JD.com drague les entreprises françaises
Publié par Bastien Roques le | Mis à jour le
Le géant asiatique de l'e-commerce cherche à étendre son catalogue de produits français à destination des consommateurs chinois.
Avec 700 millions d'internautes et plus de 400 millions d'acheteurs en ligne, la Chine devrait représenter le plus gros marché d'e-commerce dans le monde en 2016. Un marché estimé à 538 milliards de dollars en 2015, avec 27% de croissance annuelle attendue cette année, et qui s'ouvre de plus en plus aux importations de produits étrangers. En 2014, le régime de Pékin a en effet ordonné une réduction drastique des droits de douanes. Conséquence, une explosion des importations d'e-commerce en Chine, avec une croissance de 2446% cette année-là !
L'expansion à l'international de JD.com s'inscrit dans ce bouleversement de la tradition largement exportatrice de la Chine, ce dont témoigne Lei Yang, CEO de New Leca, la société de conseil financier qui guide JD.com dans ses opérations avec la France : " Les premières années, New Leca guidait plutôt les entreprises chinoises souhaitant s'implanter en France. Depuis 2010, nous avons procédé à un renversement de nos activités de la France vers la Chine, avec un véritable boom des activités en 2015 ".
Le secteur de l'e-commerce représente 11% du total des ventes dans le retail en Chine. Pour Lei Yang, le recours massif à l'e-commerce s'explique en partie par les grosses difficultés de circulation, en zone urbaine notamment. " Les embouteillages sont un facteur important de recours au e-commerce, même dans le secteur de la grande distribution. Les gens préfèrent faire les courses sur Internet et se faire livrer chez eux ". A noter par ailleurs la forte présence du m-commerce en Chine, où près de 55% des transactions online se font sur mobile, 72,4% en ce qui concerne JD.com. " Le mobile permet une utilisation plus pratique que l'ordinateur, même portable, en particulier dans les transports avant et après le travail, qui représentent une proportion importante de la journée d'un travailleur en Chine ".
Dans son invitation aux entreprises françaises, JD.com avance de sérieux arguments. Tout d'abord, son poids économique, qui en fait la 2nde plateforme d'e-commerce en Chine derrière Alibaba, et la 1ère en vente directe. Avec 169 millions de clients actifs à travers le monde et 3,8 millions de commandes quotidiennes revendiquées, c'est aussi la troisième société internet au monde en terme de recettes (28 milliards de dollars en 2015), derrière Amazon et Google, et devant Facebook. Afin d'améliorer sa visibilité, JD.com a aussi misé sur le développement de partenariats avec des entreprises de communication, notamment le groupe Tencent, qui gère les principales entreprises de réseaux sociaux et de messagerie instantanée en Chine, notamment WeChat, qui propose de nombreux liens qui redirigent les utilisateurs vers JD.com. Pour attirer les investisseurs étrangers, l'entreprise s'appuie aussi sur une annulation des droits de douane via un système de zones franches et une réduction de la TVA et des taxes sur la consommation. Enfin, JD.com dispose de son propre réseau logistique, ce qui lui permet de revendiquer 85% de ventes directes livrées le jour même ou le lendemain de la commande.
L'occasion pour les entreprises françaises également de combler leur retard d'intégration sur le marché chinois. Au niveau de l'e-commerce, " les principaux partenaires de la Chine sont les États-Unis et l'Australie, toujours très réactifs pour saisir des opportunités, et bien sûr les voisins japonais et coréen ", constate Lei Yang. " Même en Europe, le Royaume-Uni et l'Allemagne sont relativement en avance sur la France ou l'Italie ". En tant que pilote du recrutement de JD.com en France, New Leca propose deux formules aux entreprises françaises. "Nous pouvons soit adopter un rôle d'intermédiaire pour la mise en relation entre les entreprises françaises et JD Worldwide, en laissant ainsi les marques françaises gérer directement leurs opérations financières avec JD, ainsi que les opérations de livraison. Ou bien nous pouvons occuper une position plus importante de mandataire, où l'ensemble des opérations passe par nos services."
Si presque tous les secteurs sont concernés, certains font l'objet d'une attention particulière de la part de JD.com. " De manière générale, les produits bios, naturels, sont très demandés. Plus spécifiquement, il y a les cosmétiques bien sûr, pour lesquels la France jouit d'une grande notoriété au niveau mondial. Les produits alimentaires sont aussi très demandés. Enfin, il y a d'énormes opportunités en terme de marché pour les produits de maternité. Il y a trois raisons à cela : d'abord, les scandales du lait en poudre à la mélamine [en 2008 notamment] qui ont rompu toute confiance des consommateurs dans les produits chinois à base de lait ; ensuite, l'abandon progressif de la politique de l'enfant unique, qui laisse attendre une hausse à venir des naissances ; enfin, la hausse générale du pouvoir d'achat, qui permet aux consommateurs chinois de se procurer des produits de meilleure qualité ". Une donnée non négligeable alors que 500 millions de Chinois disposent aujourd'hui d'un pouvoir d'achat comparable à celui d'un Occidental.