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3 questions à Grégoire Leclercq, co-auteur du livre "Ubérisation, un ennemi qui vous veut du bien ?"

Publié par CHRISTINE MONTFORT le | Mis à jour le

L'ubérisation excite les peurs, les fantasmes et les espoirs. Dans "Ubérisation, un ennemi qui vous veut du bien ?", à paraître le 12 octobre chez Dunod, Grégoire Leclercq et Denis Jacquet donnent la parole aux acteurs qui font, vivent ou subissent cette nouvelle économie.

Que recoupe véritablement l'ubérisation de l'économie?

Ubériser consiste à modifier profondément une chaîne de valeur par un nouveau modèle économique qui tire parti des nouvelles technologies. Le phénomène est la croisée de trois tendances de fond : la révolution digitale qui ne cesse de monter en puissance, la révolution de la consommation qui joue à merveille sur la manière dont le consommateur évolue en étant plus exigeant, en faisant confiance aux acteurs nouveaux, en voulant tout noter, partager... Le troisième levier est lié à l'essor de l'économie indépendante avec les freelances, les autoentrepreneurs ou les slashers, qui constituent une force de talents mobilisables.

Parmi les secteurs considérés comme " ubérisés ", on compte beaucoup d'activités de service, mais pas le commerce...

On n'ubérise pas le commerce en tant que tel car nous ne pouvons pas tous devenir des petits entrepôts en puissance. En revanche, on le modernise en lui ajoutant des services, qui eux peuvent être ubérisés. Il peut donc tout de même y avoir une forte modification de la chaîne de valeur entre acteurs nouveaux et traditionnels. Cet été, on a par exemple vu naître une vraie tendance de fond autour de plateformes mutualisées capables, pour certaines, d'agréger environ 100 000 indépendants. Une start-up comme BeeBoss discute avec des acteurs majeurs de la distribution et des pure players. En ayant recours au travail indépendant à travers ces plateformes, les distributeurs peuvent externaliser un service existant ou enrichir leur offre. Maintenant que ce phénomène est lancé, les grandes chaînes de distribution auront 18 mois maximum pour s'y adapter.

En quoi l'ubérisation peut-elle être " l'opportunité du siècle " ?

Il faut essayer d'en tirer le meilleur et d'éviter le pire. L'ubérisation est un vrai levier de croissance et une source d'emplois sur des secteurs qui n'avaient sans doute pas assez innové. Les 40 plateformes nées entre 2015 et cet été ont créé environ 1000 emplois directs et des dizaines ou des centaines de milliers d'emplois induits. En 2016, 80 000 autoentrepreneurs ont travaillé avec une plateforme et certains en gagnant très bien leur vie. La France est, avec les Etats-Unis et le Royaume Uni, le pays où l'économie collaborative et l'économie de plateformes sont les plus développées, loin devant l'Allemagne, l'Italie ou l'Espagne. L'écosystème français favorise aussi les opportunités de développement à l'international. Si on finance bien ces entreprises, elles pourraient rapidement devenir des champions à l'échelle mondiale. La menace la plus importante se situe autour de la requalification des contrats de travail, qui est une épée de Damoclès sur les patrons. Le système social devra aussi être amélioré et pourrait devenir un élément de fidélisation des plateformes pour leurs indépendants.

Les auteurs : Denis Jacquet dirige Edufactory, entreprise de e-learning et préside Parrainer la Croissance. Président de la Fédération des auto-entrepreneurs, Grégoire Leclercq est directeur de la relation client au sein du groupe EBP et dirigeant de plusieurs filiales. Ils ont fondé l'Observatoire de l'Ubérisation en juillet 2015.

Ubérisation, un ennemi qui vous veut du bien ?, 256 pages, Dunod, 18 €.

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