Amazon attaqué de toutes parts pour concurrence déloyale
Publié par François Deschamps le | Mis à jour le
Le géant américain de l'e-commerce, dans la ligne de mire du Syndicat de la librairie française pour des pratiques de concurrence déloyale, ne pourra plus cumuler la gratuité des frais de port sans minimum d'achat pour l'achat de livres sur son site, avec un rabais systématique de 5%.
Sous le feu des projecteurs médiatiques pour de mauvaises raisons, Amazon s'est attiré les foudres du Syndicat de la libraire française (SLF) qui dénonce des pratiques de concurrence déloyale, consistant à cumuler à la fois la gratuité des frais de port sans minimum d'achat pour l'achat de livres sur son site, avec un rabais systématique de 5%. SLF explique par ailleurs qu'offrir les frais de ports revient à vendre à perte pour tuer la concurrence, et détenir un monopole des ventes.
Une proposition de loi déposée par des députés UMP, a été votée jeudi 3 octobre 2013, à l'Assemblée nationale. Elle porte sur la suppression pure et simple des frais de port gratuits pour la vente des livres en ligne, à prix unique.
Avant l'adoption de cette loi, interrogé par Le Figaro, Romain Voog, p-dg d'Amazon France était clair : "Il est évident que nous ne vendons pas les livres à perte car c'est illégal! Si Amazon perd de l'argent, ce n'est pas parce qu'il fait du dumping sur les prix mais parce qu'il investit massivement dans des entrepôts. En France, nous avons ouvert quatre entrepôts dans lesquels nous stockons 800.000 titres différents pour pouvoir servir au mieux les lecteurs".
Romain Voog s'était néanmoins défendu d'être menacé par la loi : "si les projets de loi passent, cela aura un impact mineur sur Amazon, mais, en revanche, cela pénalisera les consommateurs et menacera la diversité culturelle en France, car Amazon offre le plus large choix de livres neufs ou d'occasion en France".
Amazon se cacherait-il derrière la qualité de service et de prix offertes aux consommateurs, pour agir commercialement comme bon lui semble? Sur son site, SLF s'explique : "En France, Amazon est sous le coup d'un redressement fiscal de 200 millions d'euros concernant la période 2006-2010, la quasi-totalité de son chiffre d'affaires réalisé dans notre pays étant déclaré au Luxembourg. En intégrant les années 2011, 2012 et 2013, l'impact financier de l'évasion fiscale mise en place par Amazon est estimé à près d'un demi-milliard d'euros (...) Au final, ce sont les contribuables de France et d'ailleurs qui financent la gratuité des frais de port. Ce que les clients d'Amazon gagnent en frais de port, ils le perdent en impôts !"
Depuis quelques temps, Amazon subit une forte pression en France, mais aussi à l'étranger et notamment en Allemagne, où des centaines de salariés travaillant dans les entrepôts de la firme, étaient en grève, en juin dernier. Ils dénonçaient alors les conditions de travail difficiles et des salaires trop bas.