Marc Lolivier, délégué général de la Fevad : "Les Enjeux 2015 permettent de prendre de la hauteur sur les grandes mutations du secteur"
Publié par François Deschamps le | Mis à jour le
Uberisation, collaboratif, émotion... Marc Lolivier, délégué général de la Fevad, dévoile les temps forts de la journée des Enjeux organisée par la fédération, le 2 juillet prochain au Pavillon Gabriel à Paris. Le thème de cette nouvelle édition : "Drive the digital change".
L'édition 2015 des Enjeux est placée sous le thème " Drive the digital change ", pourquoi avoir opté pour ce thème ?
Lors des précédentes éditions, les 'Enjeux de la Fevad' étaient davantage axées 'métier'. Cette année, nous voulions appréhender les enjeux d'un point de vue plus macro. " La transformation numérique " est le thème qui résume le mieux la situation du moment, et plus particulièrement celle du e-commerce qui a toujours été à la pointe du numérique. En effet, c'est un secteur en état de changement permanent. Il y a d'abord eu la révolution e-commerce, puis le commerce mobile, le collaboratif... en résumé, une transformation qui oblige sans cesse les entreprises à s'adapter. Cette mutation concerne les grandes sociétés comme les plus petites, des plus traditionnelles aux plus récentes, et représente un défi pour tout le monde. Les 'Enjeux de la Fevad' ont été pensés cette année sur l'idée de prendre de la hauteur par rapport à cette réalité, et d'essayer de comprendre ce qu'elle implique afin de permettre aux entreprise de s'y préparer au mieux.
Un certain nombre d'industries françaises n'ont pas pris assez rapidement le tournant du digital, et craignent désormais de se faire " uberiser ". Les sociétés françaises ont-elles les moyens de faire face à ce phénomène, n'est-ce pas trop tard ?
D'une part, il n'est jamais trop tard pour bien faire, et d'autre part, les entreprises françaises n'ont pas le choix. Elles ont toutes leurs chances d'y parvenir, car elles possèdent un savoir-faire et une expertise. Il y a aussi une grande créativité en France que l'on retrouve notamment au sein des startups. Pour autant, la concurrence est mondiale, et se joue aujourd'hui entre les trois grands continents, autrement dit l'Europe, les États-Unis et l'Asie avec notamment la Chine. Dans cette compétition la France a une carte à jouer à condition qu'on lui en donne les moyens. Notamment en leur offrant un marché et un environnement propice, à la fois à l'échelle nationale et européenne.
La création d'un environnement propice nécessiterait selon vous des adaptations d'ordre fiscales, juridiques ?
En effet, le marché européen se compose de 500 millions de consommateurs. Sa taille est plus importante que celui des États-Unis. Les entreprises françaises sont pleines d'allant envers l'internationalisation de leurs activités, et spécialement dans le secteur du e-commerce. En revanche, les e-marchands ont des difficultés à faire face aux 28 législations différentes, complexes à appréhender, et pas toujours maitrisées. Dans ces circonstances, la fiscalité est un enjeu important. Par exemple, un e-commerçant souhaitant opérer dans un ou plusieurs pays doit avant tout s'enregistrer auprès de chacun d'eux, tandis qu'aux États-Unis, lorsqu'une entreprise est crée, elle peut immédiatement adresser ses produits ou ses services à l'ensemble des consommateurs américains. Il faudrait par ailleurs imaginer des systèmes permettant de faciliter l'appréhension des différents systèmes de TVA. Le MOSS (Mini One-Stop Shop) pourrait en être un exemple.
Quelles sont les grandes nouveautés de l'édition 2015 des Enjeux ?
La matinée sera consacrée à l'analyse et la compréhension des grandes tendances et des grands mouvements : l'uberisation, le collaboratif, l'open innovation, l'economy on-demand ... Raphaël Enthoven, en tant que philosophe, apportera un éclairage sur la manière dont les consommateurs vivent ces changements, et précisera quelle en est l'amplitude. Philippe Moati, professeur d'Economie à l'université Paris-Diderot interviendra pour sa part, sur l'impact macro-économique de ces évolutions. Ensuite, Sébastien Bazin, p-dg du groupe Accorhotels, viendra illustrer la manière dont il est possible de transformer une grande entreprise grâce au digital pour en faire un leader mondial. Par ailleurs, une table ronde fera l'objet d'un phénomène tout à fait nouveau, autour de l'émotion. En effet, il y a aujourd'hui 160 000 sites marchands actifs en France, soit une concurrence très âpre, avec un enjeu fort pour les e-marchands : la différenciation. Or, le web est par définition un média froid, considéré comme impersonnel et purement technologique. L'émotion peut donc être un élément fort de différenciation pour les e-commerçants. La vraie question étant de déterminer si l'on peut recréer cette émotion, qui est davantage pour l'heure, l'apanage des magasins physiques. L'un des secteurs les plus en pointe sur cette dimension est le luxe ; c'est pourquoi nous aurons des intervenants de ce domaine, et notamment Matchesfashion.com, concurrent de Net-à-porter, qui s'exprimera pour la première fois en France.
Pour la première fois, un concours de startups est organisé au cours de l'événement...
Nous avons en effet choisi de mettre en place cette initiative car les startups participent activement au dynamisme du numérique et à la mise en valeur du savoir faire français. Certains de nos adhérents ont manifesté un intérêt pour ces jeunes pousses car elles sont en mesure d'apporter un nouveau regard, de nouvelles solutions et c'est aussi une autre manière de faire de la R&D. Nous voulons donc récompenser des startups qui offrent des solutions mobiles, potentiellement applicables aux sites marchands, appelés finalement à être leurs futurs clients. Nous avons mis en place une plateforme sur Internet, " Up we start ", qui a permis de rassembler une cinquantaine de dossiers. Nous en avons retenu dix qui ont été présentés au Conseil d'Administration de la Fevad regroupant une vingtaine de p-dg de grands sites marchands. Les cinq startups 5 retenus par ces derniers viendront pitcher lors de la journée des " Enjeux " devant plus de 500 professionnels qui voteront pour élire la meilleure. Une belle opportunité.