faire circuler sur le Net les données relatives aux cartes de paiement. Les systèmes tels que Secret Plus, déployé par la Caisse d'Epargne, sont de nature à rassurer. Le principe de cette solution ? L'internaute donne la moitié du code de la carte sur le Net et la deuxième moitié par téléphone… Le service, qui existe depuis deux ans, comptabiliserait, selon la banque, 1 000 paiements par jour. Autre système toujours déployé par la Caisse d'Epargne, Id-Tronic permet de s'identifier par le biais d'un mot de passe reçu sur son mobile. Aucune information ne circule, puisque le paiement s'effectue par un code d'une durée de vie limitée à l'acte d'achat. Ce système, présent sur les sites équipés de la solution SP plus, compterait 60 000 inscrits et réaliserait 300 à 400 transactions par jour. « Les internautes qui règlent par ce biais ne souhaitent pas donner leur numéro de carte en ligne, notamment ceux qui paient par chèque », souligne Jacques Schuhmacher, directeur GCE New Tec, filiale du groupe Caisse d'Epargne. La e-carte bleue, à l'instar des solutions citées auparavant, se présente elle aussi comme une réelle alternative (cf encadré authentification). Le but de ces actions reste finalement d'installer durablement la confiance dans le paiement en ligne. Alors que cette dernière grandit, que le haut débit se généralise, les clignotants sont au vert pour que le nombre de transactions progresse. Un enjeu économique, relais de croissance important pour les banques et pour la dynamique vertueuse du secteur. Car plus l'internaute a confiance, plus il achète. Et plus le e-commerce gagne du terrain.

Pixmania ne badine pas avec la fraude. Un programme sur mesure et une politique différenciée par pays permettent au e-marchand de maîtriser son taux de fraude.

Avec un chiffre d'affaires prévisionnel de 380 ME au 31 mars 2006, Pixmania est présent dans vingt-cinq pays et dispose de 39 méthodes de paiement sur les pays couverts, tout en gérant 15 devises différentes. Un casse-tête pour ce e-marchand spécialisé dans les produits high-tech ? Pas vraiment à en croire son directeur France et Europe du Nord, Ulrich Jérome. « Nous souhaitons avoir la solution la plus customisée possible dans chacun des pays. Selon les marchés, les demandes clients sont très différentes », souligne-t-il. La plate-forme paneuropéenne de gestion des devises est basée à Paris, deux personnes par pôle (zone géographique) contrôlant les paiements. Si, en France, le site marchand utilise la solution proposée par la Société Générale, son choix pour les autres pays couverts s'est porté sur la solution Bibit, un PSP (Payment System Provider) permettant de fournir aux clients de Pixmania un système de paiement local, en privilégiant la devise du pays. Sur l'ensemble de ses transactions, quel qu'en soit le pays d'origine, Pixmania adopte une approche sécuritaire. « La sécurité des modes de paiement est un point stratégique pour nous », remarque Ulrich Jérome. Aussi, pour lutter efficacement contre la fraude, Pixmania a développé en interne un système baptisé Fraude Buster. « Nous n'avons pas trouvé de solution paneuropéenne qui nous permette d'avoir un scoring suffisant. Notre solution fonctionne avec trente critères par lesquels passent chacune des transactions. » Matching entre le nom et l'adresse, numéro de téléphone, adresse e-mail, etc., sont alors passés au crible de manière automatique. « Tous pays confondus, notre taux de contestation est actuellement tombé à 0,05 % du total des paiements », explique Ulric Jérome. Si 60 % des commandes passent par la validation automatique, les 40 % restants sont contrôlées manuellement par une équipe dédiée à cet effet. Avec pour objectif de valider le tout en moins d'une minute et de débusquer les fraudeurs…

PayPal, une communauté montante

Surfant sur l'engouement remporté par son modèle d'enchères en ligne, eBay a racheté en 2002 PayPal, une plate-forme de paiement en ligne. Au-delà de la communauté des “eBayeurs”, la solution est à même d'intéresser de nombreux sites de e-commerce. Chez PayPal, on n'est pas sectaire. Si la solution de paiement est largement utilisée sur le site d'enchères eBay, elle vise également d'autres publics. Son principe ? Le paiement sécurisé s'effectue par le biais de la plate-forme PayPal à l'aide d'une adresse e-mail. L'acheteur indique l'adresse e-mail du vendeur, le montant du paiement et la devise choisie. Il aura suffi à l'acheteur de créditer préalablement son compte PayPal à l'aide d'une carte bancaire. Quant au vendeur, également titulaire d'un compte PayPal, il pourra créditer son compte bancaire une fois le paiement perçu. Simple d'utilisation, PayPal peut être utilisé comme un moyen de paiement additionnel, ou comme le moyen de paiement principal d'un site de e-commerce. « Dans la vente à distance, il n'existe pas de garantie de paiement pour le marchand. L'acheteur peut contester un paiement pour vol de carte par exemple. Si le marchand fait faillite, il a également le moyen d'annuler le paiement. Ainsi, certaines banques peuvent refuser de signer des contrats de vente à distance à des sites, si le risque leur apparaît trop élevé », souligne Stéphane Kasriel, directeur des produits de PayPal. Pour pallier ces freins, TPE et PME s'intéressent de près au système proposé par PayPal. « Notre spectre est plus large. Il nous permet de prendre en charge des entreprises que les banques peuvent refuser », remarque Stéphane Kasriel. Avec un réseau de 100 millions d'utilisateurs dans le monde et un million de comptes ouverts en France depuis mai 2005, PayPal entend poursuivre son développement auprès des sites de e-commerce. Aux Etats-Unis, certains grands groupes, comme Dell et Itunes ont déjà intégré PayPal, en plus de leur système existant…

B to B, la carte d'achat en plein essor

Optimisation des délais de recouvrement et gestion au plus juste des frais sont des préoccupations classiques pour une entreprise… Les paiements par carte d'achat et le e-commerce entre entreprises, qui répondent à une demande grandissante, ont le vent en poupe. Ainsi, le marché se développe et se structure, l'intérêt représenté par le e-commerce en B to B - en termes d'économie d'échelles - n'ayant pas échappé aux acteurs économiques. Concernant les paiements, de plus en plus d'acheteurs utilisent, avec leurs fournisseurs, des cartes d'achats. L'objectif ? Concilier économies sur le traitement des commandes (regroupement, atteinte de seuil…) et ristournes sur les moyens de paiement utilisés. « La maturité en termes de carte achat est encore trop faible, mais dans les années à venir, cela va devenir un moyen de paiement de plus en plus fréquent », analyse Xavier Thiran, directeur associé d'Ogone dont la plate-forme de paiement en ligne gère de manière unique les approches B to C et B to B. Cartes bancaires classiques et cartes d'achats seront donc, à l'avenir, partie intégrante des stratégies de développement des sites de commerce entre entreprises. Des évolutions à suivre.

 
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Martine Fuxa

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