DossierRH: profils et salaires sur le Web
4 - Les astuces des web marchands pour attirer les candidats à l'embauche
Face à la pénurie de candidats qualifiés, nombre de web marchands privilégient la formation en interne et tentent de séduire les jeunes diplômés.
Les jeunes entreprises spécialisées dans le commerce en ligne peinent à recruter des profils adaptés. " Nous recrutons tous azimuts. Nous avons des besoins urgents, tous profils confondus et vite opérationnels. Mais il y a une pénurie d'offres sur le marché, notamment de bons développeurs et des ingénieurs. Du coup, notre stratégie est de sélectionner des jeunes que nous formons nous-mêmes et que nous fidélisons en leur proposant de la souplesse dans le management, de bonnes conditions de travail et des locaux agréables. Nous préférons investir dans des heures de formation plutôt que dans une seniorité pas toujours payante. Souvent, nous proposons des stages de longue durée que nous transformons en contrats. Nous évitons les chasseurs de tête, car au final, les candidats viennent pour de mauvaises raisons ", explique Mathieu Llorens, CEO d'AT Internet.
Les réseaux sociaux, comme canaux de recrutement, sont évidemment privilégiés par les start-up du Web, dont le moteur est la viralité. C'est notamment le cas de Tribway, jeune réseau social de shopping, lancé par cinq compères en juin 2012. " Les embauches en CDI ne sont pas prévues avant 2014. Mais, en attendant, nous formons des stagiaires très impliqués que nous n'allons pas forcément chercher à la sortie des écoles mais sur Facebook. La passion est la plus importante pour nous, au-delà de la formation ", explique Sarah Allart, un des cofondateurs.
Les start-up attirent certains profils de candidats qui veulent se frotter aux réalités de l'entreprise. Ils sont avides d'échanges directs avec leur hiérarchie (la moins pesante possible, d'ailleurs) pour apprendre vite. " Nous ne pouvons pas nous aligner sur les salaires des grandes entreprises. À la place, nous proposons des stock-options, une philosophie d'entreprise autour du partage, dans un environnement intéressant?", indique David Bessis, cofondateur de TinyClues, une start-up qui " cherche de petits indices dans de grandes masses de données ", pour de grands noms du commerce en ligne. Mais cela ne l'empêche pas de souffrir de la pénurie de compétences dans le digital. " Impossible de trouver des data scientists, des développeurs sur le marché. Du coup, nous essayons d'attirer des profils différents, parfois inattendu. "
Sur notre site, à la rubrique "jobs", nous proposons un poste de scientifique sous l'appellation "Mystery position", pour ouvrir le recrutement et susciter la curiosité de candidats d'univers différents. Et en l'absence de candidatures intéressantes, nous finissons par privilégier la formation en interne ", justifie David Bessis, lui-même issu du monde académique. Idem pour Didier Blaise, fondateur et p-dg d'allopneus.com, pure player français, leader de la vente et du montage de pneus sur Internet. " Nous recrutons des jeunes, âgés de 25 ans en moyenne, à qui nous offrons les conditions de travail d'une start-up, en open space, dans des locaux agréables, à Aix-en-Provence. Nous recherchons des techniciens, des community manager mais aussi des responsables achats et sourcing et nous privilégions la formation en interne ", explique Didier Blaise.
Pour pallier sa difficulté à trouver de bons profils à l'international, Spartoo, présent dans plus de 16 pays européens, vient de lancer ses pages Facebook et LinkedIn entièrement dédiées au recrutement de nouveaux talents. " Nous allons embaucher une quarantaine de candidats en 2013. Nos besoins sont urgents en développeurs, ingénieurs mais aussi en chargés de clientèle, à qui nous demandons de venir s'implanter au siège, à Grenoble ", explique Christine Milan-Spreuzkouski, directrice des ressources humaines de Spartoo.
La politique RH des acteurs du Web va rester au coeur de leur préoccupation de développement. Il s'agit d'un enjeu stratégique pour l'ensemble du marché, au regard des entreprises qui ne cessent de se créer et des métiers qui n'arrêtent pas d'évoluer. Selon la Fevad, en 2012, le nombre de sites marchands recensés en France a augmenté de 17 % par rapport à 2011, passant à près de 120 000. Il continue de se créer un nouveau site toutes les demi-heures. Inutile de préciser que la crise du recrutement dans le Web n'en est qu'à ses débuts.