[Portrait] Amélie Poisson, l'énergie partagée
Publié par Marie-Juliette Levin le - mis à jour à
" La Redoute, ce n'est pas un job, c'est une aventure ". Dans ce voyage au long cours à bord du paquebot amarré à Roubaix, Amélie Poisson garde le cap vers la digitalisation et la modernisation de l'enseigne. La vigie du web trace sa route avec succès.
Il est une galerie de portraits qu'il serait intéressant d'imaginer. Celle qui met en lumière des duos professionnels, des binômes performants, des inséparables en Codir, tous ceux qui cultivent des affinités électives dans l'univers professionnel. Dans cette veine, Amélie Poisson, directrice marketing et relation client de La Redoute a reconnu chez Nathalie Balla, coprésidente, une partenaire de choix au sein du groupe. L'histoire démarre en 2011, quand La Redoute est encore dans le giron de PPR. Selon le principe de mobilité interne, Nathalie Balla fait appel à Amélie Poisson alors directrice marketing de la Fnac, pour prendre en main la direction marque et communication de l'enseigne roubaisienne. Dès la première rencontre, la dirigeante est " conquise par sa personnalité, sa vision de la marque ". Dix ans plus tard, les deux femmes poursuivent leur collaboration fructueuse sur la base d'une sororité entendue qui renforce leur efficacité au sein de l'entreprise. " On est presque comme un vieux couple ! ironise Nathalie Balla. J'ai entièrement confiance en elle. Amélie a su s'imposer dans un monde masculin. Franche, elle n'a pas peur d'aller à la bataille et de prendre le taureau par les cornes pour avancer sur les sujets, y compris ceux qui dérangent. "
Rester pour changer
Dès la première rencontre, Amélie Poisson met son interlocuteur à l'aise. Conviviale, drôle, elle a le contact facile, assorti d'une gouaille sympathique. Grande, le verbe haut, elle dégage une énergie communicative voire envahissante. On sent chez elle un goût pour l'action, l'efficacité et l'envie d'en découdre. " Je suis une passionnée qui aime vivre, s'éclater, s'engager. Et le jour où je ne m'énerverai plus, il faudra que je m'en aille ", s'amuse la manager qui dirige une équipe de plus de 200 personnes. " à ce niveau, il faut plutôt parler de leadership que de management ", reconnaît celle qui a rejoint La Redoute il y a plus de dix ans. Si le chemin parcouru a été semé d'embûches, Amélie tire une grande fierté du travail accompli. " Il faut se souvenir qu'en 2014, La Redoute était en mode survie. La transformation opérée par les équipes depuis est un chantier colossal. Mais, j'aime être ouvrier du changement. Et pour cela, il faut rester longtemps dans les structures pour convaincre et rassurer les équipes même si nous ne sommes que des passeurs dans cette entreprise, vieille de 180 ans ", justifie la dirigeante, élue Femme digitale de l'année en 2021. Un des premiers enjeux est lié à la digitalisation de la marque, après l'abandon du catalogue papier en 2015. " La Redoute n'était pas rentable à l'époque, il a fallu changer tout le business model, précise-t-elle. En effet, toute l'entreprise est organisée, structurée, autour du fameux catalogue. Ce chantier colossal a déstabilisé les équipes, chamboulé l'organisation... " Il a fallu garder le cap, rassurer les collaborateurs, partager une vision en restant fidèle aux valeurs du groupe. " La transformation digitale d'une entreprise, c'est avant tout une formidable aventure humaine ", assure Amélie Poisson, dont le territoire s'est élargi au fil des années. Après la communication, la marque, le marketing, l'e-commerce et maintenant la relation client... l'ascension d'Amélie Poisson est constante. " J'apprends beaucoup aux côtés de Nathalie Balla. Elle me démontre que tout est possible ! ", précise-t-elle.
De la mode à la maison
Le deuxième enjeu est de se concentrer sur le mobile qui représente 80 % du trafic. Passer en "mobile first" nécessite de mettre en place un écosystème digital dans le groupe. Enfin, passer en mode agile est la clé de la réussite pour cette ancienne maison. L'objectif annoncé est de réaliser 50 % du chiffre d'affaires sur l'application d'ici 18 mois. Reste encore à améliorer la perception de la marque qui pâtit d'une image vieillotte. Aujourd'hui, 70 % du chiffre d'affaires est réalisé sur l'activité maison à travers La Redoute Intérieur et AMPM. " Nous sommes devenus une marketplace avec 700 vendeurs et nous visons 2 milliards de CA en 2025 ", détaille celle qui a modernisé l'enseigne.
Dans cette quête de réassurance auprès des consommateurs, les 15 boutiques en France et les corners dans les Galeries Lafayette jouent pleinement leur rôle. Ces défis de taille nourrissent son goût pour les challenges. " Elle veut être la meilleure. Il faut être brillante pour réussir à fédérer toute l'entreprise autour de la culture client. Son talent, c'est de savoir travailler en équipe dans un esprit bienveillant ", témoigne Jean-Marc Penelaud, directeur de la relation client à La Redoute, embauché par Amélie en 2014. Le sens du collectif est souvent évoqué tout au long de sa carrière. " Le travail en équipe est la meilleure et la plus grande source de fierté. Nous avons traversé tant d'épreuves que l'on apprend vite que le collectif prime sur l'individu ", martèle Amélie Poisson, qui s'efface sans difficulté pour mettre en valeur ses collaborateurs.
Un goût pour l'Art
Déjà, en début de carrière, son sens de l'efficacité se révèle. Passionnée d'art, la jeune diplômée cherche à intégrer la Réunion des Musées Nationaux (RNM), puis finalement elle rejoint Artès, société spécialisée dans la commercialisation de produits dérivés de l'art. Présente aux prémices du projet, Amélie Poisson y a trouvé le moyen d'assouvir sa passion pour l'art et son désir d'entreprendre. En 4 ans, l'entreprise passe de 5 à plus de 100 collaborateurs. Aujourd'hui, c'est en famille que cette jeune maman continue d'arpenter les galeries et expositions parisiennes. L'avenir ? Il s'écrit à La Redoute bien sûr où il reste tant à faire. Mais cette fonceuse dans l'âme pourrait tout aussi bien changer de vie demain. " M'installer au bord de la mer, tout en conservant la ferme familiale que dirige mon père, agriculteur dans les Yvelines ", précise Amélie Poisson. Les pieds dans la terre mais le regard tourné vers l'infini, voici sans doute le parfait équilibre pour construire l'avenir en toute sérénité.