Phenix transforme les déchets en ressources
Publié par Céline Tridon le | Mis à jour le
Phenix aide les professionnels de l'alimentaire à mieux valoriser leurs stocks d'invendus. Grâce à ses trois canaux de redistribution, la PME s'est fait un nom dans la lutte anti-gaspi.
Avant, quand un magasin se retrouvait avec des kilos d'invendus sur les bras, les produits avaient de fortes chances de finir au camion poubelle, direction l'incinérateur. Mais depuis la loi anti gaspillage alimentaire (ou loi Garot) parue en 2016, les enseignes ont pour obligation de valoriser leurs stocks d'invendus. Les consciences et les habitudes évoluent. Une PME s'est d'ailleurs construite sur cette logique : aider les industries alimentaires, les points de vente voire même les producteurs à tendre vers le zéro déchet. Baptisée Phenix, elle offre une seconde vie aux invendus à travers trois canaux de revalorisation.
Le premier : la vente à prix sacrifié auprès des particuliers. Par exemple, un chef de rayon d'un supermarché remplit un panier virtuel équivalent à 12 euros de produits bientôt périmés : ce dernier sera revendu au prix de 5 euros sur l'application Phenix. Les internautes présents aux alentours reçoivent une notification dès la mise en vente de ce panier. Ils paient en ligne puis peuvent aller retirer leur achat anti-gaspi. Ils peuvent aussi se fournir dans l'une des trois épiceries " Nous Anti-Gaspi " de Phenix, l'entreprise prévoyant d'en ouvrir une vingtaine d'ici 2020. Autre possibilité, l'invendu est remis à un réseau associatif, parmi les 900 partenaires de Phenix (Restaus du Coeur, Secours Populaire, Croix Rouge, Emmaüs, etc). " Nous proposons une plateforme qui connecte les professionnels de la distribution, de l'industrie ou de la production alimentaire avec les associations : c'est une sorte de Meetic de l'invendu où Phenix fait office d'intermédiaire ", compare Jean Moreau, co-fondateur de Phenix.
Enfin, les fruits et légumes moches ou écrasés, le pain et les viennoiseries rassis ou les paquets de chips éventrés qui n'auront trouvé aucun repreneur seront distribués aux associations type SPA, aux parcs animaliers, aux centres équestres, etc. " Ca a plus de sens que ces produits nourrissent des animaux plutôt qu'un centre incinérateur ", souligne Jean Moreau.
Une entreprise sociale et performante
Phenix se positionne donc comme une alternative à la fois circulaire, solidaire et crédible. Depuis sa création en mars 2014, l'entreprise ne cesse de grossir. De 100 000 euros de chiffre d'affaires pour deux salariés lors de son premier exercice, elle est passée à 9 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2018. Elle emploie 120 salariés à travers la France et s'est constituée un solide réseau qui fait tourner ce cercle vertueux : 1 000 professionnels font appel à ses services et l'équivalent de 60 millions de repas ont été distribués en quatre ans. Sa dernière levée de fonds, réalisée en 2018, s'élève à 15 millions d'euros. " Ce tour de table a pour objectif d'étendre notre service B to C, mais aussi de nous diversifier , commente Jean Moreau. Nous aimerions en effet répondre aux problématiques anti-gaspi de la restauration collective, voire nous tourner aussi vers le gaspillage textile . "
Phenix espère consolider sa présence à l'international, l'entreprise étant déjà présente en Espagne, au Portugal, en Belgique et en Suisse. Le dirigeant confie également vouloir renforcer l'aspect 'Tech for Good' avec le recrutement d'une dizaine de développeurs web et mobile dans les douze mois. " Nous suivons une voie médiane entre le capitalisme traditionnel (qui cherche la croissance et la rentabilité) et le secteur non-commerçant. Nous voulons montrer que la Tech for Good peut aussi scaler et avoir de l'ambition ", commente Jean Moreau. Phenix, qui se rémunère via une commission (1 euro prélevé sur les paniers des particuliers et un pourcentage sur les stocks remis aux associations) se dit rentable, mais respectueuse d'une " lucrativité limitée ". " Dans les statuts, nous avons encadré les échelles de salaire , précise Jean Moreau. De même, l'entreprise ne peut pas redistribuer à ces actionnaires plus de 50 % des profits. L'autre moitié doit être réinvestie dans des projets de croissance ou auprès des partenaires associatifs . Nous sommes une sorte d'animal hybride. "
Activité : valorisation des invendus
Ville : Paris XVII è
Année de création : 2014
Forme juridique : SAS
Dirigeants : Jean Moreau (36 ans) et Baptiste Corval (37 ans)
Effectif : 120 salariés
CA 2018 : 9M€