7Plis glisse sur l'écologie et l'artisanat
Publié par Caroline Clermont le - mis à jour à
7Plis , c'est un homme qui a mis son expertise d'opticien-lunettier au service de sa passion: le skateboard. Retour sur l'histoire de la micro-entreprise artisanale et écologique, qui continue son expansion.
Les "sept plis d'érable qui sont colorés de manière différente d'une planche de skateboard à l'autre" sont à l'origine du nom 7Plis, selon le fondateur Florent Baraban. Il y a trois ans et demi, en 2016, l'opticien-lunettier crée 7Plis. La micro-entreprise propose des produits artisanaux: lunettes, montres et différents accessoires, fabriqués à partir de planches de skateboard recyclées. Pourquoi le skate? "C'est ma passion explique Florent Baraban, et c'est une matière première intéressante car elle est naturellement colorée et aléatoire. Elle est donc unique et il n'est pas nécessaire de rajouter des produits chimiques."
7Plis suit les préceptes du commerce circulaire. L'entreprise se situe à la croisée de trois marchés porteurs: le skateboard, l'écologie, l'artisanat. Florent Baraban se procure les planches auprès de skateurs, ou de magasins de skateboard. Il confectionne seul ses produits, avec l'aide ponctuelle d'un ami, depuis le garage de sa maison familiale à Seichamps, près de Nancy. Quinze heures de travail sont nécessaires pour produire une paire de lunettes. Avec une planche de skateboard, l'opticien-lunettier peut produire entre cinq et six paires. " Le coût de la monture n'est pas liée à la matière première mais au temps de fabrication affirme-t-il Je ne fais aucun bénéfice sur une lunette vendue 480 euros: l'opticien qui revend prend une marge, laquelle s'ajoute aux charges, et aux quinze heures de travail ." Florent Baraban met son savoir-faire au profit d'une lunette made in France, agréée par la Sécurité Sociale et donc titulaire de la norme CE.
Des lunettes mais pas que
L'opticien-lunettier ne produit pas seulement des lunettes. Il a élargi sa gamme de produits aux montres, couteaux et autres accessoires. Sa clientèle B to C n'est pas uniquement composée de la communauté des jeunes sportifs de glisse à laquelle il s'attendait. À sa grande surprise, pour les lunettes, un tiers de sa clientèle est âgée de plus de 65 ans. En ce qui concerne les montres, la majorité des clients ont entre 35 et 55 ans. Les ventes B to B sont également importantes pour les lunettes: elles sont distribuées par une vingtaine de magasins opticiens en France et en Suisse. 50% des lunettes sont vendues en B to B et l'autre moitié est écoulée en B toC. Pour les montres, la vente directe représente plus de 80%.
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Les ventes demeurent aléatoires, même si l'entreprise est rentable. "Certains mois, nous vendons une dizaine de lunettes. D'autres mois, nous n'en vendons pas. Mais nous avons également une multitude d'accessoires à proposer: il y a plus de 25 références sur Etsy", explique l'auto-entrepreneur. Les accessoires permettent de proposer une gamme plus accessible que les lunettes ou les montres - positionnées moyen de gamme - notamment pendant les événements skateboard ou écologiques. Ces événements permettent à 7Plis de gagner en visibilité. La micro-entreprise utilise également les réseaux sociaux (environ 30000 followers au total) pour communiquer: Facebook, Instagram, Linkedin et Pinterest. La plateforme Etsy, sur laquelle la micro-entreprise artisanale s'est développée, lui a offert une visibilité internationale. 7Plis exporte dans 25 pays, surtout aux États-Unis, en Allemagne et aux Pays-Bas.
Dès les débuts de 7Plis, Florent Baraban s'est tourné vers les États-Unis, pays d'origine du skate-board. Il a en effet mené une campagne de crowdfunding, il y a trois ans, sur la plateforme Kickstarter. En levant 10000 euros, il a pu financer son parc machine. La micro-entreprise est aujourd'hui en auto-financement.
Une entreprise artisanale tournée vers l'international
La place de l'e-commerce chez 7Plis est très importante. "J'étais tout seul. Entre la production, la communication, le montage des verres, il m'était impossible de développer une plateforme ou un site Internet", explique Florent Baraban, qui s'est tourné vers Etsy. En plus de la visibilité que la plateforme lui a apporté, en France et à l'étranger, il revendique sa simplicité d'utilisation et son coût peu élevé. 7Plis, c'est également un atelier show-room dans lequel les clients peuvent venir essayer les montures des lunettes et faire les examens de vue comme chez un opticien traditionnel.
Après des débuts difficiles - du fait de la nécessaire adaptation à un matériau qu'il ne connaissait pas, le bois - Florent Baraban continue son expansion. Il voudrait d'ici deux ans embaucher deux à trois personnes. Il souhaiterait également développer les accessoires et son réseau de distributeur. Il s'agirait finalement de "gagner en visibilité (...) mais surtout de rester à taille humaine", conclut le skateur-entrepreneur.