A la conquête du "Wapernaute"
En un an, Internet Telecom s'est imposé comme le cinquième fournisseur d'accès à Internet, et initie aujourd'hui le développement du WAP au niveau européen.
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En mars 1999, au moment de sa création, Internet Telecom appartient au
peloton de ces start-up qui se lancent à l'assaut d'Internet gonflées à bloc et
bien décidées à prendre leur part du fabuleux gâteau qui se présente à elles.
Mais, alors que pour beaucoup d'entre elles l'expérience tourne court, faute
d'avoir su ou pu réunir tous les éléments en leur faveur, Internet Telecom est
parvenue, en un an tout juste, à s'imposer comme le cinquième fournisseur
français d'accès à Internet derrière Wanadoo, AOL, Club-Internet et Infonie. La
raison de cette réussite réside pour une grande part dans le modèle économique
de l'entreprise, que les Américains appellent le "zero gravity business".
Cette appellation désigne les modèles économiques dont la stabilité ne peut pas
être affectée par un élément extérieur. Une définition qui repose sur le fait
que le centre de gravité conditionne l'équilibre du corps. Si ce centre de
gravité est déplacé, l'équilibre est rompu. « C'est le cas de la majorité des
modèles économiques actuels sur Internet, explique Sébastien Crozier, Directeur
associé d'Internet Telecom. Le modèle économique de notre société repose sur la
valorisation des flux. En conséquence, quoi qu'il advienne aux extrémités de la
chaîne du commerce électronique, ces flux, qui sont l'essence même d'Internet,
continueront d'exister. » Le fait qu'Internet Telecom ne soit lié à aucune
technologie particulière, à aucun coût d'infrastructure lourd et qu'il ne soit
pas directement impacté par le contexte économique d'Internet (travaillant sur
les flux, l'entreprise commercialise du trafic qui perdure quoi qu'il arrive),
la place, par définition, à l'abri des secousses du marché.
Un milliard de minutes fournies en 2000
Le premier métier d'Internet
Telecom a été de vendre de l'accès à Internet gratuit aux entreprises. La
libéralisation du marché des télécoms, et le fait que l'Internet gratuit
permette de mettre en place une stratégie de fidélisation des clients existants
et de conquête des prospects pour un coût au contact sans commune mesure avec
les dispositifs traditionnels, lui ont servi de tremplin. Aujourd'hui,
l'entreprise est devenue un grossiste de l'accès gratuit à Internet et prévoit
de fournir plus d'un milliard de minutes pour l'an 2000. La Fnac, Mageos, la
Société Générale ou encore Alta Vista lui font confiance. Réfutant les
allégations des sceptiques qui affirment que le modèle de l'accès à Internet
gratuit n'est pas économiquement viable à long terme, Internet Telecom rétorque
qu'il ne faut pas confondre les marques clients et les clients de ces marques.
« Notre vocation est d'intégrer tous les éléments nécessaires à la mise en
place de services Internet aux couleurs de marques existantes ou lors de leur
lancement, argumente Sébastien Crozier. Nous proposons une palette d'outils
complète qui comprend l'accès à Internet, mais également le courrier
électronique, la diffusion vidéo en streaming ou la diffusion d'informations
sur des terminaux WAP. » Le métier d'un opérateur qui possède son propre réseau
est de vendre de la connectivité, celui d'Internet Telecom est d'apporter de la
valeur à cette connectivité. Cette valeur ajoutée est aujourd'hui plus que
jamais fondée sur le WAP (Wireless Application Protocol). La décision
d'ouverture vers l'Internet des passerelles WAP des opérateurs mobiles a permis
à Internet Telecom de gagner son indépendance vis-à-vis d'eux. Cette
indépendance est le principal facteur clé de succès, puisqu'elle permet à une
marque de s'adresser à l'ensemble des utilisateurs de téléphonie mobile et ce,
quel que soit leur opérateur.
Des services à forte valeur ajoutée
Grâce au WAP, les services développés par Internet Telecom
tournent autour de trois valeurs : l'universalité (e-mail, bookmar...),
l'instantanéité (news, réservations, météo, services bancaires), la mobilité
(gestion d'un bureau virtuel permanent), et la localisation, qui va notamment
rendre possible la publicité régionalisée. « C'est une offre infiniment plus
riche que celle proposée jusqu'à maintenant par les opérateurs de téléphonie
mobile à travers leurs bouquets de services », commente Sébastien Crozier.
Pour assurer son entrée dans l'ère du WAP, Internet Telecom a signé un
partenariat avec Nokia, l'un des précurseurs dans le domaine. Cet accord avec
le fabricant suédois lui assure ainsi la pérennité de la technologie et le
leadership du marché, puisqu'Internet Telecom est le premier opérateur
alternatif à proposer une solution qui marie à la fois le mobile et le WAP.
L'offre a été testée par 20 entreprises avant d'être commercialisée sur les
marchés français, belge, suisse, anglais, espagnol, italien et allemand. Elle
permet aux marques de fixer leurs tarifs d'accès comme bon leur semble : de la
gratuité totale à l'accès surtaxé, générateur de revenus, de type kiosque.
Cette dernière est à l'image du Minitel et s'adresse davantage aux éditeurs de
services en leur proposant un système multi-palier (voir tableau ci-contre). La
rémunération se calcule, dans ce cas-là, en fonction du temps passé sur le site
de la marque. La seconde solution, de type label, est davantage destinée aux
marques souhaitant créer un bouquet de services ou un portail web. En optant
pour cette solution, la marque contrôle l'accès à ses service, la facturation
desdits service, et est en mesure de connaître les clients qui l'utilisent.
Pas d'introduction en bourse à l'horizon
Lancée en
janvier, l'offre WAP d'Internet Telecom devrait représenter 30 à 35 % de son
activité totale d'ici à la fin de l'année. A cette époque-là, environ 2
millions de terminaux compatibles devraient être en circulation. Le
développement à l'international d'Internet Telecom s'est fait à marche forcée
afin de pouvoir quadriller l'ensemble du territoire européen début 2000. A la
fin de cette année, l'étranger devrait représenter 20 % du chiffre d'affaires
global du groupe, contre seulement 2 à 3 % en 1999. En début d'année, la
capacité d'accueil de la société est passée à plus de 300 000 utilisateurs et
la prochaine étape logique serait son introduction en Bourse. Démarche dont
Sébastien Crozier, prétextant des raisons structurelles, ne veut pas entendre
parler pour le moment. « En revanche, nous avons récemment augmenté le capital
de la société auprès de nos collaborateurs, qui ont investi pas loin de 4
millions de francs, confie-t-il. Nous sommes une société encore jeune qui a
fini l'année 1999 en n'ayant enregistré aucune perte. Ce qui est, à mes yeux,
le meilleur gage de réussite. »
Tout ce qu'il faut savoir sur Internet Telecom
Créé en mars 1999 par Sébastien Crozier et Xavier Blanchot, le groupe Internet Telecom est composé de trois structures : Internet Telecom, dédié aux solutions d'accès à Internet et aux services en ligne ; Internet Performance, le centre de services clients ; Axidium Espace, la régie pub on line. L'offre Internet Telecom est disponible dans 6 pays européens : Belgique, Suisse, Allemagne, Espagne, Italie, Grande-Bretagne. Chiffre d'affaires 1999 : 20 MF. Effectif : 60 personnes.