Nenad Cetkovic (COO de Lengow) : "En France, nous avons une frénésie dans la création de marketplaces"
Publié par Dalila Bouaziz le | Mis à jour le
À l'occasion de la cinquième édition du Lengow Day, rendez-vous des acteurs de l'écosystème e-commerce autour du cross border, Nenad Cetkovic, COO de Lengow, revient sur les évolutions de l'écosystème français.
Le marché français de l'e-commerce est assez compliqué, la croissance est toujours là mais elle n'est plus aussi présente que les années précédentes. Les e-marchands français ont besoin de s'exporter pour chercher de nouveaux marchés. Actuellement, vous avez de nombreux mouvements notamment concernant les marketplaces, un mouvement franco-français aujourd'hui. Aucun autre pays en Europe n'a connu un tel engouement.
En France, nous avons une frénésie dans la création de marketplaces. Actuellement, nous avons 30 demandes d'intégration de places de marché au sein de notre plateforme.
Nous avons pris le parti historiquement de ne pas toutes les intégrer par choix, nous incorporons celles de nos clients. Cela est en effet un effort pour nous en termes de développement, de marketing car nous avons besoin qu'elle soit utilisée par les clients.
Nous voyons actuellement beaucoup de développement autour de l'intelligence artificielle et les bots, ce sont des sujets sur lesquels l'ensemble des acteurs prospectent. Le bot est la première solution pour rendre son site mobile efficace et performant. Près de 70% de nos clients sont multinationaux et ce n'est plus une affaire de grande marque.
Les problématiques de traduction de site et de localisation sont fondamentales aujourd'hui.
Vous avez chaque mois une centaine de marchands chinois qui arrivent sur les marchés européens à travers les marketplaces, cela représente près de 140 000 e-commerçants actifs. Cela va forcément chambouler le paysage en renforçant la concurrence pour les petits et moyens marchands, surtout lorsque la valeur ajoutée de certains d'entre eux est d'avoir bien sourcé leurs produits auprès des fabricants chinois et de les revendre avec une marge. Ces derniers arrivent en direct avec des prix plus bas 30 à 40% moins chers, des frais de livraison gratuits... Ce phénomène touche actuellement l'Angleterre, l'Espagne, la France et l'Allemagne de manière importante. AliExpress est ainsi la première marketplace en Espagne depuis le début de l'année.
Je pense que nous allons connaître une grosse concentration des marketplaces car nous en avons beaucoup en France. Elles vont devoir commencer à travailler leur valeur ajoutée et leur différenciation. Google Shopping est à observer de près après l'ouverture de ses emplacements aux comparateurs suite aux déboires qu'ils ont eu avec la Commission européenne (NDLR : depuis le 28 septembre, Google permet aux services de comparaison de payer pour placer des publicités au sommet de ses résultats de recherche). C'est un phénomène nouveau qui va permettre aux e-commerçants de booster leurs alternatives aux comparateurs car ils ont à présent accès aux audiences réalisées sur Google Shopping. Même si Google est aujourd'hui plus focus sur Amazon, en évoluant certainement vers un modèle de type marketplace, d'ici l'année prochaine.
Autre évolution, nos clients nous demandent de plus en plus de travailler sur le cross chanel, les enseignes nous demandent d'orienter une recherche en ligne vers un achat off line, de lier les deux canaux. Nous voyons les acteurs on line et off line se rapprocher, ce que nous ne voyons pas vraiment sur les autres marchés européens. Cela montre peut-être que nous sommes plus matures en France !
Nous avons commencé à déployer notre nouvelle plateforme depuis le printemps dernier notamment en Allemagne, et nous allons l'étendre aux autres pays européens. Notre défi est de réussir à connecter nos 1 800 canaux et de commencer la migration de nos clients. Nous allons créer un appstore en 2018-19 pour rendre opérationnel le cross border à nos clients.
Nous avons également lancé, en octobre dernier, une première filiale en Allemagne pour accélérer sur les grands comptes. Enfin, la Chine reste encore et toujours notre challenge. Nous essayons depuis deux ans d'entrer sur le marché chinois. Il est difficile d'accompagner les marques européennes en Chine, c'est un marché fermé où vous devez confier certaines parties techniques à des acteurs locaux et cela est très complexe à gérer.