Ozon.ru, géant du Web marchand russe
Publié par François Deschamps le | Mis à jour le
Avec plus de 300 millions de dollars de chiffre d'affaires l'an passé, Ozon est en quelque sorte le petit frère slave d'Amazon. Le portail, dirigé par une française, a réalisé une levée de fonds de 100 millions de dollars en septembre 2011.
De Pouchkine à Dostoïevski, nombreux sont les poètes et autres écrivains du XIXe siècle à avoir tenté de sonder l’âme russe. Avec Ozon.ru, équivalent slave d’Amazon.com, c’est un peu de l’âme russe digitale 2.0 qui se dévoile. Résolument plus simple à appréhender, elle n’en est pas moins passionnante.
Ozon.ru est un site marchand âgé de 14 ans, appartenant à la holding Ozon, qui se compose, en outre, du voyagiste Ozon.travel, d’une activité de logistique, O-Courier et, depuis février 2012, du site Sapato.ru, spécialiste de la vente de chaussures en ligne dont il a fait l’acquisition. L’originalité de l’ensemble tient aussi à sa dirigeante, une Française de 34 ans, Maelle Gavet. Propulsée à la tête du groupe il y a deux ans et demi, alors qu’elle était la directrice du marketing et de la relation client, elle n’a eu de cesse de développer l’activité des sites.
Et en 2011, la société Ozon affichait une croissance insolente de 85 %, pour un chiffre d’affaires de plus de 300 millions de dollars (241 millions d’euros). Une réussite reconnue, qui a notamment permis à la firme de boucler une levée de fonds de 100 millions de dollars (près de 80 millions d’euros) en septembre 2011, auprès de ses deux actionnaires historiques, le russe Ru-Net et le Britannique Index Ventures, et deux nouveaux arrivants : le suisse Alpha Associates et le géant de l’e-commerce japonais Rakuten. "Cette levée de fonds a été ma période de test à la tête de la société", se souvient Maelle Gavet.
De spécialiste du livre à site généraliste
Ozon.ru propose pas moins de 1,5 million de produits à la vente, et Maelle Gavet n’entend pas en rester là : "Notre ambition est de continuer à accroître notre assortiment de produits et d’atteindre 3 à 4 millions de références rapidement". Car le potentiel de vente existe bel et bien. La Russie compte 143 millions d’habitants, et selon une étude ComScore, en 2011, il y aurait 50,8 millions d’internautes dans le pays.
Afin de réussir son pari, Maelle Gavet se repose notamment sur les 1 500 salariés de la société, tout en continuant de recruter, non sans difficulté. "En tant que pionnier du Web dans le pays, nous peinons parfois à dénicher des profils ciblés relatifs à l’Internet, explique-t-elle. D’une manière plus générale, il y a des problèmes de pénurie sur certains profils, dans le secteur du marketing, par exemple." Ainsi, pour les profils web, Ozon dispose de ses propres formations et Maelle Gavet confie "passer un temps considérable" sur les problématiques relatives aux ressources humaines.
Le défi de la logistique
Couvrir un territoire aussi grand que celui de la Russie n’est également pas une mince affaire. Pour autant, Ozon doit être en mesure de livrer ses clients, peu importe le lieu où ils se trouvent, dans le respect des délais. "On ne peut pas simplement avoir recours à la Poste russe, notamment à cause de problèmes de rapidité".
À demi-mot, la directrice générale d’Ozon souligne le manque de fiabilité des services postaux en Russie, qui assurent tout de même 10 % des commandes du site, en raison de sa très large couverture du territoire. Mais les 90 % restants sont livrés par O-Courier, l’entité de la holding en charge d’assurer la logistique, plus efficace et plus rapide.
La livraison revêt une dimension particulièrement importante, aussi en raison de son imbrication avec le paiement des marchandises. "80 % de notre chiffre d’affaires est réalisé en argent liquide, assure Maelle Gavet. Nous faisons essentiellement du paiement à la livraison". Car la Russie est une économie qui repose sur les espèces et où le taux de pénétration de la carte bancaire est nettement moins important qu’en France. Pour le développement de ses sites, la patronne d’Ozon voit large : "Nous sommes déjà présents au Kazakhstan et en Biélorussie. Nous avons prévu de nous étendre vers les anciens pays du bloc soviétique". Un énorme potentiel de croissance.