Recrutement retail : Comment s'adapter aux évolutions métiers ?
Publié par Christelle Magaud le - mis à jour à
85 % des emplois qui seront occupés en 2030 n'existent pas encore selon Pôle emploi. Par exemple, le Chief Virtual Officer sera-t-il l'un d'entre eux ? Sûrement, répond Maya Henni, Directrice Conseil du cabinet Exolys RH, qui décrypte l'accélération des transformations dans les métiers du retail.
Quelles sont les nouvelles compétences que recherchent les retailers aujourd'hui?
Avec le développement des parcours omnicanaux et des réseaux sociaux, le retail change de dimension. Il doit, bien sûr continuer à vendre des produits et des services mais aussi et surtout offrir des expériences marquantes et émotionnelles, des interactions nombreuses, ... En réaction à ces changements, les Ressources Humaines reformulent alors les référentiels métiers. Pour identifier les collaborateurs dont les qualifications sont insuffisantes au vu de ces transformations et établir en conséquence les bons programmes de formation et d'accompagnement. Il s'agit bien entendu de compétences dans le digital, la data, l'influence marketing, l'animation de communautés mais aussi la RSE ... L'idée étant d'actualiser leurs compétences sur les nouvelles composantes du métier. C'est typiquement le cas d'un responsable marketing, qui prend une dimension plus transverse, avec des compétences numériques élargies. On voit d'ailleurs de plus en plus des Chief Marketing & Digital Officer (CMDO), qui sont chargés d'insuffler une stratégie cohérente entre le digital, l'e-commerce, et les enjeux marketing plus traditionnels (magasins, offres, clients...).
Mais également, ces nouveaux référentiels métiers servent à catégoriser les compétences sur lesquelles le DRH doit concentrer ses recrutements.
Est-ce que le marché du recrutement est en sous-tension ?
Bien sûr ! Et cette pénurie va s'intensifier à mesure que les nouvelles technologies se développent, de plus en plus vite, et que le temps de formation s'allonge, de plus en plus. Ces difficultés de recrutement se retrouvent d'ailleurs à tous les niveaux : d'abord pour les métiers en amont de la mise en marché d'un produit, comme les data consumer, ... D'après l'Observatoire de la maturité data des entreprises 2022, 46 % des sondés citent le manque de compétences data en interne ! Presqu'une réponse sur deux ! Aussi, il y a une très forte recherche de talents qui n'est pas comblée pour les métiers en aval, sur la mise en marché propre du produit, comme les responsables d'expériences immersives en point de vente (UX), les responsable CRM, etc. Ce sont des compétences très prisées.
Comment recruter dans ce contexte ?
Le schéma qui consiste à chasser un candidat pour un poste équivalent n'est plus le bon mode de fonctionnement. Chez Exolys, nous privilégions la quête de profils divers et variés : par exemple, pour un poste de responsable de magasin, nous ne cherchons plus un profil de responsable de magasin « classique ». Nous regardons plutôt du côté de managers ayant une posture de « coachs », détenant une forte compétence en social media et en animation d'équipes et nous nous intéressons aux soft skills comme l'intelligence relationnelle, la créativité, la curiosité, la flexibilité... Ce type de profil saura parfaitement mettre en place un réseau de vendeurs à la fois influenceurs, conseillers et ambassadeurs en point de vente, comme le nécessite le retail aujourd'hui. Il aura l'appétence pour encourager ses équipes en magasins à participer aux séances de live shopping, à mener des sessions individualisées de coaching à distance, à communiquer avec les clients via les canaux numériques type WhatsApp etc. Il devra juste suivre une formation pour combler ses lacunes en vente.
On parle d'une guerre des talents, particulièrement forte dans les métiers du retail. C'est le cas ?
Certainement. Les retailers s'arrachent littéralement les Talents. C'est la raison pour laquelle le fameux «post and pray», qui consiste à se contenter de publier une annonce et à espérer que les meilleurs candidats se bousculent, ne suffit plus. Il est impératif de marquer sa différence pour faire venir à soi les collaborateurs. Dans le retail tech par exemple, il n'est plus possible de recruter sur une simple annonce. C'est la raison pour laquelle une entreprise comme Carrefour entame un processus de recrutement dans le Metaverse.
Dans son discours, lors de cette session de recrutement, le Pdg de l'enseigne Carrefour, Alexandre Bompard vante les mérites du digital. Traduction : il a besoin de profils experts en la matière. Carrefour ne s'en est pas caché : son pôle « data » devra compter au moins 3000 spécialistes d'ici 2026. Or, pour attirer autant de candidats IT, il faut leur donner envie. D'où cette incursion dans le Metaverse. Cela peut être un argument différenciant et de séduction pour les candidats dans les métiers tech. Une sorte de prime à l'innovation.
Pour finir, quels seront les métiers clés du retail de demain ?
Deux grands types de nouveaux métiers se dessinent : ceux liés à la tech, comme les Data Protection Officers (chargés de la sécurisation des données à caractère personnel utilisées par une entreprise), les data steward (les organisateurs des données), les data storytellers (chargés de la mise en récit des données)... et les métiers liés à la RSE, comme les planet leaders (chargés du plan de transformation écologique de leur enseigne), les conseillers en sobriété énergétiques, les directeurs « seconde vie » ou encore les chiefs of impact, qui sont des responsables de haut niveau chargés de mesurer et d'optimiser l'impact social et environnemental d'une entreprise. Et pleins d'autres métiers qu'on n'imagine pas encore !