[Tribune] Le fournisseur du Père Noël est en colère
Publié par Philippe Gueydon, directeur général de King Jouet, co-président de la Fédération des commerces spécialistes des jouets et des produits de l'enfant le | Mis à jour le
L'enseigne spécialiste de jeux et jouets s'insurge contre l'iniquité concurentielle de ce nouveau confinement, qui permet aux hypermarchés et aux pure player internet de continuer à vendre des jouets et revendique une égalité de traitement pour sauver le secteur qui réalise 60% de son CA à Noël.
Le Président de la République vient d'annoncer un reconfinement ; je fais confiance en ceux qui nous dirigent sur leur conviction que c'est (malheureusement) la seule mesure qui permettra au pays d'endiguer la deuxième vague Covid. En revanche, en tant que dirigeant de l'enseigne King Jouet (fournisseur du Père Noël !), je revendique avec force, une égalité de traitement, une concurrence loyale et équitable dans les modalités pratiques de ce reconfinement, qui, en l'état, pour notre secteur, risque de profiter aux pure players internet (notamment Amazon) et aux hypermarchés.
Le gouvernement n'a pas jugé bon d'inscrire le jouet dans la liste des secteurs de "première nécessité", pourtant, de notre point de vue, les jeux et jouets sont bien des articles de première nécessité pour les enfants, essentiels à l'éveil des plus jeunes, à leur développement, à leur épanouissement, favorisant les moments de convivialité en famille, les accompagnant dans la période anxiogène actuelle, leur permettant de célébrer dignement les fêtes de Noël à venir...
Je suis en colère d'imaginer que les hypermarchés pourront continuer librement à ouvrir aux clients leurs rayons de jouets, sans démonstration d'ailleurs qu'un client serait plus en sécurité sanitaire dans un rayon d'hypermarché qu'à l'intérieur d'un de nos magasins King Jouet. Et les pure players internet, qui ont déjà gagné "artificiellement" lors du premier confinement trois années d'habitude de fréquentation (dixit leur fédération), vont potentiellement encore bénéficier d'un report arbitraire de parts de marché.
Pour ces raisons, le gouvernement doit trouver une parade à cette complète iniquité concurrentielle, alors que nous sommes au coeur de la saison de Noël qui représente 60% de nos ventes annuelles.
Soit le jouet est un produit de première nécessité et nous pouvons tous restés ouverts dans un cadre sanitaire strict, soit ce n'est pas vu ainsi par les pouvoirs publics et alors les hypermarchés doivent fermer l'accès à leurs rayons de produits qui ne sont pas de première nécessité. Et les pure players Internet, comme cela avait été jugé pour Amazon au printemps dernier, doivent strictement concentrer leurs ventes sur ces mêmes produits de première nécessité. Là aussi, c'est légitime pour ne pas "consacrer" le monopole de la vente de jouets entre les mains de quelques grands acteurs.
Cette règle est vitale pour nos enseignes de proximité, pour la pérennité de notre mission auprès des enfants et des parents, pour nos entreprises françaises de taille intermédiaires, pour préserver les 20 000 emplois de notre secteur.