[One to One Monaco] La transformation RSE, une étape obligatoire à franchir sans plus attendre
Publié par Lisa Henry le | Mis à jour le
La deuxième journée de One to One e-commerce à Monaco a été marquée par plusieurs interventions autour de la RSE. Réponse à une pression réglementaire ou véritable fer de lance, les entreprises finissent par trouver leurs marques face à ces nouvelles normes à la fois contraignantes et porteuses de croissance.
Depuis quelques années, la RSE est devenue un sujet politique selon Philippe Berlan, CEO de La Redoute. Ainsi, la réglementation Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) devra bientôt être appliquée dans toutes les entreprises. C'est en 2026 que l'e-commerçant historique devra publier ses résultats ESG. "Cela signifie que nous devrons appliquer un cadre comptable à la transformation RSE de notre business, à travers l'analyse de la double matérialité : qu'est-ce qui a un impact majeur au niveau de notre entreprise et comment cela rejaillit sur la société." Pour La Redoute, c'est la conception de ses produits qui représente la majeure partie de l'impact écologique de la marque. Commence alors un travail de fond pour Philippe Berlan : "Nous partons donc de ce constat pour nous améliorer, en réfléchissant à l'écoconception, les matières premières utilisées, le circuit court, l'utilisation de l'énergie..."
La réflexion se porte donc sur l'évolution du mode de production, mais aussi sur son impact sur le portefeuille des clients. Si demain les produits La Redoute étaient fabriqués en lin plutôt qu'en coton, le coût de fabrication augmenterait, "nous devrons alors nous poser la question du prix final : est-ce que nous nous renonçons à nos marges ou est-ce que nous augmentons le prix pour nos clients ? Évidemment nous ne pouvons espérer que l'entreprise demeure pérenne s'il n'y a pas de bénéfice. Il faudra voir ce que le consommateur est prêt à payer et à quelle vitesse il accepte de changer ses habitudes."
La réindustrialisation, un problème de riche ?
Pour Lisa Nakam, directrice générale associée de Jonak, la consommation responsable et les questions de prix et de pouvoir d'achat qu'elle soulève sont parfois une question de bon sens : "Je pense qu'il faut parfois que nous branchions notre cerveau quand on achète, et qu'on réfléchisse à l'impact de notre consommation." C'est ce débat du "consommer mieux" qui entoure la réindustrialisation, sujet brûlant de l'industrie textile. Alors que les produits manufacturés représentent 9 % du PIB de l'industrie, seuls 3 % des vêtements consommés en France sont fabriqués sur le territoire.
Le coût de production et la protection du pouvoir d'achat des Français ne sont pas des arguments valables dans le débat du made in France selon Thomas Huriez, fondateur de 1083 : "Il suffit de voir les voitures françaises, il y a de l'entrée de gamme et du luxe. Concernant les téléphones, Huawei et Apple fabriquent tous les deux leurs produits en Chine. Pourtant, ils ne coûtent pas le même prix." Pour lui comme pour Lisa Nakam, c'est la durabilité et la qualité qu'il faut mettre en avant auprès des clients, en exposant le fait que consommer mieux est sur le long terme plus économique.
Même logique pour la production. Si certaines entreprises sont réticentes à relocaliser leur production en France, le circuit court s'est avéré être un avantage majeur pour Tediber : "Les pénuries de matières premières ou la crise du transport que nous traversons nous ont permis de démontrer la pertinence de notre modèle économique, puisque nous avons surmonté ces problématiques sans peine", explique Julien Sylvain, CEO de Tediber. Les entreprises voulant s'atteler à une meilleure consommation doivent encore définir les modèles économiques qui vont avec car elles doivent concilier performance et impact positif. Même si cela peut paraître contradictoire, c'est possible, d'après Stéphanie Hospital, fondatrice et CEO du fonds d'investissement OneRagtime, qui cite l'exemple de Pickme, et le succès que rencontre cette start-up en jouant sur les deux tableaux.