Digitaliser les librairies indépendantes, le pari de Bubble
Publié par Salomé Kourdouli le | Mis à jour le
L'application Bubble profite d'un secteur en pleine progression: la bande dessinée, manga et comics. Bubble permet aux utilisateurs de lister leurs collections mais aussi de commander des BD auprès des librairies indépendantes à proximité. Éclairage de Nicolas Dévé, l'un des deux cofondateurs.
Lancée en 2016, Bubble est une application mobile dédiée au 9e art (bande dessinée, comics, mangas et romans graphiques). Le secteur représente aujourd'hui environ 15% du marché du livre, qui s'élève à 4,5 milliards d'euros. Si ce dernier décline, celui de la BD, lui, progresse d'année en année : +6,3% en 2018. C'est pour répondre à un besoin et profiter d'un secteur florissant que la plateforme se lance : "elle permet aux utilisateurs de s'organiser, avec les listes et l'agenda des sorties, de découvrir de nouveaux ouvrages, et d'acheter les BD, en mettant en relation les utilisateurs avec des librairies indépendantes à proximité", explique Nicolas Dévé, un des deux co-fondateurs de l'application, passionné par les BD. Aujourd'hui Bubble compte 90 000 BD, comics et mangas.
Bubble s'appuie sur trois sources de revenus, avec un business model alliant offres B to B et B to C. Le modèle B to C fonctionne en freemium, avec une offre Bubble Starter gratuite et une offre Bubble Infinity à environ 29€ par an, qui débloque notamment la fonctionnalité lu/non lu, retire les publicités et envoie une notification lorsqu'une commande est prête. "Nous avons 120 000 utilisateurs au total, dont 6 000 en Bubble Infinity, affirme le co-fondateur. 10% des nouveaux utilisateurs basculent vers un compte payant". L'application a su trouver son audience : le taux de rétention s'élève à 30% après 12 semaines. Les libraires doivent quant à eux payer un abonnement de 75€ par mois pour être référencés et bénéficier des 3 services de commande proposés : réservation en boutique, livraison à distance et livraison à domicile. Pour ces deux derniers services, la plateforme empoche une commission de 13%, et ne prend pas en charge la logistique des commandes.
Bubble mise sur l'engagement de sa communauté pour rester compétitif
Le critère de sélection des librairies ? "Un libraire humain qui connaît son métier", précise Nicolas Dévé. La plateforme demande également de la réactivité de la part des libraires, même si les co-fondateurs sont conscients que le secteur n'est peu voire pas digitalisé. "Nous constatons vraiment un fossé en termes de services digitaux, notamment dans la relation entre les libraires et les consommateurs", déplore-t-il. Pour les démarcher, Bubble favorise le contact, et profite du festival d'Angoulême, où l'équipe se rend chaque année, pour les rencontrer. Pour faire le poids face à ses concurrents, notamment le mastodonte Amazon, Bubble se fonde sur l'engagement de sa communauté et la mise à jour constante des sorties. "Nous avons plus de 160 000 avis et notes sur les albums, et c'est plus de notes que sur Amazon France : sur 100 séries connues et moins connues, nous avons comparé notre nombre de notes et le leur et dans 99% des cas nous en avons plus qu'eux", se félicite le co-fondateur.
Pour financer leur projet, les fondateurs ont réalisé une levée de fonds en 2016 de 300 000€ et ont bénéficié de l'incubateur de start-up Tank Média. "La difficulté dans la création d'une start-up est de trouver la bonne formule", se confie Nicolas Dévé. Même si l'entreprise n'est pas encore rentable avec 100 000€ de chiffre d'affaires en 2018 et 300 000 € de volume d'affaires généré, "nous sommes en bon chemin pour le devenir, nous prévoyons de doubler le volume d'affaires chaque année", s'exclame le co-fondateur. L'équipe a de nombreux projets pour son application, avec le lancement en juillet dernier du site web et la volonté d'explorer d'autres catalogues hors BD, comics et mangas, notamment les livres jeunesses, puis, dans un second temps, le marché de l'occasion. Bubble se développe aussi en Belgique, où un Belge sur trois lit des bandes dessinées. "Nous commençons également à regarder le marché anglophone, mais la culture BD est moins présente, les Britanniques lisent principalement des mangas ou comics, décrit le passionné. Tout est une question de priorisation", conclut-il.