Création d'entreprise : "Une personne accompagnée a deux fois plus de chance de s'en sortir"
Publié par Dalila Bouaziz le | Mis à jour le
Créer son entreprise, une aventure passionnante mais compliquée pour un jeune entrepreneur. Denis Dementhon, directeur général de France Active, réseau de proximité qui aide les personnes à créer leur société, nous donne les clés pour financer son lancement.
Qui sont les personnes que vous accompagnez chez France Active?
France Active est une association spécialisée dans le financement, qui aide depuis plus de 25 ans les personnes en difficulté à créer leur entreprise individuelle. En 2014, nous avons ainsi accompagné près de 6 000 créateurs d'entreprise. Notre public est composé principalement de demandeurs d'emploi qui souhaitent changer ou reprendre une activité professionnelle.
À noter que 45% des créateurs financés par France Active en 2014 sont des femmes et nous comptons 15% de jeunes (moins de 26 ans). Ces personnes n'ayant pas forcément beaucoup de moyens financiers pour le démarrage de leur entreprise, nous les aidons à monter leur plan de financement, afin de s'assurer que tous les besoins financiers ont bien été identifiés en terme d'investissements et de trésorerie. Notre accompagnement leur permet d'obtenir des prêts bancaires qu'ils auraient eu du mal à avoir sans notre aide. Généralement, nous recevons les candidats quand ils ont déjà bien étudié leur offre. Nous nous portons garants auprès de la banque en cas d'échec ou si l'entrepreneur a du mal à rembourser. Nous allons ainsi couvrir les 2/3 du crédit. C'est un argument déterminant pour convaincre les banques.
Quelles solutions de financement proposez-vous ?
France Active propose une gamme de solutions de financement à travers deux types d'intervention financière : d'un côté, des garanties d'emprunts bancaires et de l'autre, des prêts solidaires. Ils permettent de renforcer la structure financière et faciliter le tour de table financier. Notre principale solution reste la Garantie France Active, dont le montant maximum est de 45 000 euros. Son objectif est de faciliter l'accès au crédit bancaire des créateurs d'entreprise demandeurs d'emploi, des structures d'insertion par l'activité économique et des entreprises solidaires. Chaque dossier qui nous est soumis (ou à l'un de ses fonds territoriaux) fait l'objet d'une expertise approfondie qui sécurise le financement du projet. Chaque porteur de projet bénéficie des conseils et de l'aide d'experts en financement solidaire.
Nous proposons également un prêt à taux zéro, le prêt Nacre, dont le montant va de 1 000 à 8 000 euros pour une durée d'un à cinq ans. Pour les jeunes de moins de 26 ans demandeurs d'emploi, nous avons un dispositif qui leur est dédié Cap jeunes, avec un accompagnement renforcé et une prime au démarrage de 2 000 euros. Cela fonctionne très bien, nous avons ainsi pu aider près de 600 jeunes. Nous visons près d'un millier de jeunes par an. Pour les associations et entreprises de l'économie sociale et solidaire (ESS), les prêts solidaires vont de 5 000 à 1 million d'euros.
Quels sont les réseaux qui peuvent aider un jeune entrepreneur ?
L'association BGE accompagne en amont les porteurs de projet, notamment les jeunes et l'Adie, autre réseau d'accompagnement à la création d'entreprise, orienté sur le microcrédit quand le créateur ne trouve pas de partenaire bancaire.
Pouvez-vous nous citer des exemples de jeunes entrepreneurs qui ont réussi dans l'e-commerce ?
Parmi les entreprises créées par des jeunes entrepreneurs et dans le domaine du e-commerce, un bel exemple est BrocanteLab, soutenu au démarrage par Paris Initiative Entreprise (PIE), fonds territorial France Active. Ce projet innovant réunit des vendeurs professionnels et des particuliers pour offrir la possibilité de chiner en ligne sur un site spécialisé. Depuis sa création, la plateforme revendique une croissance de 30% par mois, a enregistré 50 000 visites en décembre 2014 et 150 ventes par mois en moyenne.
Autre exemple, la sellerie Mini Toupet, une boutique en ligne spécialisée dans la vente de matériel d'équitation pour mini-chevaux, poneys et shetlands. Avec le soutien de France Active, la créatrice Priscilla Rascol a pu transformer sa passion pour le cheval en une entreprise pleine de promesses. Grâce à Picardie Active, Priscilla Rascol a bénéficié d'un accompagnement, d'une prime Cap'Jeunes de 2 000 euros, de la garantie FGIF à hauteur de 3 500 euros et d'un prêt Nacre de 3 500 euros.
Quels conseils donneriez-vous à un jeune entrepreneur ?
Mon principal conseil serait de ne pas se lancer seul dans entrepreneuriat.
Un jeune entrepreneur peut bénéficier en effet d'un certain nombre de réseaux, généralement gratuits, pour démarrer sa société. Une personne accompagnée a deux fois plus de chance de s'en sortir. Les études révèlent qu'au bout de trois ans, un créateur sur deux voit son entreprise s'arrêter. Alors que quand il y a un accompagnement, quatre créateurs sur cinq continuent leur activité. Ces statistiques prouvent l'importance du réseau.
Quels sont les objectifs de France Active dans les prochains mois ?
Nous souhaitons multiplier notre capacité d'accompagnement, en 2014, nous comptions en France 500 000 créateurs d'entreprise, et près des deux-tiers ne sont pas accompagnés. Nous devons faire valoir notre valeur ajoutée. Par ailleurs, il est important que l'accompagnement soit présent de la même manière dans toutes les régions de France. Il est plus facile aujourd'hui de trouver quand vous êtes en ville que si vous dans une zone rurale. Nous devons rendre accessible notre aide et accompagnement au plus grand nombre. Nous devons développer le financement participatif en popularisant notre association.