[Tech For Retail 2024] Impact de l'intelligence artificielle : le jeu en vaut-il la chandelle ?
Publié par Lisa Henry le - mis à jour à
Alors que l'intelligence artificielle animait tous les débats il y a moins d'un an, nombre de retailers commencent à réaliser les désavantages de cet outil en matière de consommation d'énergie. Malgré cela, il serait impensable de revenir en arrière.
À l'heure actuelle, l'énergie consommée par l'IA générative est équivalente à celle de l'Espagne. Un chiffre colossal que partage François-Xavier O'Mahony, lead sustainability retail fashion & luxury en Europe pour Accenture, lors d'une table ronde organisée à l'occasion de Tech For Retail. Comme n'importe quel outil, l'intelligence artificielle a un impact sur l'environnement, un aspect de la technologie bien souvent oublié dans les stratégies RSE des entreprises. "Non seulement la consommation d'énergie des modèles de langages est très importante, mais elle devrait doubler d'ici à cinq ou 10 ans", commente François-Xavier O'Mahony. En effet, là ou l'IA représente actuellement 1 % des data center, elle en occupera 13% avant 2034.
Pour autant, il serait impensable d'arrêter les progrès qu'apporte cette technologie ou l'important potentiel de solutions nouvelles offert par l'IA. L'idée est donc de minimiser les impacts négatifs tout en maximisant les résultats positifs. "Il nous faut constamment mettre la valeur durable du cas d'usage face à la consommation de l'outil dans la balance", précise François-Xavier O'Mahony.
Former et informer
Peser le pour et le contre est devenu la raison d'être de L'Oréal. "Notre ambition est de devenir les champions de la beauty tech, tout en restant des champions de la RSE", s'amuse Ariane Thomas, group tech director of sustainability and trustworthy AI leader de L'Oréal. Pour cela, elle précise qu'un important chantier de pédagogie et de partage d'information doit être mené auprès des collaborateurs de la marque. Ainsi, l'entreprise du groupe LVMH travaille actuellement à la création d'indicateurs énergétiques pour les outils technologiques utilisés par ses équipes. L'idée est de fournir aux collaborateurs de L'Oréal un accès aussi bien à la performance opérationnelle qu'environnementale.
Cela demande cependant une quantité importante de données, auxquelles l'entreprise n'a pas nécessairement accès. "En cherchant ces informations nécessaires, nous avons par exemple appris qu'un prompt en GenAI consomme 10 fois plus d'énergie qu'une recherche Google", détaille Ariane Thomas. Elle précise tout de même que les équipes de L'Oréal utilisent bel et bien de l'intelligence artificielle, mais que ces indicateurs leurs permettent de déterminer si son usage est véritablement nécessaire et s'il vaut la peine son impact.
Quand l'IA pousse à une meilleure consommation
S'il est important de mesurer l'impact environnemental de l'intelligence artificielle, Thibault Vigie, group chief strategy & transformation officer du groupe Fnac Darty, estime qu'il ne faut pas oublier les effets d'une bonne utilisation de l'IA, qui sert une consommation plus durable. "Notre plus grande crainte c'est de proposer des articles "jetables", commente Thibault Vigie. L'intelligence artificielle nous permet de mieux gérer la durée de vie de nos produits." Pour les batteries notamment, l'IA est utilisée par le groupe pour optimiser leur gestion et qu'ainsi les devices consomment moins et durent plus longtemps.
Fnac Darty développe aussi une aide alimentée par l'intelligence artificielle. Sur la base des "symptômes", elle détermine si une panne peut être réparée à distance. "Cela nous permet de réduire les interventions physiques de nos techniciens et donc, l'impact carbone de leurs déplacements", raconte Thibault Vigie.
Du côté de Carrefour, l'IA alimente son chatbot Hopla, qui peut par exemple créer une liste de course à partir d'un budget, ou des recettes utilisant le contenu d'un caddie. Mais cet outil propose surtout le bouton "mieux manger". Celui-ci suggère des alternatives plus saines et plus responsables aux produits dans le chariot du consommateur. Une fonctionnalité qui rencontre un fort succès selon Angélique Diarra, chief of staff CSR et attachée de direction RSE chez Carrefour : "40 % de nos clients changent l'article concerné après avoir cliqué sur ce bouton."