.biz contre .com : la guerre est ouverte
La suprématie du point com, suffixe dédié aux marques, est menacée par l'arrivée en octobre du point biz (pour bizness). Reste à savoir si les entreprises choisiront de se doter d'un nouveau suffixe, en complément ou à la place du célèbre .com.
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Les "dotbiz" vont-elles remplacer les fameuses "dotcoms" ? C'est en tout
cas la volonté de NeuLevel (prononcer "new level"), administrateur de ce
nouveau nom de domaine. L'Icann (1) a en effet confié la gestion du point biz
(un des sept nouveaux suffixes créés récemment) à ce joint-venture réunissant
la société américaine NeuStar et l'entreprise australienne Melbourne IT. La
première, basée à Washington, gère le registre des numéros de téléphone pour
l'Amérique du Nord. La seconde, située à Melbourne (Australie), s'occupe du
principal domaine commercial australien (.com.au) et des domaines dits de
premier niveau (.com, .org et .net) pour la région Asie Pacifique. La création
d'adresses .biz sera effective en octobre prochain, mais elle sera passée
auparavant par trois phases. Un : le service de déclaration payant (90 dollars,
soit environ 650 F) en matière de propriété intellectuelle (mai à juillet),
visant à décourager les cybersquatters. Deux : les demandes d'enregistrement
des noms de domaine (juillet à septembre). Trois : la phase finale,
c'est-à-dire le lancement officiel du .biz et l'activation des adresses. Mais
pourquoi payer pour un nouveau nom de domaine commercial quand on est déjà
enregistré en point com ? « Le point biz a été véritablement pensé pour les
entreprises à vocation commerciale. Mais, surtout, notre niveau de sécurisation
est nettement plus avancé que pour les points com. De plus, ce nouveau suffixe
sera plus tourné vers les utilisateurs - users friendly - », avance Gérald
Kovach, senior vice-président external affaires chez NeuLevel. Autrement dit,
les litiges devraient être beaucoup moins nombreux que pour les points com. En
effet, on a beaucoup reproché à VeriSign, qui possède le monopole de la gestion
des points com, org et net, de distribuer les adresses sans vérification, sur
le principe du premier arrivé premier servi. Ce qui a entraîné une inflation
des recours devant l'OMPI (Organisation mondiale de la propriété
intellectuelle), organisme qui gère les conflits concernant l'utilisation
abusive des noms de domaine.
Quinze millions de marques déposées
Ainsi, en 2000, l'OMPI a recensé 1 841 plaintes pour les
seuls noms de premier niveau (.com, .net et .org), et 781 pour les cinq
premiers mois de cette année. « Nous proposons différents niveaux de service,
le plus basique coûtant 5 dollars (36 F) par an », ajoute le vice-président de
NeuLevel. Par exemple, un avertissement sera envoyé aux marques en cas de
tentative d'inscription pour un autre nom similaire. NeuLevel insiste également
sur son désir de mieux prendre en compte les besoins des entreprises hors
Amérique du Nord. La société a développé sa propre technologie issue de son
expérience dans la gestion des bases de données. Pour s'inscrire, les
entreprises ou les particuliers qui veulent utiliser un point biz à des fins
commerciales doivent passer par l'intermédiaire d'un des "registrars" agréés
par NeuLevel. Fin mai, ils étaient trois pour le marché français : BookMyName,
Namebay et NordNet. « Nous espérons que ces registrars seront très agressifs
dans leur commercialisation du .biz. De notre côté, nous avons mis au point un
plan de communication conséquent », ajoute Gérald Kovach, qui considère le
marché français comme l'un des principaux en Europe. NeuLevel compte bien
capter une bonne partie des quinze millions de marques déposées dans le monde.
La promesse d'une sécurité accrue pour les détenteurs de points biz
suffira-t-elle à assurer le succès de ce nouveau suffixe ? Réponse dans
quelques mois. (1) Internet Corporation for Assigned Names and Numbers,
organisme international (mais à forte coloration nord-américaine) qui gère les
noms de domaines.