Les enjeux des RH face à la révolution digitale
Publié par François Deschamps le | Mis à jour le
La mutation digitale touche aussi les ressources humaines. Accompagner les hommes dans ces changements est capital, et la manière de s'y prendre peut dépendre de multiples facteurs.
La révolution digitale est tentaculaire, et n'épargne bien évidemment pas les ressources humaines des entreprises. A l'occasion de la journée Web2Business organisée à la Maison de la Chimie (Paris IXe), un keynote consacré à la question RH a réuni des responsables de cette discipline provenant de divers secteurs d'activité, travaillant pour différentes entreprises aux tailles très variables.
Mais ici, ce n'est pas la taille qui compte, ni le secteur d'activité, ni même la nature de la société, mais la manière dont les humains en entreprise appréhendent la mutation digitale dans leur quotidien.
A son arrivée au poste de directrice des ressources humaines chez Dailymotion il y a deux ans, Emeline Bourgoin a la charge de 200 salariés, avec un turnover avoisinant 8%. Elle découvre une société digitale ou paradoxalement, "rien n'était digitalisé en terme de RH". Il convenait alors de débuter par les fondamentaux : "Mon premier chantier a consisté à dématérialiser intégralement les bulletins de paie, les contrats de travail, etc. Puis j'ai procédé au déploiement de la méthode Scrum avec une mise en place d'une organisation en mode projets".
Pour Christine Lanoe, DRH France d'Orange, les enjeux sont quelque peu différents. Orange est une entreprise colossale qui emploie pas moins de 75 000 personnes dont une partie est dédiée au marché grand public, et l'autre, aux professionnels. 70% possèdent le statut de fonctionnaire, et il n'est pas rare que des salariés effectuent l'ensemble de leur carrière au sein d'Orange.
"Environ 5 000 à 6 000 personnes sont dédiés aux problématiques digitales chez Orange", indique-t-elle. Réussir à modifier la physionomie RH d'un tel mastodonte n'est pas une mince affaire. "Nous avons un enjeu de digitalisation de toute l'entreprise, en France, et dans le monde, or, les métiers ne sont pas nativement digitaux chez Orange. Le principal chantier a donc été de procéder à une restructuration organisationnelle de l'entreprise". Ce qui peut amener à rencontrer quelques difficultés.
"Il existe des freins et un certain conservatisme auquel nous devons faire face dès lors que l'on explique que l'on veut changer les façons de travailler", explique Franck Lapinta, ?responsable de la stratégie digitale et de la communication externe RH à la Société Générale, dont le turnover est un peu sous la barre des 7%.
Et pourtant cette évolution est capitale. La révolution digitale touche même des secteurs comme la banque, par exemple à travers leurs sites Internet, leurs applications mobiles, et toutes les fonctionnalités qu'elles comportent. Accompagner les salariés dans cette évolution est donc capitale, il en va aussi de la survie de l'entreprise."L'une des difficultés dans le passé, consistait à déterminer le bon moment pour basculer dans le digital. Fallait-il l'anticiper, ou prendre le train en marche?". Au risque de louper le coche.
Pour autant, il existe des moyens d'accompagner en douceur les salariés dans cette démarche. "Nous avons des baromètre internes afin de connaitre l'état d'esprit de nos collaborateurs sur les process, les évolutions de carrières, etc. Cela permet d'adapter l'offre RH en fonction des satisfactions et des insatisfactions".
Il est également possible de prendre le pouls grâce au fameux entretien annuel, lui aussi transformé par le digital. Chez l'Occitane, qui emploie 9 000 salariés en France"Il a été entièrement dématérialisé, avec un système d'aller-retour entre le salarié, son manager et son N+2, rendant l'exercice plus facile, plus rapide et plus efficace", note Frédérique Chemaly, DRH chez L'Occitane. L'idée étant aussi de parvenir à construire un avenir pour les salariés au sein de l'entreprise.