[#VISION 2021] Julia Faure, Cofondatrice de LOOM
Publié par Marie-Juliette Levin le - mis à jour à
Chaque lundi pendant deux mois, E-commerce Magazine donne la parole à des leaders d'opinion de la communauté pour qu'ils exposent leurs projets en cours et leur vision du rebond en 2021. Cette semaine rendez-vous pris avec Julia Faure, Cofondatrice de LOOM.
" On peut faire du business et respecter la planète "
Dans quel contexte est né LOOM ?
Cette marque qui fabrique des vêtements faits pour durer est née d'un constat. Nous avons cherché à comprendre avec mon associé pourquoi les vêtements, quel que soit le prix d'achat, étaient d'aussi mauvaise qualité. Du coup, en 2016, nous avons eu envie de lancer une marque de vêtements qui durent dans le temps. Au départ, la démarche n'était pas vraiment écologique. Puis, au regard de ce que l'on a découvert sur les travers de l'industrie du textile, nous sommes passés de businessmen à militants. Créer notre propre marque était pour nous un moyen d'agir pour rendre cette industrie plus éthique d'un point de vue social et environnemental.
Comment fonctionne votre modèle ?
LOOM fabrique ses articles en France et au Portugal. Comme nous n'avons pas beaucoup de nouveautés, nous pouvons passer beaucoup de temps sur la fabrication de nos produits. Nous co-construisons nos modèles avec les consommateurs qui sont interrogés sur ce qui ne va pas dans les vêtements qu'ils achètent pour leur offrir des articles en osmose avec leurs attentes. Ensuite, nous ne travaillons pas sur des collections, mais sur des "générations" de nos articles (des versions améliorées). Ce fonctionnement en mode itératif est celui des ingénieurs. Nous ne fonctionnons pas à l'intuition, mais en agrégeant la donnée de nos clients. Et cela porte ses fruits puisqu'en 2020, nous sommes rentables avec un chiffre d'affaires d'un million d'euros et 10 000 clients, sans pub, sans promo, sans influenceurs, sans incitation à la consommation. Nous sommes en rupture de stock sur la moitié de nos produits.
Quelle est votre vision du commerce responsable ?
Depuis les années 80-90, le secteur de la mode a changé de paradigme. Avec la " Fast fashion ", l'industrie est passée de la qualité à l'obsession de la nouveauté. Et elle a entraîné avec elle tout le reste de l'industrie. Nous prenons le contre-pied avec Loom. Notre mission, c'est d'allonger la durée de vie du produit, pas de pousser à la consommation.
Haro sur le Black Friday ?
Tout le monde s'insurge contre la Black Friday mais personne ne remet en question les soldes, la multiplication effrénée des nouvelles collections, l'incitation à consommer. Le Black Friday, c'est le nouveau marronnier du green washing. Mais qu'est-ce qui est vraiment sincère ? La logique, ce serait de ne pas faire de soldes en janvier et en juin. Qui le fait ? L'anti-black Friday, c'est déjà ringard.
Quels sont vos objectifs pour 2021 ?
Nous visons 1,5 million d'euros de chiffre d'affaires. Nous enregistrons 50% à 80% de croissance par an uniquement sur le bouche-à-oreille. Le succès de notre entreprise est la preuve que la prise de conscience écologique des consommateurs est bien réelle. Nous allons lancer une collection femme et ouvrir une boutique à Paris en septembre. Nous cherchons la rentabilité, sans sacrifier nos valeurs. Notre objectif est de prouver qu'une marque honnête et à valeur peut être rentable et que ce modèle, c'est le nouveau standard. Et si les consommateurs choisissent des marques comme la nôtre, cela forcera les autres acteurs à relocaliser leur industrie, à produire moins.