Le data miner, ce professionnel que les e-marchands s'arrachent
Publié par Gaël Lombart le | Mis à jour le
Son travail: rendre intelligibles les données dont disposent les sites e-commerce. Une mission qui nécessite de disposer de compétences solides en mathématiques, en informatique et en business.
S’il est un professionnel particulièrement difficile à recruter, c’est bien le “data miner”. Présent dans de nombreux secteurs, ce “fouilleur de données” a d’abord suscité l’intérêt des vadistes avant de devenir la nouvelle coqueluche des e-marchands. À l’heure du Big Data, son travail est d’extraire et d’analyser les données dont disposent les professionnels du e-commerce. Autrement dit, de rendre les chiffres intelligibles pour définir précisément le profil des utilisateurs. Il doit, pour cela, être doté d’excellentes aptitudes en mathématiques, de solides compétences en informatique et d’une approche subtile du business. Ce qui fait de la poule aux œufs d’or un vrai mouton à cinq pattes… “Ce profil n’existe pas vraiment sur le marché de l’emploi. Très peu de gens sont capables de faire du data mining à échelle industrielle. Seuls, les plus grands acteurs peuvent s’entourer de gens ayant ces compétences: Google, Amazon, Microsoft, Facebook…”, explique David Bessis, président de TinyClues.
Cette société propose à des sites marchands (dont plusieurs du “top 10” français) des prestations de data mining. Actuellement en phase de recrutement, elle éprouve elle-même des difficultés à dénicher la perle rare. “Ce n’est pas facile. Il nous faut, à la fois, embaucher des personnes très fortes en mathématiques et de très bons développeurs.” Les élus auront un bagage scientifique de très bon niveau et une aisance avec les algorithmes. Ne restera plus qu’à le former à l’outil informatique.
Dans l’e-commerce, le data miner peut utiliser les bases de données utilisateurs, les catalogues produits, l’historique des achats ou les données de navigation sur le site… David Bessis note un potentiel du côté des jeunes diplômés, aguerris au machine learning, cette discipline qui consiste à apprendre à la machine à adapter son comportement en fonction des données. Il constate, en revanche, “une vraie pénurie au niveau du management, qui va mettre du temps à se résorber. Beaucoup d’e-commerçants sont assez démunis et le concèdent volontiers”, explique-t-il.
Si tous les e-marchands, loin s’en faut, ne peuvent convaincre le data miner d’Amazon de les rejoindre, Pierre Cannet, general manager du cabinet de recrutement Blue Search, évoque plusieurs niveaux de compétences intermédiaires : “On va avoir besoin de collaborateurs qui font des extractions de base, du scoring, de l’exploitation de campagnes de marketing direct… Un chef de projet ou un responsable les pilotera. Enfin, un troisième niveau est incarné par un directeur marketing multicanal, un directeur fidélisation ou un patron du CRM.”
Les salaires dépendent évidemment des compétences et des responsabilités. TinyClues va préférer former ses salariés en interne : “Nos salaires à l’embauche ne sont pas forcément très élevés. Cela va commencer entre 40 K€ et 50 K€. Les stocks options vont davantage attirer les postulants. Chez les e-marchands, le salaire est plus élevé, mais il n’y a pas de potentiel de stock-options.” En France, dans l'univers de l'e-commerce, le salaire des data miners peut atteindre, voire dépasser, 100 K€ annuels.